Castration chimique : L’eugénisme de l’UMP
Quand un pédophile récidiviste déjà impuissant réclame au Président sa castration physique, Brice Hortefeux loue les qualités génétiques du dauphin Jean.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH204/L_eugenisme_de_l_UMP-eb138.jpg)
En pleine double affaire Frédéric Mitterrand - Jean Sarkozy, le gouvernement a sauté sur l’occasion pour changer de sujet en relançant la polémique sur la castration chimique. Thème ô combien populiste et, ça va de pair, cher à l’opinion publique. Deux faits divers sont à l’origine de cette charge : l’homicide de la joggueuse Marie-Christine Hodeau par un violeur récidiviste fin septembre ; et la comparution devant les assises du pédophile lui-aussi récidiviste, Francis Evrard, ce lundi 25 octobre. Ce dernier s’est d’ailleurs fendu d’une lettre à Nicolas Sarkozy lui priant de lui accorder la délivrance de son mal par castration physique. "De toute façon, à mon âge actuel, je n’en souffrirai pas et cela empêchera mes tendances envers les enfants » a-t-il déclaré.
Si c’est dans les gènes, c’est pas dans les couilles !
Que peu bien penser notre Président de cette demande de mutilation ? Si l’on s’en réfère à son entretien d’avec Onfray dans les colonnes du mensuel Philo Mag juste avant son élection de 2007, Nicolas ne devrait pas pouvoir céder à la demande du prévenu : « J’ai tendance à penser qu’on naît pédophile », avait-il affirmé. Un coup de bistouri au-dessus des roubinioles semble dès lors très insuffisant pour effacer un trait aussi contingent, caractéristique d’un individu. Si l’on naît pédophile - conception scientifique naïve et enfantine, pour ne pas dire dangereuse et totalitaire - l’on présuppose que cette perversion est inscrite dans nos gènes. Par conséquent, la simple ablation de nos organes reproducteurs ne servirait à rien.
De l’utilité des sciences humaines
Car si Francis Evrard réclame sa castration, son « corps ne réagit ni à l’excitation ni à la prise de médicaments », selon Me Emmanuel Riglaire, l’avocat de la victime. En clair : le pédophile récidiviste est déjà impuissant. Une castration chimique - dont la mise en place sera examinée par les députés fin novembre à la demande du Président - ne serait pas efficace. La perversité, à savoir le plaisir qu’on peut retirer à voir autrui souffrir, est bien plus liée à un problème cérébral qu’à une vigueur sexuelle. Et nous ne prenons ici en compte que les données purement physiologiques. Toute personne familière de l’amoncellement des connaissances en sciences humaines - et en si mauvaise posture dans nos universités - est capable de convenir rapidement à une nécessaire interaction entre l’acquis génétique d’un individu et la somme de ses expériences vécues, pour expliquer un comportement, un trait, une inclinaison.
Le gène de la démagogie
Mais quand on est tributaire du peuple pour assouvir un succès électoral, on prend souvent le chemin le plus court. Ainsi, Michèle Alliot-Marie annonçait au début du mois « une loi avant fin octobre pour rendre la castration chimique applicable ». Ségolène Royal n’est pas en reste : « Tout ce qui va dans le sens d’empêcher les prédateurs sexuels de récidiver doit être proposé ». La palisse n’aurait pas dit mieux. Quand on vous disait qu’elle serait parfaite dans le rôle de Frédéric Lefebvre pour assurer la com’ de l’UMP...
Hortefeux l’ingénu
Car, à l’exception de l’ex-candidate PS (Populisme Soft), l’obsession pour les théories eugénistes et leurs moyens barbares d’application devient une marque de fabrique de l’UMP. Tel Brice Hortefeux, qui louait sur le plateau de « A vous de juger » les qualités que Jean Sarkozy avait hérité de son père : "Il a incontestablement des points communs (avec Nicolas Sarkozy). Il a, à la fois la passion, euh... mais en même temps la raison, et finalement ce sont des qualités euh, en l’occ... génétiques." (26 ème minute de l’émission du 21/10).
Pour le père du fiasco des tests ADN sur les candidats à l’immigration, cette déclaration n’est sans doute pas choquante. Mais les mots ont un sens, et celui qui est venu à la bouche de Brice Hortefeux a été « génétique ». Il aurait pu dire « héréditaire », mais non. Pour Brice, il y a le gène de la raison, le gène de la passion. Pas besoin de faire des études, de passer des diplômes, on est comme on naît...
A force de vouloir séduire l’opinion publique, le politique finit par réduire son discours à une peau de chagrin. De réductionnismes en amalgames, nos représentants n’assument plus leur rôle pédagogique. Au-lieu d’élever notre niveau de connaissance, le représentant du peuple, éternel candidat en campagne, joue le sophiste et s’abaisse au niveau du plus ignorant pour mimer son discours inculte. Sans y croire lui-même, et c’est là que le peuple y perd. Quand un membre du gouvernement affirme que la raison et la passion sont des qualités génétiques, il légitime tout à chacun à penser de la même manière. Et c’est Luc Chatel qui en paiera les pots cassés ; car à force de contre-vérités épistémologiques, les profs de sciences et de philo vont avoir du boulot !
Documents joints à cet article
![Castration chimique : L'eugénisme de l'UMP](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L604xH128/animal-politique-banniere-09435.jpg)
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON