Ce 13 mai 2018 est le soixantième anniversaire du putsch d’Alger, un évènement fondateur de la cinquième République jamais commémoré
Ce 13 mai 2018 est le soixantième anniversaire du "putsch d'Alger", un coup d'État qui en 1958 a conduit le général de Gaulle à être l'initiateur de la constitution régalienne de la cinquième République qui régit toujours aujourd'hui nos institutions politiques. "Ce jour-là, à Alger, les manifestations organisées pour saluer la mémoire de trois soldats français exécutés par le FLN et pour s’opposer à la formation à Paris d’un gouvernement présidé par Pierre Pflimlin tournent à l’émeute. L’armée fraternise avec les manifestants. Un Comité de salut public est constitué sous la direction du général Massu qui adresse au président de la République, René Coty, un télégramme exigeant la création à Paris d’un gouvernement de salut public." (Une de L’Écho d’Alger). Ces évènements sont à l'origine de la naissance de la Vème République, cet épisode capital du 13 mai 1958 n'est jamais commémoré et les manuels d'Histoire de France n'en parlent absolument pas. Pourquoi ce silence ? Gageons qu'aujourd'hui ce chapitre de l'histoire de France ne sera toujours pas évoqué par la presse et les autorités. Je ne pouvais pas laisser passer cette date anniversaire du 13 mai 1958 sans réagir ! En effet, c'était bel et bien un coup d'État démocratique qui se mettait en place, car de Gaulle scrutait les évènements pour les exploiter à son profit, quand il ne les provoquait pas... il avait de fervents adeptes à Alger dont Léon Delbecque, vice-président du comité de salut public. De Gaulle a tiré les ficelles en chattemite depuis sa résidence de Colombey-les-Deux-Églises en se campant comme l'ultime recours pour sortir la France de l'ornière du problème algérien. En sa résidence champenoise, il se tenait coi, au-dessus de la mêlée alors qu’il manigançait un subtil jeu politique pour reprendre le pouvoir. De Gaulle voulait rester irréprochable et laissait agir ses militants en France et en Algérie (Debré, Sanguinetti, Guichard, Pasqua, etc.) pour que l’Armée monte l'opération militaire "Résurrection" prévoyant un parachutage de troupes sur la Corse qui a eu lieu le 24 mai 1958. Cette opération militaire devait être suivie d'un second parachutage en région parisienne le 28 mai 1958 pour mettre de Gaulle au pouvoir par la force, si besoin avait été. Le grand Charles se servira de "Résurrection" comme d'un pistolet pour menacer le pouvoir politique en place et la paix civile. Lors de sa conférence de presse du 19 mai, le grand Charles a prononcé le mot de résurrection « …Mais aussi, ce peut être le début d'une espèce de résurrection… » À la question d'un journaliste : "Certains craignent que, si vous reveniez au pouvoir, vous attentiez aux libertés publiques." Il a eu cette répartie célèbre : « Est-ce que j'ai jamais attenté aux libertés publiques fondamentales ? Je les ai rétablies. Et y ai-je une seconde attenté jamais ? Pourquoi voulez-vous qu'à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? » http://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00210/conference-de-presse-du-19-mai-1958.html
"De Gaulle veut les pleins pouvoirs, la mise en congé du Parlement et une nouvelle Constitution taillée sur mesure." Organisée à Paris par le Président de la République René Coty, une entrevue a lieu entre De Gaulle et les présidents des deux chambres Gaston Monerville pour le Sénat et le président de l'Assemblée nationale, le socialiste André Le Troquer qui dit tout net à De Gaulle qu'il entend s'opposer à son arrivée au pouvoir, de Gaulle lui répond : « eh bien si le Gouvernement vous suit, je n’aurai pas autre chose à faire que vous laissez vous expliquer avec les parachutistes et rentrer dans ma retraite en m’enfermant dans mon chagrin ». Le 29 mai, Pierre Pflimlin est démissionnaire, le Président Coty appelle enfin de Gaulle au pouvoir et lui demande de constituer un « Gouvernement de salut national et de procéder à une « réforme profonde de nos institutions ». Cela entraîne l’abandon de la phase parisienne de l’opération Résurrection. " Avec l'abandon de "Résurrection", le général est revenu en douceur sur la scène politique, mais c'est bel et bien un coup d'État qui l'a mis aux commandes de la Nation ! On comprend mieux pourquoi l'on n'évoque jamais ces faits troubles de conspiration qui terniraient la mémoire du Général, lequel serait devenu un réel dictateur si l'opération "Résurrection" était allée à son terme. J'ai regardé avec intérêt le documentaire s'intitulant "Mai 1958, le printemps du général" que France 5 diffusait le 6 mai dernier sur ses antennes, à une heure de faible écoute (22h40)… c'était cependant louable, mais il aurait été préférable de diffuser cette émission sur la 2ème ou la 3ème chaîne à une heure de grande écoute, j'ai regretté l'absence de Christophe Nick parmi les commentateurs (Historien auteur du meilleur ouvrage sur l'opération Résurrection)…Aucun Président de la V ème République, sous quelque régime que ça soit, de gauche comme de droite n'évoque ces faits historiques. Ces institutions monarchiques conviennent à tous les partis politiques, elles permettent à celui qui est à la tête de l'État de gouverner comme bon lui semble, en utilisant tous les leviers régaliens de la constitution à la condition d’avoir une majorité à l’Assemblée nationale. Le calendrier électoral qui place les élections législatives un mois après les élections présidentielles donne bien souvent au Président élu une Assemblée nationale qui lui est acquise. Les députés sont élus au suffrage universel direct uninominal majoritaire à deux tours dans les circonscriptions électorales qui varient au gré du pouvoir en place et en fonction de l'évolution démographique. Ce mode de scrutin tient plus d'une représentation départementale que du reflet des courants de pensée des Français. Institué sous la IIIème République, il est archaïque et il est fondamentalement antidémocratique, il est bien dans le style bonapartiste de la Constitution qui veut donner au Président les moyens de gouverner comme un monarque. L'action patriotique du général de Gaulle durant la Seconde Guerre mondiale et son comportement en tant que chef du Gouvernement provisoire d'août 1944 à janvier 1946 révèle un homme aimant son pays, ayant une vision certaine de la grandeur de la France. On peut aisément comprendre ses motivations devant l’impuissance des gouvernements de la IV ème République face au conflit algérien. Aujourd’hui c’est une époque révolue, vieille de soixante ans, le contexte politique est totalement différent. La France a besoin de plus de démocratie, est-il besoin d’avoir une telle constitution pour affronter les problèmes actuels ? Notre Président en exercice a fait comme ses prédécesseurs. Il possède une Assemblée largement majoritaire qui ne lui sert que de chambre d’enregistrement alors qu’il ne gouverne que par ordonnances. Il règne en despote ultralibéral faisant table rase de tous les acquis sociaux pour le plus grand plaisir du Medef qui l’a mis en place. C’est un grand malade des réformes à la vitesse du son ! Un an après son élection, il est déjà très impopulaire et s’est attiré bien des inimitiés. Macron est un rouleau compresseur qui laminera sur son passage toutes les conquêtes sociales acquises de haute lutte par nos pères et nos aïeux. Qui pourra reconstruire derrière un tel raz-de-marée de réformes ? Cet homme machiavélique, méprisant et destructeur n’apportera rien de bon pour les classes laborieuses et les plus démunies…
Texte rédigé à Chaumont, préfecture de la Haute-Marne à quelques kilomètres de Colombey-les-Deux-Églises où je faisais étape le 13 mai 2018 lors d'un voyage vers l'Alsace tout à fait par hasard.
Sources : -Les institutions de la Ve République 2018 Par Aurélien Baudu
-Mémoires de guerre et mémoires d'espoir Par Charles de Gaulle
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