Budget 2009 : le gouvernement doit revoir sa copie sans état d’âme
J’avoue ne pas bien comprendre cette appréhension qu’ont les gouvernements (de droite comme de gauche) à annoncer des vérités simples, certes difficiles, mais que les Français ont déjà intégrées dans leur esprit et dans leur comportement…
De même, il existe une autocensure linguistique avec des mots soi-disant tabous. Alors que tous les observateurs annonçaient des conséquences inéluctables de la crise financière sur l’économie, les ministres ou porte-parole parlaient d’envisager une croissance « négative », ce qui est un non-sens, et quand on ose le mot « récession », on lui colle l’adjectif « technique » ce qui ne veut rien dire. « Relance », « rigueur », etc., subissent les mêmes contorsions verbales.
Il suffit. Les Français sont suffisamment adultes et au courant des tourments financiers de la planète pour comprendre que les mois qui viennent vont être difficiles. Le président Sarkozy et la majorité actuelle ont le temps devant eux et les Français ne les jugeront qu’en 2012. Certes, il y aura entre-temps les élections européennes puis régionales. Les européennes sont particulières et les régionales ne peuvent pas être plus mauvaises pour la majorité que les dernières où la gauche avait remportées 20 régions sur 22.
Le gouvernement, n’ayant pas ou peu de contraintes « électorales » doit donc revoir sa copie et présenter un budget vérité. A partir du moment où la politique et les objectifs sont clairs et correctement expliqués, il n’y a aucune réticence à avoir. Les Français, conscients de la situation, s’ils râlent, ont fait une croix depuis des mois sur les promesses électorales à propos du pouvoir d’achat. Dans la difficulté, ils ne réclament que deux choses : la vérité et la justice dans les efforts consentis.
S’entêter sur un budget assis avec une croissance d’1 % n’est pas acceptable alors que 0,2 % comme en Allemagne serait plus réaliste. Le reste peut rester à l’identique comme la parité euro/dollar à 1,45 ou le baril en moyenne à 100 $ bien que je pense qu’il sera à un prix inférieur. De même, 2 % pour le pouvoir d’achat et pour l’inflation sont raisonnables. Certes, le déficit va s’aggraver dans l’immédiat, mais le Traité de Maastricht le permet quand les circonstances l’exigent. Quant à créer des taxes ou impôts supplémentaires sur les entreprises et les particuliers pour limiter les déficits, cela ne ferait qu’ajouter une crise à la crise.
Le gouvernement parle maintenant de plan de relance pour combattre les effets de la crise et la montée prévisionnelle du chômage. S’il doit y avoir relance cela doit se faire dans la concertation avec les autres pays industrialisés et ciblé vers l’aide à l’investissement pour les entreprises ainsi qu’aux particuliers comme une plus grande facilité d’accès au crédit auprès des banques. L’aide annoncée de 5 Mds d’euros pour les collectivités locales va dans le bon sens. Une relance par la consommation comme le réclament certains à gauche serait illusoire. Les caisses sont vides et on ne distribue pas de la richesse que l’on n’a pas et de plus cela n’aurait aucune conséquence sur le chômage. Quant à une politique de grands travaux, les délais d’engagement sont trop longs pour être efficaces à court terme.
Tout cela méritera, en parallèle, un travail d’explication et de rappeler que, même si les prochains mois s’avèrent difficiles, les objectifs en matière de finances restent les mêmes : ceux de la maîtrise des dépenses publiques et dès que la conjoncture internationale le permettra ceux de la réduction des déficits et de la dette. De même, les réformes de structure pour préparer l’avenir doivent se poursuivre et elles ont l’avantage de ne rien coûter à l’Etat.
Dans son malheur, le gouvernement a de la chance. C’est d’avoir une gauche peu audible engluée dans ses propres tourments, ses rivalités de personne et ses contradictions politiques internes. Pour le seul Parti socialiste, les motions présentées dans le cadre du Congrès de Reims sont toutes économiquement obsolètes compte tenu de la crise internationale. Quant à François Bayrou, même s’il rappelle quelques vérités justes, il est bien seul pour peser dans l’immédiat.
Le gouvernement doit donc s’attendre à traverser la tempête et le courage politique doit être au rendez-vous.
Mais il n’est pas seul. L’Europe et ses 27 pays sont désormais un soutien de poids. La crise aura eu au moins un mérite : la prise de conscience des Européens qu’il fallait être désormais unis pour mieux affronter les difficultés immédiates et les défis de l’avenir.
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