Chômage : un fusible nommé Sarkozy
L'hyperprésence de Nicolas Sarkozy dans la vie du pays a complètement déstabilisé le positionnement des ministres. Sous les présidences précédentes, combien d'entre eux ont été mis à la porte lorsque les résultats n'étaient pas au rendez-vous ?
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Le choix de Nicolas Sarkozy est un pari risqué. Si la conjoncture et les politiques mises en place depuis son arrivée au pouvoir lui sont favorables, alors c'est le jackpot.
Si au contraire, le bilan se dégrade, il lui est plus difficile voire impossible de sanctionner ouvertement un ministre, sauf si ce dernier commet une bourde notoire.
Pour les ministres, l'hyperprésidence est une aubaine. Un parapluie politique en or. En cas d'échec de leur politique, ils n'auront même pas à se réfugier derrière l'omniprésidence du Président. Ses détracteurs s'en chargeront.
Le Ministère du Travail et de l'Emploi vient de publier les derniers chiffres du chômage. Winston Churchill disait que "Les statistiques sont la forme la plus élaborée du mensonge". Or si chaque Ministre du Travail vient généralement avec sa "nouvelle manière de compter les chômeurs", parvenant souvent à faire passer des vessies pour des lanternes et à montrer contre vents et marées une amélioration de la situation, Xavier Bertrand va devoir faire preuve de créativité pour expliquer son "succès".
En effet, quelque soit la manière de compter, la France vient d'atteindre un niveau record du nombre de personnes sans emploi depuis décembre 1999.
Le nombre total de demandeurs d’emploi grimpe à 4 193 000 (+0,4% sur un mois, +5,2% sur un an), et à 4 459 400 avec les DOM.
Les plus durement touchés sont les seniors (+2,4% sur un mois en catégorie A). Par senior, il faut bien comprendre "des personnes qui ne retrouveront jamais un emploi".
S'il reste toujours possible de se réfugier derrière une conjoncture économique internationale défavorable, Xavier Bertrand a choisi de miser toute sa notoriété sur l'autre facette de ses fonctions : celle de ministre de la santé. Lors de nombreuses interviews, ne déclarait-il pas qu'avant d'être le ministre du travail, il était avant tout celui de la santé et des patients ?
Attisant les grandes crises autour du médicament, il a même su se construire une image de chevalier blanc de la santé au moment où la Sécurité Sociale accuse des déficit de plus en plus importants même s'ils sont souvent présentés comme "moins mauvais que ce à quoi on pouvait s'attendre".
Côté "emplois", le ministre semble ne s'intéresser qu'au sien. C'est ainsi que France-Soir nous révèle que Xavier bertrand prépare discrètement 2017. "Il réunit mercredi soir ses fidèles à huis clos dans le cadre d’un « séminaire de travail » élargi. Discrètement mais sûrement, Xavier Bertrand construit son réseau et conforte son image. Bien décidé à compter, lui aussi, dans la bataille de l’après-2012."
Piégé, Nicolas Sarkozy, ex-candidat de l'emploi et du pouvoir d'achat, devra assumer seul devant les électeurs le bilan catastrophique du ministre du travail Xavier Bertrand, dont le salut politique passera obligatoirement par le passage de la gauche en 2012, pour rebondir en 2017.
La présidence de Nicolas Sarkozy a enseigné une magistrale leçon d'humilité pour les prochains présidents de la république. Il y aura fort à parier que les prochains ministres assumeront désormais seuls les conséquences de leurs actes.
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