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Chirac-Delanoë-Sarkozy : les bons comptes font les bons amis mais pas la démocratie

Afin d’accroître ses chances de relaxe, dans l’affaire des emplois présumés fictifs de la Mairie de Paris qui sera jugée fin 2010 ou début 2011, Jacques Chirac est sur le point d’obtenir un protocole d’accord de la Ville de Paris en vertu duquel celle-ci retirera sa constitution de partie civile en échange du remboursement du préjudice subi. Pour être applicable l’accord d’indemnisation devra être adopté par le conseil de Paris, ce que refusent les élus Verts. Les modalités de remboursement font également polémique puisque Jacques Chirac ne rembourserait personnellement que 550 000 € sur 2,2 millions. Le complément (1,65 million €) serait apporté par l’UMP.

La manœuvre est cousue de fil blanc : s’assurer que l’ancien chef de l’État se retrouvera sans adversaire, ni accusation devant les juges. Et ce n’est pas du ministère public censé pourtant défendre l’ordre public et les intérêts de la société que risque de venir la menace. Dès la fin de l’instruction, le parquet a fait savoir qu’il requérerait la relaxe sans que cela suscite beaucoup d’émotion chez ceux qui jettent aujourd’hui la pierre à Bertrand Delanoë.

Ce faisant la chancellerie et donc le sommet de l’exécutif a politiquement très bien joué puisqu’il a déplacé le problème sur les épaules du maire socialiste à qui il est finalement reproché de ne pas créer les conditions pour que son prédécesseur soit inquiété. C’est certes vrai mais, la responsabilité première de Bertrand Delannoë est avant tout de veiller à la réparation du préjudice subi par la collectivité dont il a la charge. Pas de faire condamner pour le compte de beaucoup d’autres un insaisissable vieux fauve de la politique.

Mué dans le rôle de Robespierre, Yves Contassot reproche à l’édile socialiste d’avoir “négocié dans son coin” alors que les écologistes étaient à l’origine des poursuites mais surtout de ne pas avoir assorti le remboursement d’une indemnisation complémentaire au titre du préjudice moral.

Sans répondre sur cet aspect précis, le groupe socialiste fait remarquer que le remboursement partiel par Jacques Chirac équivaut à une reconnaissance de culpabilité. “Le président Jacques Chirac a toujours contesté avoir commis quelque infraction pénale que ce soit et maintient que les emplois litigieux étaient légitimes et utiles à la ville de Paris et aux Parisiens“, s’est d’ailleurs dépêché de déclarer jeudi son avocat, Me Jean Veil.

L’essentiel du problème est pourtant lié au régime très particulier d’irresponsabilité des présidents de la république française et aux “protections” dont jouit encore la classe politique. Une situation renforcée par la reprise en main du parquet, la volonté de suppression des juges d’instruction sans oublier la dépénalisation de la vie des affaires.

Était-il crédible et acceptable d’attendre la fin du second mandat présidentiel de Jacques Chirac en mai 2007 et douze années d’immunité pénale pour que, celui-ci redevenu justiciable ordinaire, soit trainé devant une barre de tribunal à 77 ans ? Au psschitt d’anthologie prononcé par le locataire de l’Elysée risque de répondre une autre onomatopée émise cette fois, et c’est plus grave, au nom du peuple français.

Une modification de la constitution s’impose pour lever sur une anomalie qui engendre une impunité de fait, acquise au bénéfice de la rouerie et de l’âge.

Quid en outre du sort des bénéficiaires des présumés emplois fictifs ? L’inacceptable n’est pas tant, comme on peut le lire içi ou , que ce soit le contribuable national (financeur de l’UMP à travers la subvention allouée par l’État ) qui vienne au secours du contribuable parisien mais, que les sommes perçues par les employés fictifs ne soient pas remboursées par des personnes qui avaient pleinement conscience de la nature “complaisante” de leur rémunération.

Une explication à cette cécité partielle vient peut être du nom et des fonctions occupées aujourd’hui par ces anciens pensionnés du roi. Le site Bakchich se charge de livrer quelques noms . La radinerie légendaire des Chirac, malgré la confortable retraite du grand Jacques, les amènera peut être à sortir les répertoires du grenier pour passer quelques coups de téléphone afin de rentrer dans leurs frais.

 


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5 réactions à cet article    


  • Emmanuel Aguéra LeManu 28 août 2010 15:21

    Un mec rembourse 1/2 million sans broncher après avoir mis le pays en faillite et personne ne bronche... Pas étonnant qu’il y ait tant de candidats.


    • Imhotep Imhotep 28 août 2010 18:20

      Dans cette histoire il y a deux choses :

      - le pénal
      - le civil

      Le procureur décide de demander la relaxe au pénal et Delanoë décide lui à ce que Chirac ne passe pas non plus au civil. C’est une faute contre la morale et contre la justice. Contre la morale car une faute a été commise, elle doit être punie. Se tournerait-on vers la justice américaine où l’argent achète tout ? L’argument de Delanoë, je ne cherche pas de vengeance, ne tient pas la route une seconde :
      1- ce n’est pas lui personnellement qui est lésé, il n’a pas à avoir de sentiment personnel, c’est la mairie et au travers elle ses administrés
      2- en signant cet accord il avalise une pratique a-morale où il suffirait de payer pour ne pas être puni pour ses fautes
      3- il ne s’agit pas de vengeance mais de justice. la faute commise doit être sanctionnée et la justice confirmera et obligera Chirac et l’UMP, co-solidaire selon moi, à payer ce qui est dû. Le procès dira alors le droit, le juste et ce ne sera pas un arrangement entre copains et coquins.
      4- le fait qu’il y ait un accord prouve d’évidence que Chirac se sait coupable et que la mairie de Paris aurait gagné son procès au nom de ses administrés.


      Ce procès aurait pu permettre de déterminer à qui ont servi ces emplois fictifs et de répartir entre le successeur du RPR, l’UMP, et Chirac qui devait quoi. Sans procès c’est une cote faite selon les humeurs des signataires qui n’a rien de juste ni de droit. 

      Enfin l’existence d’un procès civil démontrerait aux Français d’une part qu’il y avait culpabilité et qu’ensuite les puissants n’échappaient pas à la justice. Par cet accord détestable les Français peuvent légitimement penser que les puissants s’arrangent entre eux et évitent la justice.

      En conclusion Delanoë confond concussion et non vengeance. Il bafoue la justice avec un pouvoir qui ne lui appartient pas. En tant que maire son devoir est de passer par la justice pour signifier le droit et récupérer les fonds. Par son geste il efface un acte amoral (les emplois fictifs) qui en plus d’être une prise illégale d’intérêt est tout autant antidémocratique car permettant à un leader politique de bénéficier d’avantages indus pour lui-même et son parti, offrant à ce parti et à lui-même un surcroit de moyens qui l’avantage au détriment de ses adversaires politiques lui autorisant ainsi une élection volée.

      Je ne comprends pas que l’on puisse défendre Delanoë. Un acte antidémocratique, contre le droit et le passage de la justice, et une usurpation de pouvoir, il n’a pas été élu pour se considérer comme le seul dépositaire des affaires des Parisiens.

      • Imhotep Imhotep 28 août 2010 20:19

        PS : par ailleurs, il semble que certains emplois étaient doublement fictifs dans le sens où il n’étaient que de complaisance et même pas au service du RPR, donc des rémunérations déguisées pour strictement aucun travail. Cela aurait dû être à eux, en lus d’un passage par la case prison, de rembourser ces sommes indues.


      • HELIOS HELIOS 30 août 2010 09:10

        Bonjour,
        On pourrait parler d’une affaire « lamentable », mais helas le mot lui même n’est pas adapté.
         
        Je ne trouve d’ailleurs aucun mot pour qualifier ce qu’il se passe. Hesiter entre valeurs républicaines, morales etc, et entre etat de droit ne traduisent que partiellement ce qu’on peut ressentir.

         D’autant que les radios « coté pouvoir » style RTL, en rajoutent une couche en abusant de l’info  : « il a 78 ans, laissons le en paix ». On se rapelle de l’acharnement que les mêmes radios deployaient sur les crime de Papon, qui n’etait sans doute pas assez vieux, ou même, et a un autre niveau bien sur, le pépé qui reste en garde a vue pour avoir tiré sur des cambrioleurs. Mais on ne compare pas les inexcusables entre eux.
         
        il y a donc les politiques et les autres et Delanoé demontre tres bien que les loups ne se mangent pas entre eux. Une nouvelle raison pour rapprocher les mots de Sarkozy a l’issue de son election en 2007 et ceux de Martine Aubry ce dimanche : « Je ne vous decevrai pas... » c’est tres mal parti !!!

        Raison de plus pour s’acharner sur Woerth, maintenant qu’on en tient un...

        Bonne journée et bonne semaine a tous.


        • robin robin 31 août 2010 13:02

          Toutes ces manips en douce dans le dos d’une justice qui freine des 4 fers pour éviter d’avoir à appliquer le droit...
          rajoutez l’affaire woerth bettencourt, la crise, la montée du chômage, de la délinquance, de la misère, de la pauvreté,
          complétez avec l’absence d’espoir et de futur en France, associé à la perte de confiance dans les élites politiques totalment corrompus, de l’UMP au parti socialiste,
          terminez avec un gros doute sur la justice en France et...

          en guise de Karcher, les français risquent de confier le manche du balais à Marine pour, enfin, nettoyer de haut en bas et de gauche à droite, les écuries d’Augias, car la merde s’accumule depuis plus de 50 ans...

          Affligeant le mépris affiché par l’ensemble de la classe politique et des hauts fonctionnaires qui considèrent à tort les électeurs comme des veaux et des imbéciles.

          La réponse dans les urnes risque effectivement de l’être au même niveau que la considération de nos politiques de droite et de gauche.

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Henry Moreigne

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