Bobo-Gaucho-Bullo-Médiatico-Intello : les sobriquets réservés à la gauche et aux journalistes
En Argentine le terme gaucho désigne le peuple des gardiens de troupeaux de la pampa sud-américaine. L'étymologie de ce terme aurait pour origine la langue Quechua (orphelin, solitaire).Voici pour l'anecdote.
Solitaires et orphelins les gauchos ? En France, le terme gaucho semble définir les électeurs de gauche par les électeurs de droites ou de l'extrème droite et de l'exrème gauche mais aussi les journalistes qui déstabilisent les élus de droite avec leurs questions de gauchos. Vous suivez ? Aussi, les journalistes français sont accusés d'être vassalisés aux idées politiques de gauche continûment de Mélenchon à Fillon et Marine Le Pen. C'est devenu une habitude dans le débat politique à chaque élection, chaque interview ou chaque intervention politique, l'utilisation de sobriquets de gaucho à bobo en passant par intello ou même mégalo bobo gaucho... La gauche à en croire les sobriquets ressemblerait au cloud sur internet c'est à dire à un nuage non identifiable. Les journalistes et les bobos sont devenus eux aussi des gauchos.
Analyse des termes en O :
1) Gaucho mégalo
Marine Le Pen parle de gaucho-laxisme en évoquant Christiane Taubira et sa politique pénale de 2015. Les électeurs du FN parlent de radio de gaucho à chaque interview peu réussie ou déstabilisante de leur élus. Suite à l'intervention de Nicolas Sarkozy dans l'émission "Des paroles et des actes en 2016", les partisans de l'élu créent une page web "Sarko au pays des gauchos". Il s'agit bien sur ces points de juger d'une politique de gauche.
Mais il arrive que ce terme qualifie la plupart des journalistes, les émisissions poltiques à la télévision ou à la radio. Ce qualificatif se retouve également au sujet la presse écrite au travers des politiques éditoriales de plusieurs titres jugées "gauchos". A la télévision c'est notemment l'émission "Le Quotidien" qui est visée. Les journalistes voteraient majoritairement à gauche mais cela veut-il dire que leur orientation politique se retrouve dans le traitement des sujets sociétaux et politiques ? Car le rôle du journaliste est bien de poser des questions, d'analyser, décrypter et pour le coup déranger les politiques qui ne souhaitent pas être bousculés ou avec une vision péremptoire de la société. Aussi faut-il absolument placer les journalistes sur la table du repas à gauche ou à droite ? Car oui il existe aussi des journalistes de droite qui le revendiquent haut et fort comme Eric Brunet ou le journal "Valeurs actuelles". Il faut cependant raison garder sur ces raccourcis parfois surinterprétés et par ces interviews de politiques qui se tranforment en tweetos pour militants aguéris.
2) Les bobos et/ou bobo gauchos
Ce terme qualifierait un groupe social de personnes "Les bourgeois bohèmes" qui partagent les mêmes valeurs. La catégorie socio-professionnelle ou PCS définit par l'INSEE, l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques" n'est pas déterminante dans cette définition. Mais le terme est devenu large. Urbain ? Ecolo ? Aisé ? Arrogant ? Idéaliste ? Mangeant bio et se promenant avec son panier osier ? Le look hipster du magazine GQ ? Qui est le bobo en 2017 ? Vraiment de gauche ? La version britannique est plus swag, le bobo est un "champagne socialist". Le bobo toujours de gauche ? Pas sûr. Le nouvel Observateur titre ce 6 janvier 2017 : "Le triomphe des bobos réacs" article de Marie Vaton où on y apprend entre autre exemple que le bobo serait devenu "...puritain."
Les bobos représenteraient également le microcosme parisien qui déciderait pour les autres. Laurent Wauquier, vice président du parti "Les républicains" expliquait au sujet des normes trop drastiques imposées en montagne :
"Ce ne sont pas les bobos parisiens qui doivent décider pour les montagnards"
Morano à l'Emission Le Petit Journal de Yann Barthès actuellement "Le Quotidien " diffusé sur la chaîne TMC
“Ah ils sont là quand même ? Je les appelle le journal de la désinformation ou de l’intox, comme on veut. Non parce que c’est la culture bobo. Il faut pas se voiler la face comme ça !”
Force est de constater que sur les réseaux sociaux les termes gauchos et bobos sont autant de raccourcis hasardeux et primaires sans aucune argumentation comme un refrain ou un chant partisan appris par choeur que ce soit à droite comme à gauche.
Patrice Bessac porte parole du parti communiste accuse Manuel Valls au sujet des quotas migratoires suggérés par le ministre :
un gaucho sarkozsyte
Marion Maréchal Le Pen traite Juppé :
" de gaucho-compatible"
Pourquoi ces raccourcis pullulent sur internet ?
Dominique Cardon, spécialiste des usages d'internet et interviewé par Rokhaya Diallo pour l'émission "Les réseaux de la haine" explique que selon lui la prise de parole publique dans les médias traditionnels il y a une exigence très forte sur la personne qui va parler. Cette exigence c'est d'abord de se présenter,d'avoir de l'argumentation et être responsable de ses propos sans émotions avec des arguments Pour le coup, ces conditions sont socialement discriminantes. Il y a des gens qui peuvent plus facilement parler en public selon le sociologue. Internet créé une déshinibition de la parole et certains profitent de l'anonymat pour proférer des propos injurieux ou délirants. J'ajouterai aussi la brièveté des messages et le mimétisme des publications. Quand un tweet qualifie une émission de gaucho, il sera repris par d'autres et il n'est pas rare d'assister parfois à un phénomène d'amplification et d'éxagération. En 2012, le terme est peu à peu remplacé par la bien-pensance largement employé par la campagne du FN en 2012.
Récemment c'est Hugo Clément journaliste à l'émision "Le Quotidien" qui a fait savoir son ras-le-bol quand à ces discours de certains hommes et femmes politiques notamment ce raccourci de bien-pensance :
C'est l'histoire d'un grand foutage de gueule. L'histoire de dominants, de diplômés de grandes écoles, d'héritiers, de dignes représentants de l'élite française. L'histoire de tous ces gens qui vous prennent pour des idiots. Ils s'appellent Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, Jean-Christophe Cambadélis, ou Florian Philippot. Peu importe la couleur politique. Ils usent et abusent de l'arme la plus efficace du moment : le discours anti-élites.
En tant que journaliste de télévision, passé par une grande école de journalisme, fils de profs, vivant dans le centre de Paris, je fais sans aucun doute partie de l'élite, version média.
Mais il faut dire la vérité. Le discours anti-élites est une brillante invention… des élites. C'est du génie.
On peut, comme Nicolas Sarkozy, avoir grandi dans les quartiers chics de Paris, avoir été maire de Neuilly-sur-Seine, être marié à une artiste multimillionnaire, avoir pour ami un milliardaire qui nous prête son yacht pour les vacances, avoir été Président de la République vivant dans un palais, bref : cocher toutes les cases de l'ultra-élite bourgeoise et, dans le même temps, se présenter comme le candidat du peuple en attaquant "les bien pensants", "l'élite pour qui tout va bien".
On peut avoir tout hérité de son père : l'argent, le pouvoir, le parti, et dans le même temps, attaquer le "système". Ce "système" qui a toujours favorisé et qui favorisera toujours ceux qui ont, et ceux qui savent. Ce "système" qui a toujours favorisé et favorisera toujours les riches héritiers comme Marine Le Pen.
Ces termes ou raccourcis sont devenus un fourre-tout indéfinissable qui ne mène sans aucun doute qu'à un débat puéril et atone. Ces sobriquets deviennent un échappatoire très commode pour ne pas se remettre soi-même en question. Ces gauchos, ces bobos, ces bien-pensants, de qui sont-ils la pierre d'achoppement ?
http://www.dailymotion.com/video/x1z0v5t_grand-ecran-les-reseaux-de-la-haine_news
http://o.nouvelobs.com/pop-life/20170106.OBS3496/le-triomphe-des-bobos-reacs.html
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