Candidats au mensonge

A 2 mois de l’élection présidentielle, alors que tous les candidats, ou presque, sont sur la ligne de départ, on se demande qui gagnera la compétition du meilleur menteur.
Dernier à s’être déclaré, le candidat président a pris tout le monde par surprise affirmant qu’Hollande est un menteur.
On sait que la meilleure défense, c’est l’attaque, mais celui qui n’a cessé de dire une chose, puis son contraire n’est peut être pas le mieux placé pour traiter les autres de menteurs. lien
D’ailleurs, Marine le Pen, voyant ses électeurs lui échapper à nouveau, comme en 2007, puisque le candidat de l’UMP tente encore une fois de « tirer les marrons du feu », a décidé d’attaquer frontalement l’autocrate président en le traitant à son tour de menteur, proclamant qu’elle est la « candidate de la vérité face au mensonge ». lien
Sur le chapitre du nucléaire, elle accuse le chef de l’état de mentir : il avait promis un référendum d’initiative populaire sur ce sujet, ajoutant « voilà encore une promesse qui n’a pas été tenue ». lien
On ne peut tout à fait lui donner tort.
C’est Jean François Kahn qui, dans un livre récemment paru, (MENTEURS ! Édition Plon) fait le tour de la question du mensonge en politique, égrenant entre autres ceux du locataire de l’Elysée. lien
Florilège : « Il n’y aura pas de suppression d’emplois chez AREVA (…) L’usine Gandrange, j’en prends l’engagement, ne fermera pas (lien) Un ordre juste règne à la Courneuve, nettoyée au Karcher (lien) Moi, Sarközi j’ai (…) voté en faveur de la retraite à 60 ans (lien) et j’ai participé, pioche à la main, à la destruction du mur de Berlin (lien) Les usines Dassault croulent sous les commandes d’avions Rafale (lien) Pourquoi allons-nous nous retirer prématurément d’Afghanistan ? parce que nous avons gagné la guerre (lien) Je ne vois pas ce que nous irions faire en Afghanistan (lien) Les rétro commissions de Karachi, une fable (lien) Pas question d’augmenter les taux de TVA (lien) Les hausses d’impôts ? jamais tant que je serait président (lien) On n’a jamais fait autant de réformes que moi (…) si on perd le triple A, je suis mort (lien) puis plus tard, « la perte de notre triple A n’aurait rien de catastrophique (lien) Je peux vous annoncer que grâce a la politique que nous avons mené, le chômage va, dans les jours qui viennent, entamer sa décélération (lien) Préconiser d’accorder un droit de vote aux immigrés intégrés est une forfaiture, mais s’y opposer est totalement illogique (lien) Tva sociale ? vous ne m’avez jamais entendu prononcer ce mot (lien) Je ne crois en rien en une augmentation des prix (…) Au Royaume Uni, il n’y a plus d’industries (…) Avec les accords « compétitivité-emploi » on va supprimer les 35 heures » etc.…lien
Pour ceux qui auraient encore quelques doutes, cette courte vidéo les éclairera parfaitement.
La désindustrialisation de notre pays est une réalité cruelle, et grâce au journal « Le Monde », on peut en constater l’importance sur cette carte interactive, départements par départements.
N’en jetons plus, la cour est pleine.
Quant à Marine Le Pen, elle serait bien inspirée de balayer devant sa porte.
Après avoir vanté les mérites du nucléaire, défendant « le maintien du programme nucléaire », quelques jours après la catastrophe de Fukushima, elle a fait volte face peu après, déclarant : « la sortie du nucléaire était un objectif qu’il faut avoir à l’esprit parce que c’est une énergie énormément dangereuse ». lien
Dans un autre domaine, elle a affirmé que son parti n’avait jamais fait élire un seul conseiller général, (lien) or c’est totalement faux, puisqu’on se souvient que le FN à déjà compté jusqu’à 13 conseiller généraux dans le passé. lien
Elle a aussi déclaré que « le front national n’a pas eu de passé antisémite », (lien) oubliant manifestement les sorties scandaleuses de son père sur le thème des « chambre à gaz » dont il disait que c’était un « détail de l’histoire », ou des nombreux militants du FN qui n’hésitent pas à arborer publiquement leurs penchants nazis, comme Alexandre Gabriac, membre du comité central du FN, et suspendu depuis. lien
Mais ce n’est pas un cas isolé. lien
Et puis personne n’a oublié qu’elle s’est rendu récemment au bal des néo-nazis autrichiens, organisé par la société secrète membre de la « fraternité allemande » qui rassemble les nostalgiques du « grand Reich ». lien
Ajoutons pour la bonne bouche les déclarations audacieuses de Gilbert Collard ; alors qu’il vient de déclarer « sa flamme » au front national, il affirme : « le FN, n’est pas d’extrême droite », ce qui est pour le moins surprenant, lorsque l’on regarde de plus près la composante des responsables du FN.
De Louis Alliot, vice président de ce parti, et compagnon de MLP, à Frédéric Chatillon, son conseiller en communication, lequel fréquente allègrement les milieux néo-nazis et a organisé une rencontre entre ces milieux en Italie avec sa présidente, (lien) connu aussi pour sa position pro Bachar Al-Assad, grand admirateur de Mussolini, président du GUD, il parait un peu incongru de faire avaliser l’idée que le FN n’est pas d’extrême droite. lien
Collard a saisi l’occasion du dérapage de Guéant sur « ces civilisations qui ne se valent pas », en affirmant qu’au FN on aurait jamais osé tenir de pareils propos, alors que pour Bruno Gollnisch, c’est une évidence. lien
Quant à François Hollande, qui a laissé récemment échappé une bourde en affirmant « il n’y plus de communistes en France », il corrige le tir en ajoutant que cette phrase tirée de son contexte finissait par « ou plus beaucoup » et qu’il avait simplement voulu dire que « les communistes ne représentent plus la même force qu’avant » et qu’il s’agissait dans sa déclaration d’évoquer « la période Mitterrand ». lien
Sur le chapitre nucléaire, même s’il ne s’agit pas vraiment d’un gros mensonge, on ne peut que constater la « valse hésitation » du candidat PS qui, après avoir déclaré qu’il passerait la part d’électricité nucléaire de 75% à 50% d’ici 2025, n’évoque plus maintenant que la fermeture de Fessenheim, ce qui nous met loin des 50% car pour y arriver il faudrait fermer au moins une autre centrale. lien
Les autres candidats ne sont pas en reste, car de Boutin qui manie la menace d’une « bombe atomique » sur la campagne de Sarközy (lien) si elle n’obtient pas ses signatures, à Morin qui est passé de la candidature indépendante, de la posture du « candidat de la vérité » (lien) à la candidature de témoignage, (lien) pour finir par rejoindre les bancs de l’UMP, (lien) leur sincérité est mise à rude épreuve.
Alors devant tous ces naufrages, Sarközy, veut se parer des habits du capitaine du bateau France : mais qu’était-il donc jusqu’à présent ? Un passager clandestin, un hôte de luxe ?
À y réfléchir à deux fois, son choix reste discutable lorsque l’on sait comment à fini le paquebot France…vidéo
Mais au-delà de cette posture, ou imposture, comment pourra-t-il faire campagne ?
Il ne peut plus, comme il y a 5 ans, accumuler les promesses, puisque chacun sait ce qu’il en a été.
Le slogan (la France forte) qui sera le leitmotiv de sa campagne prend eau de toute part, ce qui tombe plutôt mal pour celui qui se veut capitaine du navire « France », et l’humour s’invite pour ridiculiser ce slogan.
De la France Forte, à la Finance Forte, en passant par le Franc Fort, (complété comme il se doit par deux petites saucisses chères à Anne Roumanoff), (lien) ou encore mieux « la Franc fort » en passant par « la France coule », la France Flotte, les internautes s’en donnent à cœur joie, et « l’Express » propose une vingtaine de jolis détournements. lien
Le plus amusant c’est que cette image parlant de la France propose un paysage grec, ce qui au vu de la situation dans ce pays, n’est peut-être pas du meilleur gout. lien
Pour rester sur le ton de l’humour, un internaute a réalisé cette courte vidéo, mettant dans la bouche du candidat président, les mots de Raymond Devos.
Lors de son discours de Marseille, il accuse Hollande de ne pas aimer la France, (lien) mais lui, l’aime-t-il ou aime-t-il seulement le pouvoir ? Est-il possible d’aimer son peuple si on lui ment continuellement ?
On peut raisonnablement penser que Chirac aimait les français, et comment ne pas croire qu’il en était de même pour De Gaulle.
On sait que Marine le Pen ne les aime pas tous de la même manière, (lien) et qu’Hollande dit les aimer, (lien) tout comme Mélenchon, ou Eva Joly, Bayrou, ou Villepin, mais qu’en est-il du présidendidat ?
Ce qui est certain c’est que son épouse ne les aime pas, et préfère l’Italie à la France, comme elle l’a déclaré à plusieurs reprises (lien) ; ce qui ne l’empêche pas de faire campagne, se voulant la première supportrice de Nicolas Sarközi. lien
Alors aujourd’hui, à l’instar d’un Staline qui se posait en "petit père du peuple", il veut se parer des habits d’un « homme du peuple », essayant de faire oublier l’image qu’il a eu pendant 5 ans, avec son lot de Rolex, de bling-bling, de Yacht d’amis friqués, de Fouquet’s… lien
Mais les français vont-ils le croire une fois à ce nouveau changement ? Car comme dit mon vieil ami africain : « on ne prend pas un hippopotame avec un hameçon ».
L’image illustrant l’article provient de « tpprovence.wordpress.com »
Merci à Corinne Py pour son aide efficace.
Olivier Cabanel
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