Après les élections européennes, partie 4 : lettre ouverte aux militants de l’UPR
Quel dommage qu’une liste d’union avec les Patriotes n’ait pas pu se faire. Je persiste à penser que cela aurait permis d’aller au-delà de la somme des scores des deux listes car cela aurait envoyé un message de rassemblement à tous les partisans du Frexit. Et nous sommes près d’un quart de la population… Parce que l’union de deux listes et de deux personnalités aurait été un événement unique, cela aurait eu un impact fort et aurait pu mener la liste au-delà de 3%, apportant un support financier utile à notre cause, un niveau qui aurait davantage ouvert les portes des médias qu’un score de 1,17%, qui justifie aussi des invitations au compte goutte, au regard de votre audience électorale.
Le seul refus de cette alliance, que je savais délicate, n’aurait pas suffi à mon changement de choix pour mon soutien. Le vote de votre Conseil National le justifiait. Mais trois facteurs m’ont fait changer d’avis. D’abord, la fameuse interview d’Asselineau sur France Inter jeudi 2 mai, suivie de celle de Philippot sur Europe 1 le vendredi. Le président de l’UPR charge à multiple reprise Philippot et sa liste, y consacrant une bonne partie de son temps, oubliant de s’en prendre à Macron… Bien sûr, les journalistes l’y poussent, mais il aurait pu s’en tenir à la mention du vote du CN, sans égratigner l’autre candidat du Frexit. Le lendemain, Philippot n’a pas un seul mot contre Asselineau sur Europe 1…
Et que dire du ton et des arguments que certains d’entre vous ont véhiculés…L’accusation d’avoir copié le programme de l’UPR est ridicule. Une interview de Philippot en 2005, deux ans avant la création de l’UPR, montre qu’il n’en n’avait pas besoin. Cette attaque est aussi ridicule que mesquine et sectaire. La critique de l’UE a été développée depuis 1992 par des dizaines d’intellectuels, comme l’ont témoigné les campagnes de 1992 et 2005, auxquelles Asselineau n’a pas participé publiquement… Et l’attaque sur le passage au FN de Philippot est-elle si juste venant d’un parti présidé par un homme qui a été sur la liste TIbéri contre Séguin, ou qui a travaillé pour Pasqua dans les Hauts de Seine…
Ensuite, nous avons eu droit au couplet « candidat du système ». Mais si Philippot a eu une telle exposition, c’est parce qu’il a été le N°2 du premier parti de France, architecte du programme et de son positionnement. En 2017, Asselineau n’a fait que 0,9%... Pour couronner le tout, j’ai trouvé Philippot meilleur qu’Asselineau sur la campagne, plus percutant, plus pédagogique. La demi-heure du président de l’UPR aux Grandes Gueules de RMC n’a pas été bonne : refus de répondre aux questions qui lui étaient posé, y compris sur le sort de l’épargne à la sortie de l’euro, se contentant de renvoyer à une conférence de plus de trois heures… Un comportement trop proche des autres politiciens…
Car regardons les choses en face. Bien sûr, l’exposition médiatique a été limitée, mais cela n’explique pas tout, loin de là. L’UPR a bien eu 1,17% du temps de campagne, faisant partie des listes qui ont pu débattre sur les plateaux ou dont le chef a eu accès aux grandes matinales. Le parti animaliste a réussi à faire 2,17% avec une fraction de l’exposition de l’UPR… Les médias ne font pas tout. Les 266 000 voix obtenues ne sont-elles pas un peu faibles pour un parti qui a plus de 35 000 militants, soit à peine plus de 7 voix par militant, de loin le plus bas niveau de tous les partis ? Le progrès est limité par rapport à 2017, alors que nous sommes au moins 23%, plus de 10 millions, à souhaiter le Frexit ! Et si l’UPR rétrécissait les idées qu’elle défend à une seule minorité activiste peu inclusive ?
Même si je sais qu’il y a des gens de valeur, l’UPR a du mal à s’extraire de comportements sectaires, avec des attaques effarantes sur la pseudo copie de vos arguments. Le cas Philippot est éclairant : il n’avait qu’à rejoindre l’UPR plutôt que créer les Patriotes… Sauf qu’il a été le N°2 du premier parti de France : il n’était pas illogique qu’il choisisse cette voie plutôt que de rejoindre un parti qui n’avait fait que 0,92% en 2017… En outre, demandez-vous pourquoi des gens comme lui, ou moi, ne vous rejoignons pas. Peut-être faisons-nous une erreur, mais vos comportements, parfois agressifs et sectaires, ne donnent pas envie de vous rejoindre. Vous en être pris à une intellectuelle comme Coralie Delaume, qui était pourtant venue à vos universités, est particulièrement absurde et contre-productif.
En somme, vous êtes un peu le Lutte Ouvrière du Frexit, évidément convaincus par vos idées, mais confinés dans un réduit dans lequel vous les enfermez. Lors de ces élections européennes, vous n’avez attiré que 2 à 3% des Français convaincus par le Frexit, rétrécissant plus encore les idées que vous défendez que le FN… Et pour couronner le tout, il est ridicule de soutenir que vous êtes « la seule liste qui fait peur à Macron ». Si je ne nie pas votre extraodinaire engagement, ni la solidité de vos convictions, contrastant avec les autres partis politiques, je crains que vous finissiez par davantage desservir vos idées que les aider à grandir étant donnée la manière dont vous les défendez…
En étant un peu dur, en devenant à ce point le meilleur ennemi de l’UE, ultra-marginal et dont le discours non seulement ne contribue pas à développer l’idée d’une sortie de la France de l’UE et de l’OTAN mais semble même le freiner, on pourrait presque se demander si l’UE ne se choisirait pas spontanément un ennemi de la même nature. A quand une vraie remise en question ?
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