Boutin tacle Borloo : le sommeil tranquille des politiques
La défection de Jean-Louis Borloo, qui a annoncé renoncer à se présenter aux prochaines présidentielles en début de mois, a fait couler beaucoup d’encre. Si une majorité de la droite se réjouit de cette nouvelle, Christine Boutin a dénoncé « la course aux intérêts particuliers ». Retour sur une décision qui illustre le dépérissement du sytème politique français.

La politique doit prendre de la hauteur
Sur son site de campagne, la présidente du PCD s’est donc fendue d’une petite tribune sur Borloo où elle a dénoncé les petits jeux politiciens qui font dire aux acteurs de la scène politique tout et son contraire en fonction du contexte :
« Jean-Louis Borloo ne sera pas candidat, comme je l’avais prévu et contre l’avis de tous les experts politiques. Je constate un largage en plein vol et sans parachute de tous ses amis. Plus encore, je déplore un manque de constance de la part de celui qui, il y a encore un mois, appelait au "rassemblement au-delà des centres". »
Pourquoi ses soutiens abandonnent-ils Jean-Louis Borloo tout d’un coup ? Pourquoi Borloo renie-t-il une candidature qu’il jugeait nécessaire pour la France il y a encore quelques mois ? Les sondages, les pressions, les promesses ne devraient pas éroder sa motivation si cette dernière était sincère…
Quand les convictions sont remplacées par le carriérisme, la politique perd son sens et son utilité comme l’a d’ailleurs expliqué une Christine Boutin visiblement déçue par le manque de courage de Jean-Louis Borloo :
« L’union des centres n’était pas à la hauteur du défi de civilisation auquel nous sommes confrontés. Nous n’avons pas besoin de petits jeux personnels, mais de l’affirmation que la personne humaine n’est pas une variable d’ajustement et que le bien commun est la seule chose qui importe. Cessons la course aux intérêts particuliers et catégoriels dans un monde qui s’écroule. Voilà le sens de ma candidature, qui reste plus que jamais sereine, constante et déterminée. »
Sans partager les idées de la candidate, on peut lui accorder que la défection de Borloo a mis en évidence un point précis : à l’approche des élections présidentielles, les politiques français ne semblent pas avoir pris la mesure de la crise économique, sociale et morale que connait notre société ni l’importance, sur le fond, de ces élections où de vrais projets de société seront attendus à la place des bricolages habituels.
On ne peut plus jouer avec les mêmes règles qu’avant, on ne peut plus conserver les barrières factices entre la droite et la gauche, on ne peut plus rester sur les mêmes débats stériles.
L’archaïsme de l’UMPS
C’est pourquoi, Jean-Louis Borloo, qui incarnait un espoir, une vision différente, enfin débarrassée des ornières partisane, a déçu de nombreuses personnes en renonçant à se présenter.
En effet, cette abandon est symptomatique de plusieurs maux dont souffre actuellement la droite française : rejet d’une variété des courants, pressions de l’Elysée et petits calculs personnels, la droite ne paraît pas avoir compris l’importance du carrefour historique où nous sommes.
D’ailleurs, la gauche française ne semble guère plus clairvoyante. Entre un programme du Parti socialiste copié collé des années Jospin, de dangereux compromis politiciens avec les Verts et l’avènement du candidat Mélenchon, la gauche n’a visiblement pas pris la mesure de la crise et pourrait subir un vilain revers avec le spectre de Marine en arrière-plan.
Face à ce bipartisme moribond, le candidat qui tirera son épingle du jeu en 2012 sera celui qui proposera, sur de solides valeurs sociétales, de refondre les institutions, de bouleverser le rapport de l’Etat au marché économique et de redistribuer les cartes d’un jeu politique devenu obsolète.
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