C’est la crise. N’oubliez pas de voter en 2012
Je ne sais pas pour vous mais je commence en avoir personnellement marre de ces réunions de la dernière chance ou de ces grandes déclarations martelant l’état d’urgence sur la situation européenne.
Je suis conscient que l’économie européenne n’est pas au beau fixe, mais pourquoi nous le rappeler tous les jours ? Si on souhaitait instaurer un climat de peur, on ne s’y prendrait pas autrement. C'est en tant qu’analyste sur le « risque » lié aux marchés financiers que je vais partager avec vous mon sentiment sur la situation actuelle.
D’après ce que je crois comprendre de l’actualité, les financiers qui se sont ignoblement gavés sur le dos des plus malheureux ont entraîné la crise européenne que l’on connaît aujourd’hui. Je m’étonne. En effet, je viens de perdre deux collègues dans mon service parmi les 1300 personnes de la première vague de licenciements. Je n’ai pas touché de primes et mon salaire est fixe depuis 3 ans. Nous avons évidemment quelques chefs très bien rémunérés, mais je les vois plus souvent sur Google News ou boire des pintes le vendredi soir, que d’essayer d’appauvrir la Croatie ou l’Irlande.
Dès lors, quand j’entends les différents politiques accuser les marchés de tous les maux de la société je m’inquiète. En effet, je fais la constatation que ceux qui nous gouvernent (ou ont le souhait de nous gouverner) n’y connaissent absolument rien. Pourquoi politiques et médias parlent-ils autant de la notation de crédit ? Je rappelle tout de même que la notation triple-A résulte d’un algorithme mathématique qui, selon un mouvement brownien, traduit une probabilité de défaut dans un intervalle de temps donné. Je tire ma révérence au génie capable de prévoir les conséquences économiques et sociales d’un mouvement de cette note. Ayant fait des études en probabilité pendant cinq ans, la seule chose que je suis capable de vous dire c’est que je n’en sais absolument rien.
Alors évidemment, je conçois qu’il est plus aisé d’avoir un ennemi identifié sur qui taper. D’un côté, je comprends cette technique politique : On cherche à séduire en voulant faire croire aux gens que des solutions simples et rapides existent. C’est d’ailleurs pour cela que tous les candidats usent de cet argument afin de promettre qu’un avenir meilleur est possible quand on aura « discipliné les marchés. »
Cependant quand j’observe l’affaire Goldman Sachs qui - il faut le reconnaître - a honteusement réussi à placer ses partenaires au sein des plus grandes instances européennes, ce n’est pas l’entreprise que je désignerais comme principale responsable. Mais les politiciens corrompus qui ont accepté de placer Mario Draghi ou Mario Monti. Ce sont ces mêmes politiciens que vous pourrez voir, vendre leurs expériences d’élus européens lors de grandes conférences privées à 10,000 euros la journée. Ces mêmes politiciens qui se seront fait élire en essayant de vous vendre le « bien » et vous annoncent aujourd’hui que spéculer (Compter sur quelque chose pour atteindre son objectif – Cf Robert), c’est mal. Ce sont eux les financiers véreux qui polluent le monde économique. Si l’Europe va mal inutile de chercher dans les papiers, mais regardez ceux qui les rédigent.
Moi je vais vous dire ce que vous devez faire du triple A, vous devez vous en moquer : cela n’aura jamais de conséquences sur votre vie de tous les jours. Sauf si vous comptiez contracter un emprunt à 5 milliards d’euros. Et quand bien même cela pourrait avoir une conséquence, cela n’empêchera pas l’Etat de nous ponctionner d’avantages et de réduire les dépenses sociales. Ces différents Etats de tout bord qui se sont offert un âge d’or politique après une vie à rallonge pendant plus de 35 ans. La dernière fois que l’Etat était à l’équilibre, c’était en 1975. Comment peut-on vous annoncer sereinement du jour au lendemain que ce sont ces trois lettres qui sont les responsables ?
Mais je ne suis pas très honnête avec vous. Je dois reconnaître que même si je vous dis tout ça, à l’heure actuelle, je suis moi aussi atteint de AAAphobie. En effet, à mon tour contaminé par ce climat de peur, je suis inquiet pour mon travail. Je me demande tous les jours si la RH ne va pas me contacter pour m’annoncer la rupture de mon contrat. Je critique beaucoup, mais je reconnais que je n’ai pas de solutions. Dès lors, je deviens sensible au discours des personnes qui me promettent un avenir meilleur en 2012. Cependant, le rêve s’effondre lorsque les arguments redeviennent les mêmes.
Je ne sais pas pour qui je vais voter en 2012, mais ce que je sais, c’est que j’ai hâte que ces élections soient terminées pour que l’on ait enfin la paix.
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