Bankrun 2010 : que va-t-il se passer le 7 décembre ?
Si vous pensez à la sortie d’un nouveau jeu vidéo, c’est sans doute que vous regardez trop la télé, mais que vous n’avez pas retenu son titre. Mais si vous pensez à retirer votre argent de la banque, c’est qu’alors quelque chose est très certainement en train de se produire. Surtout si vous y pensez non pas pour soutenir le mouvement, mais bien parce que vous commencez à vous demander comment faire si cela se produisait vraiment.
Et oui, petit à petit l’idée fait son chemin… pas sur mon blog bien sûr, mais ailleurs, un peu partout sur la toile. Mais il se pourrait bien que cette idée se réalise tout de même, et c’est tant mieux !
Mais il faut revenir sur cette affaire, qui représente parfaitement le potentiel d’internet et des réseaux sociaux, le ras-le-bol des peuples, la force du nombre, la stupidité du système… et par dessus tout sa fragilité. Car si tout se passe comme je l’avais imaginé, alors la peur seule suffira à créer la panique du système financier, qui pourrait s’avérer fatale non pas du fait des retraits massifs, mais bien plutôt d’une médiatisation qui la rendrait potentiellement “véritable”.
Je voudrais cependant attirer l’attention sur “l’après-7 décembre”, au cas où une telle initiative marcherait : exiger une banque citoyenne, comme le font les deux auteurs du “manifeste” en question, est à mon avis la plus grosse des erreurs : une banque ne peut pas être citoyenne. Elle peut être moins pire, mais pas “bonne”. Il ne faut pas se tromper de combat. C’est le capitalisme dans son ensemble qu’il faut combattre, car les banques ne sont que les fruits naturels de ce système. Ce qu’il faut donc exiger n’est pas la fin des “méchants” capitalistes, mais la fin du capitalisme tout court. Et nous n’en sommes pas encore là.
Car il faut bien se rendre compte des conséquences induites par un tel mouvement : mettre en péril un système financier déjà fragile est une action importante qu’il ne faut pas prendre à la légère. La paralysie créée par ce mouvement n’a pas vocation à fragiliser encore plus les plus faibles, d’autant qu’on ne sait pas encore comment réagiront et les autorités bancaires, et les autorités de l’Etat. Quand j’évoquais “la peur des banques”, il ne s’agissait pas de créer le chaos, mais plutôt d’exercer une sorte de chantage destiné à faire prendre conscience et au peuple de la force qu’ils représentent quand ils sont unis, et aux gouvernants que leur pouvoir et leur argent ne provient que de nous, les “petits”.
Voilà pourquoi le 7 décembre il ne faut pas gâcher notre “coup d’avance”, celui dont je parlais dans “une grève générale pas comme les autres“. Ce mouvement ne doit pas être une fin en soi, mais plutôt le début de “quelque chose”. Il ne doit pas “saboter” un système que nous ne savons pas par quoi remplacer, mais servir au retour de l’imposition de la volonté du peuple, pour qu’on lui trouve une alternative.
Quand nous serons face à notre guichet de banque le 7 décembre, il ne faut pas croire que les banques vont se laisser “détrousser” comme cela, sans réagir : ils peuvent fermer les guichets, sécuriser les entrées, interdire les retraits, pénaliser les découverts… et une fois l’argent retiré, que fera-t-on le mois suivant ? il est un peu trop tôt pour crier victoire et se laisser déborder par ce doux rêve d’un monde où les banques font faillite, car elles nous entraineront avec elles…
Alors que bien organisée, cette action peut tout à fait être beaucoup plus productive : imaginez que le 7 décembre ne soit qu’une mise en garde, un ballon d’essai destiné à prendre le contrôle des évènements. Tous allons retirer nos espèces au guichet, mais pas seulement. Il faut prévenir que cette action n’est pas un coup d’épée dans l’eau, mais un avertissement lancé non pas seulement aux banques, mais au gouvernement lui-même. Il faut qu’il sache que nous savons désormais par quel moyen l’attaquer, et que nous pouvons à tout moment reproduire la chose….
Il n’y aura qu’à regarder les cours de la bourse ce 7 décembre. Que les centaines de milliers de personnes qui chaque jour subissent les flux et reflux du CAC40 à la télé ou à la radio se réjouissent ce jour-là, pour constater les fruits de leur victoire. Qu’ils comprennent que le jeu du système n’est pas mathématique mais psychologique : nous pouvons leur faire peur, et cette peur peut suffire à les faire tomber. Et si toutefois ce mouvement se produisait réellement, alors les cours chuteront. Inévitablement. Et cela sera le signe qui permettra d’une part de montrer à tous les peuples des autres nations qu’il est possible de se révolter, et d’une autre que nous pouvons changer les choses nous-mêmes, sans attendre des miracles qui n’arriveront pas.
Ce sera alors le moment de faire marcher le chantage dans le sens inverse de d’habitude, et d’exiger du gouvernement ou sa démission, ou de sa soumission aux désirs du peuple. Nous pourrons alors demander l’arrêt des réformes injustes qui nous oppressent de plus en plus, ainsi que la mise en place de comités de réflexion destinés à nous proposer d’autres solutions. Nous pourrons faire valoir nos droits à une véritable démocratie, et réclamer la tenue des Etats généraux, de la création d’une assemblée constituante, pour une nouvelle constitution plus juste et plus humaine. En cas de refus, il sera possible de remettre en route un nouvel appel, avec encore plus de poids.
Alors le peuple aura retrouvé sa liberté, et sa dignité : il aura repris sa destinée en marche, et pourra éclairer le chemin des autres, tous ceux qui comme nous, ne veulent plus supporter les injustices du monde comme il va. Le 7 décembre ne doit pas être une fin, mais un commencement.
Caleb Irri
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