Bayrou et l’Alsace-Moselle. Modèle à suivre ?
Voilà les 2,5 millions de bénéficiaires du Régime Local particulier rassurés. Ils n’en attendaient pas moins du candidat Bayrou auquel ils avaient accordé, en 2007, plus de 20% des voix.
La plupart des autres candidats suivront très vraisemblablement (sauf Mélenchon) et tiendront le même discours surtout en ce qui concerne le régime local de Sécurité Sociale.
Il ne s’agit pas d’un résultat de basket mais des taux de remboursement des médicaments. Injustice dans notre République Une et Indivisible ? Non, conséquences de l’Histoire, répondent les défenseurs de cette spécificité, invoquant Clemenceau qui considérait que les trois départements avaient bien droit à des exceptions.
Contrairement à ce que pensent nos concitoyens, ces lois qui ont forgé ces différences, sont dues autant à la mère patrie qu’à l’annexion allemande de 1871 à 1918. D’un côté, durant cette période les lois françaises votées en France ne pouvaient concerner l’Alsace-Moselle absente, comme par exemple en 1905, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ce qui implique la conservation du statu quo ante, le Concordat de 1801.
De l’autre, les lois sociales allemandes appliquées au Reichsland Elsass/Lothringen (Alsace-Lorraine), bien en avance sur la France sur ce plan, ont été conservées comme des acquis intangibles. Le sujet mérite un approfondissement mais la démarche de François Bayrou à Strasbourg était plus ciblée.
La Caisse Régionale d’Assurance Maladie( CRAM) était le premier objectif : se faire expliquer par son directeur comment une telle institution pouvait dégager des excédents ( 23,5 millions d’euros en 2011) tout en remboursant mieux ses adhérents notamment 90%pour les médicaments. Pas de miracle mais un système qui associe la perception des ressources et une modération des dépenses. Il s’agit en quelque sorte d’une « complémentaire obligatoire », 1,6% en 2011 mais 1,5% seulement en 2012 prélevée sur les revenus quel qu’en soit le montant. La réduction du taux cette année est permise par les excédents et par l’obligation du respect du ticket modérateur qui doit rester à 10%. A cela il faut ajouter une gestion rigoureuse notamment la pertinence des placements. « Nous n’avons pas pris de risques, nous n’avons pas couru après les taux mais après la sécurité » dit le directeur M.Lorthiois et le candidat FB écoute très attentivement. Si on y ajoute que neuf chômeurs sur dix et un retraité sur trois n’ont pas à acquitter de cotisation, on peut se poser des questions. En effet un candidat à la magistrature suprême peut s’en inspirer.
Mais François Bayrou était également venu faire une « redécouverte » de ses troupes.
La joie de retrouver sa famille en voie de recomposition.
14% : le sondage était tombé le matin mais les invitations aux élus, anciens élus surtout et la direction régionale du Modem et à la presse étaient déjà faites. Pas question de la fameuse « Maison Commune du Centre », suggérée par Jean Arthuis, pour le moment sans doute.
Tout à sa joie, le candidat se lâche dans cette salle toute intimiste du centre de Strasbourg. Alors qu’il sait bien que dans l’assistance se trouvent de nombreux « lâcheurs » de juin 2007. Il les reconnaît ostensiblement mais, débonnaire, il les accueille « sans jamais forcer personne ». Mieux, il précise : « on se presse au portillon bien au-delà de ceux déjà connus ». Il ne citera pas de noms, du moins pas devant la presse. Aujourd’hui on apprend de nouveaux ralliements.
Visiblement, dans son élan, il fait montre d’une belle assurance. Il y croit :« Quelque chose a changé dans le pays et ce n’est que le début. Les Français en ont marre de ces combats stériles entre UMP et PS et qui perdureraient si l’un des deux était élu. De rage, à un moment, ils renverseront la table ! »
S’il a raison, de quel côté tombera-t-elle ?
Le troisième homme de 2007 croit à son destin. Ses voix ne sont pas célestes mais bien réelles. C’est celle de Pierre Pflimlin. L’avant dernier président du conseil de la IV° République, ancien maire de Strasbourg, ancien président du Parlement Européen, nonagénaire lors du congrès de l’UDF de Bordeaux en 1999, déclarait solennellement à la tribune :« J’aurai connu dans ma longue vie trois événements majeurs dont je n’ai qu’à me réjouir : la réconciliation franco- allemande, la chute du mur de Berlin et .. » regardant dans les yeux François Bayrou alors président de l’UDF qui venait de prononcer un discours longuement applaudi « ..et la renaissance de la famille centriste ». Cette voix Bayrou n’a cessé de l’entendre et d’y voir une mission.
Il reste alors à faire circuler les formulaires de parrainage auprès des élus. Plus facile !
Antoine Spohr (article également paru sur Médiapart)
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