Ce que François Bayrou fera au second tour… s’il n’est pas élu au premier
Ce qui n’est pas joué d’avance …
Tout d’abord pourquoi n’est-ce pas joué d’avance ?
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Parce que les Français pour la plupart ont suivi superficiellement la campagne, n’ont pas tout écouté, n’ont pas lu les projets, ne sont pas suffisamment informés de la situation réelle du pays et donc peuvent plus difficilement juger des annonces et des promesses des candidats. Tout le monde sait qu’il y a une crise économique, une crise des dettes en zone euro, quela Franceaccuse un déficit public et souffre d’un chômage croissant. Mais la dette, c’est un sujet « technique », d’économistes. Ils ne se rendent pas compte que même si l’Etat n’était plus en déficit, ses 1700 milliards euros de dette (26 000 euros par Français ou encore 40 000 euro par actif) génère annuellement une charge en intérêts de 50 milliards, plus que l’impôt sur le revenu, plus que le budget de l’éducation nationale, soit 2,5% du PIB, comme si sans cette chargela Franceavait 2,5% de croissance !
On bassine quotidiennement les Français de sondages plutôt que d’informations éclairantes sur les problèmes du pays aidant à comparer les propositions. Aucun débat (même l’émission en deux soirées des « Paroles et des Actes » sur France 2, donnant la parole à chaque candidat pendant 16 minute, était un simulacre, relevait plus du speed-dating que d’un débat dont on a privé les Français. Les vrais sujets essentiels et vitaux, qui devraient être débattus, sont le chômage et la réindustrialisation dela France, le rétablissement de ses finances publiques et de sa balance commerciale extérieure, la refondation de l’Europe passant par une gouvernance démocratique, plus de projets communs, une mutualisation de ses dettes publiques, une reprise en main de l’éducation et de la formation en général. Mais les candidats préfèrent parler de boucherie Halal ou de permis de conduire, bref, des sujets de diversion … sauf François Bayrou justement qui parle de ces sujets essentiels.
Dans ces derniers discours, remarquons que François Bayrou passe environ les trois quarts de son temps sur l’analyse de la situation, l’explication des causes de nos maux, de la dette, du chômage, du financement des retraites. « Tout se tient, ces maux sont en fait les fruits d’un même arbre, le fait que nous ne produisons plus en France », dit-il. Et il nous livre une démonstration, qui part du déficit du commerce extérieur, c'est-à-dire la différence entre nos exportations et nos importations. Avant 2005, nous étions excédentaires. Puis en sept ans, la balance est devenue de plus en plus déficitaire, atteignant 70 milliards d’euro en 2011, soit 3,5% du PIB ou encore en montant l’équivalent du salaires charges comprises de 3 millions de gens ! Alors que celle de l’Allemagne (qui était en pleine crise en 2004, subissant le coût de la réunification), s’est améliorée au point d’atteindre 160 milliards d’euro. Et La chine ne pèse que pour 24 milliards dans ce déficit extérieur, car nous sommes surtout déficitaires vis-à-vis de nos partenaires européens (18 milliards avec l’Allemagne), à l’exception de la Grèce[1]. Et lorsque nous achetons à l’étranger au lieu de biens produits chez nous, il n’y a aucune contribution au financement de notre sécurité sociale, de notre retraite, de notre caisse chômage, à l’impôt sur le revenu des salaires correspondant. Ce qui accroît donc aussi notre déficit public !
La presse internationale le dit, les journalistes le reconnaissent : c’est François Bayrou qui a la meilleure vision, la meilleure analyse, des propositions constructives sur les sujets essentiels que sont l'emploi et le surendettement de l'Etat, sans oublier l'éducation. Le chiffrage des projets de Nicolas Sarkozy et de François Hollande n'est pas réaliste, pour l'un comme pour l'autre, car il retient un taux de croissance compris entre 2 et 2,5% alors que le taux officiellement prévu est à présent de 1,5%, taux retenu par François Bayrou dans son projet. François Bayrou veut dire la vérité, mais quand cette vérité fait peur, qu'elle dérange, les gens préfèrent ne pas l'entendre et être séduits par des solutions irréalistes. Bayrou fait appel à la conscience et à la responsabilité des citoyens, il leur fait confiance. Mais quand ces derniers ne lisent plus les journaux et ne regardent que le 20h de TF1 ou éventuellement un zapping du journal gratuit pour suivre l'actualité, qui délivrent quotidiennement des résultats de sondages plutôt que comparer les propositions des candidats, il est impossible de comprendre les sujets de fond, on sombre dans la démocratie d'opinion et dans la note de gueule.
C'est lamentable, affligeant, pitoyable, la décadence de la démocratie. Même cet engouement pour Jean-Luc Mélenchon, je le comprends, car ce candidat révolutionnaire sait drainer la colère du peuple en même temps qu'il dégage une chaleur humaine, "l'humain d'abord". Mais ses solutions sont complètement irréalistes, mettraient le pays en ruine, sans que les gens s'en rendent compte. Avec Jean-Luc Mélenchon, tout paraît simple, l'Etat va tout prendre en charge, « yaca » prendre aux riches et créer de la monnaie banque centrale, de la monnaie de singe (ce qu'on ne peut même pas faire à moins de sortir de l'euro, ce qui serait encore pire, et cela créerait une énorme inflation). C'est un discours déresponsabilisant et infantilisant.
Bayrou n'a pas voulu sombrer dans la démagogie ni user de marketing, d'agence de communication, préférant la conviction à la séduction et à la manipulation. C'est cela qui fait sa faiblesse dans les intentions de vote. Mais c'est tout à son honneur, il respecte vraiment les électeurs.
Nous arrivons donc à la semaine cruciale précédant le scrutin : soit les Français se réveillent, soit s’est plié et le scrutin donnera raison aux sondages.
Actuellement ces sondages donnent au second tour Hollande à 53% contre Sarkozy à 47%. Les 10% d’électeurs de François Bayrou peuvent donc faire basculer le vote. Le dernier sondage sur les reports de voix de Bayrou donne 42% sur Hollande, 39% sur Sarkozy et 19% blanc. Si les votes blancs de Bayrou (2% des voix) basculaient sur Sarkozy ainsi que la moitié de ceux préférant Hollande (encore 2%), cela représenterait 2% des voix, ce qui donnerait Sarkozy gagnant.
On comprend alors toutes les œillades de Chimène faites à François Bayrou (et à ses électeurs), la fois par Nicolas Sarkozy et ses proches et par François Hollande. Devant un tel enjeu, l’hypothèse d’une nomination de François Bayrou premier ministre de Sarkozy est avancée par l’UMP, distillée dans les médias pour faire buzz.
Mais imaginez-vous vraiment François Bayrou accepter une telle nomination ? Alors qu’il aurait déjà pu l’obtenir en d’autres temps, comme des personnes issues du PS l’ont même accepté en 2007 (Bernard Kouchner, Claude Allègre, Luc Besson, …). Ce serait humiliant pour lui, il démissionnerait au bout d'un mois ... Il perdrait son âme et la considération non seulement de ses électeurs, mais de ses propres enfants.
S'il n'est pas au second tour, je pense qu'il soumettra aux 2 candidats en lisse une sorte de charte d'engagement sur les points qui lui paraissent essentiels de son projet, à savoir :
- l'assurance du retour à l'équilibre des dépenses publiques, le retour à zéro du déficit, et un plan pour générer un excédent visant à rembourser progressivement la dette quand la croissance sera de retour ;
- l'établissement d'une véritable politique industrielle mobilisant tous les acteurs pour le "produire en France", assorti du label avec la part produite en France ;
- la préservation des moyens de l'éducation nationale avec certaines de ses propositions sur l'école ;
- le référendum sur la moralisation de la vie politique dès juin 2011, avec part de proportionnelle à l’Assemblée nationale.
Les candidats devront officiellement s'engager sur ces points et publier leur réponse. Il laissera alors ses électeurs se prononcer en toute conscience, les laissant libre de leur vote, qui d'ailleurs ne lui appartient pas.
Bien sûr, cette situation mettrait à nouveau François Bayrou dans une situation difficile pour les législatives car sans accord d’alliance, les candidats se présentant sous étiquette Modem vont subir la concurrence des grands partis et il est peu probable qu’une part de proportionnelle puisse être mise en place dès ce scrutin. 10% des voix ne font pas 10% des sièges … Cependant, des députés élus sous la bannière UMP, PS ou même EELV pourraient très bien une fois élus décider de rejoindre un groupe parlementaire d’accord d’unité nationale, conduit par François Bayrou. Ce n’est pas impossible. Mais le faire savoir par avance risque d’handicaper leur investiture au sein de ces partis … Les cartes ne devraient pas être dévoilées trop tôt.
[1] http://lekiosque.finances.gouv.fr/APPCHIFFRE/Etudes/tableaux/apercu.pdf
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