Choisir son merle faute de grives ?
Si les Français Sarkozystes (il en reste plus qu’on ne le pense) se laissaient aller au pessimisme ambiant à l’égard de leur champion, ils devraient se précipiter dimanche prochain pour voter à la primaire « citoyenne ».
François Hollande les y pousserait presque : il sacrifie à cette nouvelle mode du Sarkozy absent : absent pour avoir jeté l’éponge, ou absent après élimination au premier tour. Ainsi les inconditionnels du Sarkozysme et rien d’autre à droite seraient bien inspirés de se préoccuper du choix d’un candidat de gauche préféré : choisir son merle faute de grives !
La mode fait effectivement fureur : et si Sarkozy n’y allait pas ? Jean-Louis Borloo renforce cette lubie en déclarant, dans un même souffle, qu’il renonce à sa propre candidature mais qu’il ne sait pas qui sera le candidat de l’UMP. La prestation remarquée d’Alain Juppé chez Pujadas, semble conforter le camp des doux rêveurs : « OUI ! S’il n’était pas candidat » …
La décision de Jean-Louis Borloo dégage pourtant un peu l’horizon sarkozien du premier tour, mais les hypothèses d’absence ou d’élimination précoce soulevées reste néanmoins possibles. L’inverse, l’élimination du candidat PS n’est pas plus impensable.
Les récents sondages sur la prochaine présidentielle semblent montrer une discrète érosion des positions au premier tour des candidats possibles du PS. Comme si une certaine saturation due aux débats de la primaire « citoyenne » se faisait jour : une overdose de PS. La Lucarne use très vite les pratiquants trop assidus, Nicolas Sarkozy en sait quelque chose et sa discrétion entretenue depuis quelques mois ne relève pas du hasard.
A l’occasion de cette nouvelle vague d’enquêtes, Marine Le Pen progresse très significativement, faisant ainsi résonner l’hypothèse de l’élimination précoce, mais Jean-Luc Mélenchon enregistre également une percée importante, renvoyant vers l’hypothèse inverse.
Tout cela n’est bien sûr pas sérieux à 7 mois de l’élection, à un moment ou les Français ne se sont pas emparés véritablement d’un scrutin encore trop éloigné.
La semaine prochaine nous devrions connaître le candidat officiel du PS. A en croire les enquêtes, 13% des électeurs inscrits déclarent qu’ils iront « certainement » voter à ce scrutin d’un nouveau genre. Rapporté au corps électoral français (environ 45 millions de citoyens inscrits), cela donnerait quelque 5 800 000 votants. Même dans leurs rêves les plus fous, les socialistes n’en espèrent pas tant et les plus grandes réserves sont de mise. Dire qu’on ira voter et le faire, ce n’est pas la même chose. L’appréciation est d’autant plus difficile qu’il n’existe aucune base de référence, puisque cette primaire est une première.
Au premier tour, Hollande recueillerait 42% (+1 point par rapport à août) des intentions de vote des sympathisants de gauche, et 51% (+4) chez les proches du PS. Martine Aubry est nettement derrière avec respectivement 27% (- 4) et 26% (-5).
Après ce duo de tête viennent Ségolène Royal (11%), devant Arnaud Montebourg (8%). Enfin Manuel Valls obtient 5% chez les sympathisants de gauche, et 5% chez les sympathisants PS. Jean-Michel Baylet (PRG) stagne à 1% dans les deux catégories.
Ainsi, une importante donnée est absente de ces enquêtes : le vote des sympathisants de droite ! Il serait urgent d’en tenir compte puisque François Hollande les engage implicitement à se mobiliser. Vous aurez compris qu’il s’agit ici d’une plaisanterie. Que la gauche se rassure, très peu nombreux seront les droitiers à se déplacer et Arnaud Montebourg, en dépit de ses espérances, ne trouvera sans doute pas ce renfort escompté pour se hisser à la deuxième place… Quoi que ?
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