Voila ce qu’est un vrai mec de gauche qui croit en ce qu’il fait et dit :
OLIVIER Besancenot ne sera pas candidat en 2012
de :
NPA en direct
jeudi 5 mai 2011
(11h41)
4 commentaires
Appel du comité central de la Garde nationale de la Commune de Paris, le 25 mars 1871.
Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous
serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre
propre vie, souffrant des mêmes maux.
Défiez vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme
les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours
par se considérer comme indispensables…
Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos
suffrages ; le véritable mérite est modeste et c’est aux électeurs à
connaître leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. »
Camarades,
Je ne serai pas le candidat du Nouveau parti
anticapitaliste à l’élection présidentielle de 2012. Il s’agit d’une
décision politique que j’assume. Et si je souhaite aujourd’hui passer le
relais à un(e) de nos camarades, je ne renonce pas à m’impliquer, bien
au contraire, dans tous nos combats. Je revendique plutôt la
possibilité, pour le NPA, de se lancer sur de nouvelles bases, conformes
au projet d’émancipation qui, plus que jamais, m’anime.
Tout d’abord, je voudrais profiter de cette lettre pour
remercier toutes celles et tous ceux qui, au NPA – à la LCR auparavant
–, ont participé activement au travail collectif qu’a nécessité le
porte-parolat que j’ai assuré ces dix dernières années. À tous les
camarades des sections locales qui ont collé des affiches, distribué des
tracts, organisé les meetings (et qui, toujours, nous ont accueillis
chez eux à bras ouverts), aux chasseurs de signatures en 2002, puis en
2007, ainsi qu’aux camarades de la direction qui ont planché sur les
argumentaires, l’orientation, la communication, la protection, à tous
j’aimerais vous dire merci. Ce travail d’équipe m’a appris et apporté
énormément tout au long de cette drôle d’expérience militante qu’est le
porte-parolat.
J’ai essayé, pour ma part, de mouiller la chemise sans
compter pour faire connaître à un public large nos idées et nos
convictions. Et cette chemise, je compte bien la mouiller encore demain
pour porter notre programme, notre action et notre voix. Les militants
du NPA et, plus généralement, toutes celles et tous ceux qui se battent
pour changer le monde pourront compter sur mon engagement.
Il s’agit d’une décision politique assumée, donc, et
sans grande surprise. Il y a quelques années déjà, j’avais clairement
prévenu que je ne comptais pas prendre un abonnement à l’élection
présidentielle, parce que je n’aspirais pas à en être l’éternel candidat
d’extrême gauche. Depuis de nombreux mois, je fais aussi partie de ceux
qui mettent en garde notre parti contre les risques politiques de la
personnalisation à outrance. Que les idées s’incarnent ponctuellement
dans un contexte social et politique déterminé, ou qu’il faille déléguer
la tâche militante de la représentation publique, par un mandat précis
et limité dans le temps, est une chose. Jouer des ambiguïtés du système
politique et médiatique pour se substituer à l’action militante réelle
au sein de la lutte de classe, en est une autre.
Nous militons quotidiennement, dans nos entreprises,
dans les luttes, au moment des élections, pour défendre la perspective
d’une société enfin débarrassée de l’aliénation, de l’exploitation et de
l’oppression. L’affranchissement vis-à-vis des servitudes
contemporaines implique obligatoirement une rupture avec le système
actuel. Cette rupture présuppose une implication populaire croissante
dans la vie politique. Autant que faire se peut, cette rupture doit
intervenir ici et maintenant, sans la remettre à demain et à ses
bouillonnements révolutionnaires prometteurs.
Cela signifie qu’ici et maintenant, nous appelons, sans
relâche et en conscience, tous les anonymes à s’approprier leur
destinée. Voilà pourquoi nous exaltons systématiquement les classes
populaires à faire irruption sur la scène politique en brisant les
enceintes dressées par les politiciens dans le but de nous tenir à
distance de l’arène, là où se jouent nos vies. Partout où nous
intervenons, nous portons ce message original et subversif : dans les
quartiers populaires, les entreprises, les lycées, les facs, sur les
marchés, dans les manifs, pendant les élections. Ce message tout terrain
qui est la marque de fabrique de notre parti, nous ne devons pas le
ternir au nom d’un quelconque « réflexe » électoral.
Nous avons su créer la surprise lorsque la LCR a eu
l’audace de présenter un jeune travailleur, un postier, à l’élection
présidentielle de 2002. Continuons de surprendre en présentant
aujourd’hui d’autres anonymes lors de ces échéances ; cela soulignera
d’autant ce que nous sommes réellement : un outil collectif et
hétéroclite. S’efforcer de perpétuer la démonstration selon laquelle
nous n’avons pas besoin des politiciens pour nous exprimer, comprendre
et proposer, est un acte progressiste. Se rassurer en pensant « jouer la
sécurité » serait céder, au contraire, à des instincts « conservateurs »
pernicieux qu’il faut laisser aux autres. Or, nous n’envisageons pas
l’activité politique comme les autres partis.
Ce serait aussi, à mes yeux, une contradiction
intenable : nous dénonçons un système où la politique est devenue une
valeur marchande d’un côté, et de l’autre, nous commencerions
involontairement à nous intégrer dans le décor politique traditionnel en
incrustant notre mouvement et nos idées dans la case « candidat rituel à
l’élection présidentielle » de notre téléviseur. C’est risquer, à
terme, de nous transformer en caricature de nous-mêmes, voire en alibi
du système.
Comme à chacun d’entre vous, cette vision m’est
personnellement insupportable. Je ne veux pas avoir le sentiment de
faire partie du personnel politique traditionnel aux yeux du large
public, qu’à notre mesure nous influençons depuis quelques années. Le
fait de mener une activité professionnelle à la Poste – activité que je
n’ai jamais lâchée – n’est pas, sur le long terme, un sérum assez
puissant pour contrecarrer la dynamique consensuelle qu’impose la joute
électorale et médiatique à répétition. Le jeune travailleur parti à
l’assaut de la politique en 2002 est inéluctablement devenu, en 2007,
celui qui « fait de la politique tout en continuant à travailler » et
probablement quelqu’un qui « fait de la politique tout court » en 2012.
Militant je suis, militant je veux rester. Me libérer de cette
contradiction est la meilleure garantie, pour moi, de continuer à porter
le combat du NPA sur la scène publique, mais différemment.
Aussi je vous demande d’être solidaires de ce choix, en
le comprenant comme la volonté que le NPA puisse enfin se retrouver. Se
retrouver non pas sur un nom familier mais sur une identité
collectivement réappropriée. Qu’il puisse se déployer sur des bases plus
conscientes et plus constantes. Plus conscientes de la nécessité de
porter un projet révolutionnaire, internationaliste, vivant et ouvert,
qui le maintienne à distance du système actuel. Plus constantes dans son
action globale au quotidien, en intervenant sans relâche dans les
entreprises, les quartiers, la jeunesse et en animant activement les
réseaux de résistance du mouvement social – syndical, antiraciste,
écologiste, féministe…
L’élection présidentielle aura lieu dans un an. Cela
nous laisse le temps de la préparer et faire de 2012 une étape majeure
dans cette refondation.
Je suis prêt, dès à présent, à m’investir à 100 % pour que notre parti,
le NPA, puisse effectivement se présenter à la prochaine présidentielle
et à épauler de mon mieux notre candidat(e) durant la campagne. Car il
faut continuer à nous adresser à des millions de personnes et ne pas se
refermer en vase clos. Les moments de reflux que le mouvement ouvrier
traverse en France ne doivent pas masquer le caractère instable de la
situation politique liée à la crise globale que traverse le capitalisme
depuis trois années.
Les révolutions arabes le prouvent : les vents de l’histoire sont changeants et peuvent tourner rapidement.
Salutations révolutionnaires,
Olivier