Ceux qui aiment Fillon prendront... l’avion
Certes, le développement durable, c’est ceux qui en parlent le plus qui l’appliquent le moins. François Fillon et son superministre de l’Ecologie et du Développement durable Alain Juppé ont néanmoins réussi un exploit : aller inaugurer le TGV Est... en avion.
"C’est pas possible, il n’a pas osé faire ça !", aurait tempêté notre président bien-aimé selon "Le Canard Enchaîné" de cette semaine. "Il", c’est François Fillon, notre vénérable Premier ministre. Et "ça", c’est se déplacer en Falcon ministériel. Rien de grave, de nombreux hommes politiques toutes tendances confondues préfèrent encore le jet privé que les voyages sur grande ligne avec le petit peuple. Sauf que Fillon a pris un Falcon pour aller... inaugurer le TGV Est. En compagnie de son superministre de l’Ecologie, Alain Juppé, vous savez, celui qui propose un "Grenelle de l’environnement" où on ne parlera ni de l’énergie nucléaire, ni des OGM en plein champ, ni des constructions autoroutières, ni du bilan écologique des ministres, visiblement...
Le pire, c’est que Fillon a tenté au passage un mensonge assez grossier (espérons qu’il sera plus subtil pour la suite de son mandat...). Notre sérénissime Premier ministre devait faire une partie du trajet Paris-Strasbourg dans la voiture de tête, loin des journalistes, pour "travailler ses dossiers" avant de rejoindre les journalistes pour la fin du trajet à partir de Nancy. Arrivé en gare de Strasbourg, ce dernier se permet, tout en louant la performance technologique du TGV, de critiquer la SNCF pour ses retards sur le frêt. La boulette !!! Anne-Marie Idrac, rancunière, n’hésite pas à vendre la mêche aux journalistes : le TGV Est a effectivement eu 26 minutes de retard dû à un arrêt imprévu en gare de Nancy-Metz pour... embarquer Fillon, qui a donc effectué le gros du trajet en avion.
Pourtant, si notre dévoué et débordé Premier ministre avait écouté les journaux télévisés, il aurait eu droit aux magnifiques spots de pub que la SNCF passe sans aucun problème au 20 heures, sur la rapidité du transport (à peine plus de 5 minutes d’écart par rapport à l’avion pour aller du centre-ville de Paris au centre-ville de Strasbourg), son coût et... sa moindre pollution écologique.
Alors je sais très bien que si on faisait le bilan écologique de tous les hommes politiques, tout courant confondu, on aurait parfois de drôles de surprise... La question est quand même de savoir comment notre vénéré Président (qui va sans doute passer un savon à son non moins vénéré Premier ministre qui sur le coup s’est comporté comme un vénérable imbécile) va pouvoir imposer son "Grenelle de l’environnement" si deux des principaux organisateurs de ce Grenelle n’ont aucune notion de "transport doux" (surtout quand on organise une campagne de communication pour dire que le train est aussi rapide que l’avion, la SNCF, c’est bon, prenez-en...). Pour sa pénitence, notre sérinissime Premier ministre sera sans doute condamné la prochaine fois à faire Paris-Strasbourg en footing...
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