Aux gros mots les gros remèdes
Au sujet du faux problème des « sans-papiers » en France, l’UMP a sorti le gros mot de trop. En effet, certains députés de la majorité réclament la révision de l’A.M.E. - l’Aide Medicale d’Etat, seule solution d’accès aux soins pour les immigrés en situation irrégulière.
Sans état d’A.M.E
Tout le monde le sait, il ne fait pas bon être clandestin en France. Expulsions à tout-và, reconductions à la frontière, les sans-papiers de l’hexagone sont actuellement la cible favorite de l’instrumentalisation de l’UMP concernant l’insécurité, en vue des prochaines élections.
Légalement, les sans-papiers n’ont n’a droit à rien, si ce n’est aux droits de l’homme, à la dignité, si toutefois l’Etat qui les accueille contre son gré veut bien leur octroyer. Dans ce domaine, l’accès aux soins est primordial. Mais comment régler une consultation médicale lorsqu’on n’a pas de quoi se loger ? En France, l’A.M.E est la couverture santé qui prend en charge les dépenses de soins de ces personnes. Elles seraient environ 200 000 à en bénéficier. Cependant cette situation est franchement pour déplaire à la majorité, qui considère que cette aide est un gouffre économique pour l’Etat. C’est pourquoi l’UMP, en la personne de Thierry Mariani, fait étudier la question à partir d’aujourd’hui à l’Assemblée Nationale.
Mariani, pour puiser ses idées politiques, il fait comme ses camarades de droite : il cherche dans le Figaro. Et il ne lui a pas fallu longtemps pour tomber sur un torchon d’inhumanité, masqué derrière de fallacieux arguments économiques, signé par Sophie Roquelle, qu’il s’est empressé de mettre en lien sur son blog :
Son but est de faire passer aux yeux du public le « sans-papier » pour un profiteur, qui a accès aux soins gratuitement alors que le bon ouvrier à béret doit payer pour aller chez le docteur. Histoire de stigmatiser encore plus cette minorité et alimenter les discriminations ambiantes.
Le plus grave est que pour appuyer son argumentaire, Mariani affirme qu’il y a des fraudes, que certains abusent de l’A.M.E, comme d’autres fraudent le fisc à coups de millions. Mais c’est plus simple d’attaquer les plus faibles, et en plus ça permet de faire d’une pierre deux coups : on s’en débarrasse. Sauf que les fraudes qu’il dénonce sont considérées comme « marginales » par le ministère de la Santé ! (source l’Express)
L’UMP exige donc soit qu’on les fasse payer (Bachelot propose un forfait de 30 €/an, donc plus d’A.M.E quoi), soit qu’on limite les soins au minimum vital, pour éviter par exemple la propagation d’épidémies ou de virus. En clair, que les étrangers soient malades, on s’en fout, mais s’ils sont contagieux pour les bons Français, là il faut agir et les décontaminer.
Les associations de défense des minorités s’insurgent, et affirment qu’au contraire il sera bien plus onéreux de prendre en charges des personnes dont la maladie est à un stade avancé, réclamant souvent une hospitalisation, que de continuer à offrir l’accès aux consultations régulières. Prévenir plutôt que guérir en somme, ce que l’on apprend aux enfants dans les programmes pédagogiques !
Les 500 millions d’euros annuels que coûte l’A.M.E ne relèvent pas d’un problème budgétaire, mais éthique. Mariani et consors ne peuvent supporter l’idée d’une minorité assistée, et par leurs revendications réfutent l’idée même de solidarité. Ces politiques aveugles, nombrilistes et égoïstes, ne sont-ce finalement pas eux les véritables grands maux de notre état ? Qu’on éradique leurs pustuleuses idées, bien trop contagieuses au sein des masses sécuritaires ! Aux grands maux, les grands remèdes !
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