Bayrou, c’est reparti !
Le problème de François Bayrou n’est vraiment pas simple. Voilà un homme politique qui prétend avoir eu raison avant tous les autres et qui dans le même temps s’avoue très proche de Jacques Delors et pour tout dire a été et demeure l’un des chantres les plus zélés d’une Europe dont on constate aujourd’hui la faillite.
Sa prestation sur France2 dans « Des paroles et des actes » n’était pas de mauvaise qualité, certes avec le rond-rond habituel du ni gauche ni droite mais ailleurs. Le slogan ne laisse pas indifférent en ce sens que beaucoup de nos concitoyens ne veulent effectivement plus se reconnaître dans des clivages qu’ils jugent souvent dépassés. On connaît le succès ailleurs de l'UMPS ... Pourtant il aura beaucoup de mal à faire croire à une possible place au second tour. On ne rejoue jamais le même avant-match et l’odyssée du troisième homme de 2007 semble peu vraisemblable en 2012 : les 18% du premier tour de 2007 ne se reproduiront sans doute pas.
Ces pronostics ne sont qu’hypothèses personnelles sans importance. En revanche sa position sur l’organisation européenne, surtout de la part d’un tel « européiste » est troublante.
François Bayrou outre ses attaches intellectuelles avec Delors citées plus haut, est un des plus grands artisans, avec ses amis centristes de l'Europe telle que nous la vivons. Au cours de l’émission, il rappellera d’ailleurs sa grande amitié pour Simone Veil, laquelle pourtant ne l’épargne guère. C’est d’ailleurs sur ce sujet européen et également sur la mondialisation qu’il fut véritablement à la peine en particulier face à Arnaud Montebourg. Le brillant orateur, poil à gratter du PS, a produit comme toujours une assez belle prestation entraînant François Bayrou sur des chemins difficiles : le protectionnisme européen défaillant, les banques, la taxe sur les opérations financières etc. Bayrou était un peu court en resservant à plusieurs reprises le nom du socialiste dirigeant l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) Pascal Lamy. Lamy n'a pas gêné Montebourg bien longtemps, le temps d'un geste ample de ses nouvelles lunettes et il le plaça immédiatement ailleurs, oubliant ses attaches socialistes très profondes.
François Bayrou oppose peu d’arguments au dumping social, écologique, pour s’appesantir sur la sous-évaluation de la monnaie chinoise mais n’envisage pas du tout la possibilité pour l’Europe de se protéger : "les autres membres de l’UE, exportateurs en particulier (les allemands), ne l’accepteraient pas". C’est sur ce point, une fois de plus, un renoncement et l’aveu que l’idolâtrie européenne l’habite toujours autant.
La grande rentrée sur les plateaux de télévision du 3ème homme de 2007 à l’occasion de cette nouvelle élection présidentielle, n’aura pas été médiocre. L’homme a semble-t-il pris de la carrure, une certaine assurance, sans doute également un sens plus aiguë de l’auto-dérision et de la nécessité du « sourire parfois » Ce qui fera dire à Franz-Olivier Giesbert, en fin d’émission, comparant les parcours également chaotiques de François Mitterrand et de Jacques Chirac, « Pourquoi pas son tour ? ». Il est vrai que les illustres prédécesseurs cités ont tous les deux été élus au troisième « tour de piste »
Effectivement ! Pourquoi pas ?
L’obstacle majeur restera sa conception européenne, laquelle, le moins que l’on puisse en dire, n’a pas actuellement et sans doute pour longtemps le vent en poupe. Pour revenir sur la note « document » d’hier, une conception aux antipodes de celle d’un Philippe Séguin par exemple ou bien sûr d’un de Gaulle dont pourtant François Bayrou, tout à coup, aimerait à se parer des plumes.
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