Brégançon : Macron le cul entre deux chaises
Pour un Président de la République même les vacances sont un exercice de style. Il faut s’aérer l’esprit tout en restant concentré sur sa tâche et avec le souci que cela se sache. Le Président n’est pas un Français tout à fait comme les autres et ses vacances s’en ressentent. Il faut communiquer à tout rompre sans en avoir l’air. Et surtout communiquer là où les risques de couacs sont les moins élevés.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L620xH464/Macron-3-306ca.jpg)
Le fort de Brégançon n’a jamais peut-être aussi bien porté son nom. Emmanuel Macron est un président assailli. Sa seconde année de mandature a commencé sous de bien mauvais auspices et les doutes ont largement fragilisé un édifice que personne ne pouvait réellement sonder tant il était neuf. En Marche a étalé son incapacité à circonscrire des crises dont la plus grave était au départ la moins politique. En effet, si Alexandre Benalla avait été mis hors circuit comme cela aurait dû être fait dès le 2 mai dernier, il y aurait eu « tempête dans un verre d’eau ». Au lieu de cela, c’est un barrage qui a été monté de bric et de broc et qui a fini par céder.
L’inondation qui s’en est suivie ne s’est pas encore entièrement retirée et la rentrée prochaine pourrait faire émerger de nouveaux éléments qui mettront encore à mal une machine présidentielle déjà grippée. C’est pourquoi la communication qui « s’échappe » du fort de Brégançon prend un soin particulier à n’évoquer aucun dossier pressant sur le plan national. Le pays est encore marqué par l’affaire Benalla et tous les sujets à venir offrent un angle pour réveiller la bête dont cauchemarde le Président.
La réforme constitutionnelle est marquée au fer rouge par le scandale Benalla. Impossible de s’en saisir pour le moment malgré l’urgence évoquée par l’Élysée il y a encore quelques semaines. Les retraites sont comme d’habitude un sujet explosif sur lequel ne tarderont pas à germer des commentaires sur les nantis au pouvoir (Benalla en son temps) qui font payer la note aux plus humbles. Et même l’économie est à prendre avec des pincettes en raison des chiffres décevants (chômage en très légère baisse, croissance revue à la baisse) et d’une réforme de l’impôt sur le revenu qui ne va pas tarder à susciter de forts mécontentements.
Comme ses prédécesseurs, Macron est (déjà) bloquée sur la scène nationale alors il ne lui reste que les affaires internationales. C’est donc sur ce point que la communication estivale se porte. On dit le Président attaché à son téléphone portable pour s’entretenir avec une longue liste de chefs d’État et de Gouvernement. Il y a quelques jours, c’est Angela Merkel qui, expliquait-on, avait eu un entretien téléphonique avec le Président français. Au menu : la crise en Syrie, les migrants et l’Ukraine. Dans le détail, les équipes présidentielles nous disaient que les deux leaders étaient d’accord sur le fait qu’un « processus politique inclusif » était nécessaire en Syrie. Est-ce une blague de grandes vacances ? Le pays est meurtri par sept années d’une guerre d’extermination, mais désormais on se parle et on gouverne ensemble sans rancune ? Kurdes, Alaouites, djihadistes, Chrétiens et autres victimes des terroristes tous main dans la main pour faire de la Syrie un État modèle… !
Les mots ne coûtent rien alors on redit qu’il faut « une solution européenne » pour répondre au défi des migrants, et une paix stable dans l’est de l’Ukraine. Des mots qu’on pourrait décalquer d’année en année — ce que font nos chers leaders en vacances sans la moindre avancée notable malgré les années qui défilent. Dans l’impossibilité de se poser en toute sécurité en France, le Président Macron évoque donc les grands enjeux internationaux sans le moindre début de commencement d’une idée. C’est flagrant et affligeant. Heureusement pour le Président, le fort de Brégançon est un roc, mais le retour à Paris sera des plus compliqués. À qui la faute ?
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