Christiane Taubira, tête de turc de la droite
Les vieilles habitudes ont la vie dure à l’UMP. Cinq années de Sarkozysme ont laissé un goût prononcé pour les boucs émissaires. Pris de court par un parcours sans faute de la majorité présidentielle, une poignée d’aboyeurs de l’UMP alliée à des francs-tireurs de l’extrême droite ont choisi de ne pas rester sans voix. Christiane Taubira a été pendant plusieurs jours la cible d’attaques qualifiables au mieux de douteuses. Comme si confier un ministère régalien à une femme, noire et guyanaise constituait un crime de lèse-majesté.
" Quand on vote FN, on a la gauche et on a Taubira ! " a déclaré de façon très ambiguë Jean-François Copé le 22 mai. Les chiens aboient et la caravane passe. Celle du gouvernement Ayrault ne sera guère perturbée par ce clapotis d’eaux sales. Pour autant ces attaques n’ont rien d’anecdotiques. Elles augurent de la mutation génétique d’une partie de la droite parlementaire qui, à trop fricoter avec le Front National, renoue avec une outrance verbale que l’on croyait appartenir au passé.
Il y a pire que le mensonge, c’est le mélange de la vérité et du mensonge. Et c’est bien ce qui est inquiétant dans les pratiques d’une droite décomplexée et revancharde emmenée par un Jean-François Copé bien décidé, ambitions obligent, à ne pas faire dans la dentelle.
Alors oui, les critiques qui portent sur le projet de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs appartiennent au jeu démocratique normal. Pas les manipulations qui consistent à attribuer des propos jamais prononcés ou à sortir des photos dont les dates et les lieux de prise de vue ont été modifiées. Ce sont pourtant les méthodes qui ont été employées contre Christine Taubira.
Sur le mode de la rumeur insistante, plusieurs blogs et comptes Twitter, ont relayé « l’information » selon laquelle la ministre aurait affirmé au micro de RFI : "Brûler des drapeaux français, c'est un geste de liesse pardonnable."
Un début de polémique avait vu le jour dès le 6 mai au soir par une droite choquée d’avoir aperçu à la tv des images de drapeaux étrangers à la Bastille. Derrière les éléments de langage, la ficelle était grosse : tenter l’amalgame avec les incidents qui s’étaient produits quelques années plus tôt au stade de France lorsque des jeunes des banlieues avaient dans la plus grande bêtise sifflé l’hymne national.
Pour en arriver là, il aura suffi que François Hollande inscrive dans son programme le droit de vote aux municipales pour les étrangers. Et voilà aussitôt le PS suspecté d'être justement le parti de l’étranger, sombre référence aux années 1930.
Pour tenter d’asseoir cette idée dans l’opinion on a ainsi vu circuler sur le net une photo de jeunes brulant le drapeau tricolore. Sauf qu’après vérification, il s’avère que le cliché mis en avant témoigne de faits survenus à Toulouse en 2007, à une période où le ministre de l’Intérieur n’était autre qu’un certain Nicolas Sarkozy.
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