Bouches-du-Rhône : une caricature de PS
Primaires quand tu nous tiens. Le bureau national du PS, par 26 voix sur 27 s’est refusé à placer sous tutelle la fédération des Bouches-du-Rhône verrouillée par le clan Guérini malgré le rapport accablant mais peu étayé qu’avait produit Arnaud Montebourg en mars.
A l’aube de la primaire socialiste, le poids de cette fédération, la 4ème de France avec ses 9 000 militants, lui permet d’échapper à un nettoyage au karcher. Ce sera un simple coup de plumeau à travers un « contrat de rénovation » reposant sur dix « recommandations » parmi lesquelles le changement d' « usages anciens dans les rapports de pouvoir et d'influence ».
En sortant de la réunion, Arnaud Montebourg, le seul à avoir voté contre, a affirmé que le rapport présenté par Alain Richard n'était « pas à la hauteur de la gravité des faits », saluant « le sens de la litote et des sous-entendus » de ses auteurs. Le rapport adopté souligne bien de nombreux dysfonctionnements mais préfère tenter une remise en ordre en douceur plutôt que de couper des têtes.
En mars, le député de Saône-et-Loire, secrétaire national du PS en charge de la rénovation avait dénoncé le clientélisme et les dérives marseillaises au moment où la justice s’intéressait de très près au clan Guérini dont l’emprise est totale sur le conseil général des Bouches-du-Rhône.
La gangrène est telle que l’amputation demandée par Arnaud Montebourg semblait logique. Néanmoins, le séisme aurait été tel qu’à moins d’un an des présidentielles, la direction du parti socialiste a préféré trouver une solution moins radicale et brutale et faire de la médecine douce.
Sur la forme, il est reproché à Arnaud Montebourg de ne pas avoir bétonné ses affirmations qualifiées parfois « d’accusations péremptoires ». Sur le fond, le PS qui s’est transformé au fil des ans en parti d’élus, de salariés d’élus ou d’obligés d’élus ne trouve finalement dans les Bouches-du-Rhône qu’un miroir légèrement déformant, accent et gangstérisme en plus, de ce qui se passe ailleurs.
C’est sans doute le plus inquiétant et le plus menaçant pour le PS lui-même. Car, pour beaucoup de barons locaux le vrai courant dominant au PS, c’est le clientélisme et l’affairisme.
Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait un hasard si ceux qui tapent dans la fourmilière se voient marginaliser. Hier Ségolène Royal pour avoir tenté de faire rentrer du sang neuf avec les cartes à 20 € et joué la carte du participatif avec les militants aujourd’hui, Arnaud Montebourg pour avoir cru dans une rénovation d’un PS vermoulu mué aux allures de SFIO du XXIème siècle.
Le seul moyen connu pour rompre avec cette dérive est connu. Il est certes imparfait mais efficace : en finir avec le cumul des mandats dans le temps et dans l’espace pour imposer un renouvellement régulier des élus et éviter une professionnalisation de la vie politique qui pourrit tout. Les candidats aux présidentielles se gaussent généralement de rupture. En voilà une qui redonnerait du souffle à la démocratie. Il est encore temps d’être audacieux.
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