« Ce que je ne pouvais pas dire »
Editions Robert Laffont
356 pages
Avril 2016
Plaidoirie et réquisitoire
Jean-Louis Debré, président du Conseil Constitutionnel de février 2007 à février 2016 nous offre son carnet de bord qu’il a peu ou pas revisité avant publication.
Ce livre contient quelques révélations dont la presse a parlé, notamment à propos de comportements d’anciens conseillers comme celui qui est parti avec une voiture officielle achetée avec 1 € symbolique ou l’un de ces prédécesseurs qui s’est fait verser une confortable indemnité.
Jean-Louis Debré a tenu à remettre tout en ordre dans le cadre du respect des droits et du cadre de déontologie.
Il n’hésite pas à parler, à dénoncer certaines attitudes comme celle de l’ancien président :
« J’apprends que l’Elysée a « consulté » un professeur de droit afin de savoir si l’on pouvait débarquer » le président du Conseil d’une façon ou d’une autre, et l’obliger à remettre en cause son mandat de président au bout de six ans. »
C’est ce que Jean-Louis Debré écrit sur son journal de bord le 29 décembre 2009.
Il n’aime pas Sarkozy et ne s’en cache pas …. Sa prétention, son agitation et son mépris des autres notamment de ceux qui ne le servent pas assez servilement.
Le président du Conseil Constitutionnel est un homme droit et n’accepte ni les médiocres ni ceux qui font des coups tordus.
Il reçoit beaucoup et entretient des relations cordiales avec de nombreux élus, ministres ou anciens ministres…Il évoque ses rencontres.
Parfois il n’apporte que l’information en éphéméride, parfois il en profite pour donner son avis sur le personnage et ses ambitions.
Sa plaidoirie en faveur du Conseil Constitutionnel est convaincante même si le lecteur a quelques doutes sur l’impartialité du Conseil.
Il est vrai que la mandature de Jean-Louis Debré a montré que le Conseil pouvait prendre des décisions surprenantes pour une assemblée dominée par des gens de droite notamment avec le rejet des comptes de campagne de Sarkozy.
Avec humour l’auteur nous raconte plusieurs anecdotes à propos des relations entre Chirac et Giscard…. Comme quand le premier rappelle au deuxième qu’il a exercé, lui, deux mandats comme président de la République.
L’humour rencontre aussi l’amitié. Le président du Conseil Constitutionnel voit souvent Jacques Chirac pour qui il a une réelle affection et exprime sa tristesse de voir ce grand bonhomme décliner et souffrir face à la maladie qui le ronge.
Debré a la dent dure, mais dit vrai quand il parle du Conseil Economique, social et environnemental qui « ne sert à rien d’autre qu’à placer des amis ou recaser de vieux syndicalistes et coûte cher à la République ».
Il n’aime pas les médailles, il le dit et le rappelle….Je partage volontiers ce point de vue.
Jean-Louis Debré est un homme de droite mais il est droit, il l’a montré et ce n’est pas tomber dans la complaisance que de le dire.
Je suis toujours pour l’abrogation de la constitution bonapartiste de 1958 et pour la disparition de tout l’édifice anti démocratique qui l’accompagne.
Jean-François Chalot
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