Ce qui rend une société plus humaine : le sens
Ce qui rend une société plus humaine, c’est la justice, mais c’est avant tout le sens. La justice, on y viendra, c’est le sens de la justice. Avec le crise financière que nous connaissons, l’absurdité d’un système éclate aux yeux de tous. Or, l’absurdité, c’est l’opposé du sens, c’est le facteur des sociétés inhumaines, les écrivains de l’Absurde l’ont brillamment démontré.
Jean-François Kahn était l’invité des Quatre vérités sur France 2 ce lundi pour parler de la crise. Il commença par un "coup de gueule" contre l’aveuglement de nos gouvernants qui n’avaient pas su voir les vices du système qui ont entraîné l’économie dans le gouffre actuel, des risques tellement voyants que le quidam doté de bon sens avait pu les remarquer depuis longtemps. Il a lui-même dénoncé il y a quelques années ces vices que les dirigeants politiques et économiques n’admettent qu’aujourd’hui et seulement pour justifier le recours massif à l’argent public. L’une des absurdités dénoncées, c’est le volume des transactions consacrées à l’économie réelle qui ne représente environ que 2 % de la totalité des échanges monétaires. L’argent devenu une fin en soi (les sommes folles que s’attribuent les traders) oubliant qu’il n’est qu’un outil au service du financement de l’économie.
Jean-François Kahn présentait aussi son dernier livre dont le titre est en forme de provocation : Pourquoi il faut dissoudre le PS. "A quoi sert encore le PS, déchiré par autant de clans que de chefs, dont le congrès en novembre s’annonce comme une énième Nuit des petits couteaux, enfermé dans un monde d’hier, utilisant un discours d’avant-hier comme alibi à sa soumission aux pires dérives du monde d’aujourd’hui, incapable qu’il est devenu de préparer, de penser et d’anticiper le monde de demain ? A rien." A l’heure où des militants et des leaders du PS s’interrogent tout haut sur l’opportunité de reporter le congrès, J.-F. K., lui, est clair : le PS n’a pas d’avenir et si l’on veut offrir aux Français une alternative fondée sur l’humanisme, avec l’humain au centre du projet, c’est vers le MoDem qu’il faut se tourner aujourd’hui. Hier, le PS était peut-être le parti qui répondait le mieux à ces aspirations profondes, aujourd’hui ce n’est plus le cas et pour un long moment !
C’est tout naturellement donc que J.-F. K. se propose d’être candidat aux élections européennes au nom du MoDem. S’il est accepté a-t-il précisé. Ce n’est pas un choix d’opportuniste : J.-F. K. a brièvement rappelé son militantisme journalistique qui rejoint depuis longtemps les idées de Bayrou.
Il y a du sens au Mouvement démocrate même si l’option qui domine n’est pas de faire dans l’hyper communication ni d’annoncer des réformes chaque matin de manière tonitruante. L’hyper communication, on voit où cela mène... A des déclarations qui seront contredites par d’autres déclarations opposées peu après. Il n’est que de comparer les promesses du candidat Sarkozy à ses actes d’aujourd’hui ou de citer quelques exemples de déclarations très imprudentes. Ainsi, lorsque Sarkozy critiquait la frilosité des Français qui, selon lui, épargnent trop et hésitent trop à se lancer dans les crédits hypothécaires, ne faisant pas autant confiance en leur économie que les Américains qui n’ont pas hésité à recourir aux "subprimes".
Le "tournis" dont parlait François Bayrou, à propos de la politique très agitée du président, fait perdre le sens de toute chose. Les valeurs elles-mêmes se noient et passent au second plan des seules valeurs financières sur lesquelles on braque les projecteurs. Donc, garder le sens est le gage d’une société qui restera humaine dans l’avenir. Dénoncer les abus du capitalisme - financier notamment -, vouloir construire l’Europe avec les gens et non contre eux (le référendum écarté pour imposer la réforme porte un message négatif), lutter lorsque cela vaut la peine sans compromission, voilà ce qui peut sauver le sens. Tout dernièrement, une victoire a été remportée contre le fichier Edvige, même si Corinne Lepage alerte sur le fait qu’il faut continuer le combat car le décret n’est pas abrogé et s’applique donc.
Dernier combat en date du président du MoDem, le dépôt de deux recours devant le tribunal administratif de Paris contre la décision d’un tribunal arbitral condamnant le Consortium de réalisation (CDR), héritier du Crédit lyonnais, à verser une indemnité de 285 millions d’euros (près de 400 millions avec les intérêts) à Bernard Tapie. Au total, cinq recours ont été déposés ou sont en cours de dépôt contre la décision du CDR, selon le site d’information Mediapart ; ceux de Bayrou, celui de Charles de Courson, député Nouveau Centre, celui du groupe socialiste à l’Assemblée nationale ainsi que celui de l’association Contribuables.
La victoire remportée contre le fichier Edvige, mais aussi dans le passé contre le CPE (l’UDF de l’époque s’opposa avec fermeté à ce contrat inique), montre qu’il ne faut pas capituler et continuer de combattre quand le sens est de son côté. Le sens n’est pas seulement l’avenir de l’homme, c’est le moyen de sauver son présent.
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