Bardadazé : illustration de la politique d’immigration
Bardadazé, le nom d’une famille installée en France depuis janvier 2005. Un père, une mère et quatre enfants menacés d’expulsion à tout moment. Victime d’une politique basée sur la culture du résultat, la famille ne demande qu’une chose : rester.
Cette famille de réfugiés géorgiens est arrivée en France en janvier 2005, après un périple douloureux où leurs papiers ont été dérobés. La mère est d’origine abkhaze, une ethnie minoritaire en Géorgie où se déroule depuis 1992 des violences inter-ethniques. Ce couple mixte a subi humiliations, agressions et menaces jusqu’à l’arrestation du père, Godcha en 2004. « Il a été accusé par la police abkhaze d’appartenir à un mouvement de partisans géorgiens et de trahir le peuple abkhaze. Sa remise en liberté sera monnayée, mais face aux menaces de mort, ils seront contraints de fuir », raconte un ami de la famille.
Leur demande de régularisation n’avait pu aboutir à la préfecture du Lot. De même, auprès du tribunal administratif de Toulouse. La Cour d’appel de Bordeaux vient d’anéantir tous leurs espoirs il y a quelques semaines. La crainte aujourd’hui est de voir l’OQTF, obligation de quitter le territoire français, mise en application. Et elle l’aura été une fois déjà à l’occasion d’un banal contrôle routier. Toute la famille à l’exception du dernier enfant resté au collège sera arrêtée, mise en garde à vue. La mère et les enfants seront relâchés, mais le père est conduit au centre de rétention de Toulouse.
L’intervention d’un juge des libertés permettra de constater un vice de procédure de l’arrestation et le père sera finalement relâché. Aujourd’hui, la famille a donc encore pu réchapper de peu à l’expulsion vers la Géorgie, pays sûr selon l’Etat, mais qui lui-même refuse l’entrée des couples mixtes en raison des tensions inter-ethniques. Ia, la mère explique qu’ils seraient prêts à abandonner leurs enfants ici s’ils devaient être reconduits à la frontière pour leur éviter d’avoir à revivre ce qu’ils ont vécu. Pourquoi la France, longtemps pays des droits de l’homme et terre d’accueil des réfugiés politiques, impose-t-elle cela ?
Il ne reste qu’une alternative pour cette famille comme tant d’autres où les parents travaillent et les enfants vont à l’école : se cacher. Et ne plus avoir confiance en personne. Vivre avec la peur constamment, sachant qu’ils sont condamnés à rester invisibles ou à être expulsés vers un pays qui n’est plus le leur. Des immigrés qui ne demandent qu’à pouvoir travailler et vivre tout simplement. Mais devenus indésirables, telles des bêtes noires, ils ne seront ce coup-ci qu’un chiffre : six expulsions de plus aux vingt-cinq mille exigées par le président.
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