Banqueroute verte
Cela peut avoir eu un impact sur le résultat, désastreux pour les Verts, des élections qui ont suivi.
En France, les Verts font partie du gouvernement. Il y a quelques semaines, leur (pas si ) chef (que cela) Pascal Durand, a « découvert » que ledit gouvernement n'avait pas l'intention de faire quoi que ce soit en vue de la transition énergétique et menacé d'une démission collective si des mesures n'étaient prises. Les ministres Verts ont jeté un coup d'œil sur leur fihe de paie, ont décidé qu'ils en voulaient une autre, et que si quelqu’un devait partir c’était Pascal Durand.
Inutile de dire que cela a un peu terni leur réputation déjà plus que douteuse.
Bien sûr, les Verts ne sont pas les seuls à avoir défendu des causes douteuses à l'époque. En 1977, un certain nombre d' intellectuels français, dont Jean-Paul Sartre, Bernard Kouchner et Jack Lang, avaient signé une pétition en faveur de trois pédophiles, ce qui n'a pas empêché deux d'entre eux de devenir ministres dans des gouvernements fort peu verts. Quant à utiliser son statut d’allié mineur du parti dominant pour obtenir des postes auxquels on refusera ensuite de renoncer même si cela implique de renier ses convictions... c'est un sport national en France.
Pourtant, les Verts, du moins en France, incarnent ces défauts bien mieux que les autres partis et sont souvent fustigé pour cela, même dans le très cynique microcosme politique.
Ceci est partiellement dû au fait qu’une grande partie de leurs partisans viennent des classes moyennes-supérieures urbaines, qui n'ont aucun intérêt à changer un ordre social dont ils bénéficient grandement, mais veut néanmoins de la bonne conscience que procure le fait d’être du côté de progrés. Il n’y a pas que cela, cependant .
Comme le dit Franz Walter :La protection de la nature et le développement durable ne constituent pas un terreau propice à la pédophilie et à l'abus d'enfants. Mais les Verts ont un deuxième créneau qui est curieusement peu compatible avec le premier : une sorte de libéralisme fondamental associé à un fort hédonisme individualiste. Dans cet environnement, ont émergé dans les années 1970, avant la fondation des Verts, des revendications pour la dépénalisation des délits sexuels et pour une tolérance à l'égard de la sexualité entre adultes et enfants. Au début des années 1980, une partie de ce libéralisme radical s'est retrouvée chez les Verts".
Inutile de dire que cette idéologie était profondément antilibérale et pas très friande de la mythologie du progrès. Le romantisme allemand, cependant, a pris un mauvais tournant au cours du XIXe siècle, quand le rêve de retour à la nature et autosuffisance s'est mélangé à l'ésotérisme autrichien et au mysticisme racial. Le résultat final a été le cancer idéologique nazi et une guerre apocalyptique qui a enseveli les préoccupations écologiques sous les décombres et assuré que quand ils referaient, ce serait à gauche. Le problème, c'est que cela s'est passé à la fin des années soixante, juste au moment où la gauche, jusque là dominée par le socialisme, se reconfigurait. Tandis que les classes moyennes adoptaient le radicalisme de gauche, l’accent passa des préoccupations de la classe ouvrière à l'hédonisme et l'individualisme. Ce n'est pas par hasard que, en France, les événements de mai 1968 ont commencé par un conflit sur le droit pour les garçons de visiter le dortoir des filles.
Ces idées sont venues, non pas de socialisme, qui était très ambivalent vis-à-vis de l'individualisme, mais du libéralisme classique, c'est à dire de la philosophie des Lumières, dont elles continuent les ambitions et illusions messianiques.
La révolte des années soixantes contre l'ordre rigide d'après-guerre a été salutaire à bien des égards. De nombreuses injustices devaient être réparées, notamment en faveur des femmes, des homosexuels et des minorités raciales. Les considérer comme des êtres humains a certainement été un grand progrès sur la voie d’une société décente. Le manque de lien organique avec le mouvement ouvrier et la prévalence des valeurs individualistes de la classe moyenne parmi les militants a cependant assuré à ce que les organisations politiques nés de la Nouvelle Gauche seraient libérales.
Pour les partis liés à la classe moyenne-supérieure " bobo " c'est le chemin de la moindre résistance, et c'est pourquoi il devient de plus en plus dominant, reléguant la vision romantique et la notion de limites à la marge - et parfois, il faut être dit, les forçant à fréquenter des gens fort peu recommandables.
Cela signifie que les partis verts deviendront de moins en moins pertinents et de moins en moins susceptibles d'apporter une réponse constructive à la crise écologique. En fait, ils vont probablement retarder l'apparition, au niveau politique, d'une vraie réponse politique pic énergétique, libre de la mythologie du progrès, de l'illusion libérale, mais aussi à partir des restes cancéreux de la perversion völkish.
Pourtant, c'est à cela que nous devons travailler sur si nous voulons faire face au déclin programmé de notre civilisation, sans tomber dans les mêmes pièges cancéreux que le romantisme allemand.
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