Clash Berruyer/Goulard : mépris et manipulation d’une députée européiste

Mais qu’est-il arrivé à notre cher Olivier Berruyer pour qu’il perde son calme lors de l’émission Les experts du 3 janvier ? Lui qui est d’habitude si placide et tempéré…
Dès la fin de cette vidéo postée sur AgoraVoxTV, j’ai eu envie d’écrire un billet sur celle-ci (synthèse du débat) qui m’a laissée un goût très amer. En y réfléchissant bien, j’étais en colère lorsque j’ai réalisé le mépris avec lequel Olivier Berruyer avait été traité bien qu’il s’en soit pourtant très bien sorti compte tenu de cette coalition de margoulins patentés qui s’évertuaient à lui faire perdre ses nerfs.
Lors de ce « débat », plusieurs thèmes ont été abordés :
- Le travail le dimanche
- L’entrée de la Lettonie dans l’euro
- L’euro et l’union bancaire
- L’UE et le piétinement des souverainetés nationales
Avant de passer à une analyse des thèmes abordés, il me paraît intéressant de faire quelques remarques sur les intervenants et leur manière d’aborder les sujets :
- Nicolas Doze : à l’instar de tous les animateurs de cette chaîne définitivement libérale, il affiche clairement ses opinions. C’est très regrettable car il ne joue que rarement son rôle de modérateur dans des débats qui sont souvent biaisés compte tenu du rapport numérique entre ultralibéraux et hétérodoxes (keynésiens, souverainistes, décroissants…).
- Sylvie Goulard : La vraie raison de cet article réside dans ce nom. On passe par toutes les phases émotionnelles grâce à (ou à cause ?) elle. Indifférence lors du débat sur le travail du dimanche ou elle semble avoir une position attentiste face à son adversaire, irritation lors du débat l’entrée de la Lettonie dans l’euro lors duquel elle ne répond pas aux arguments de Berruyer, consternation lorsqu’elle se met à user de diverses d’argumentation fallatieuse pour déstabiliser Berruyer dans la dernière phase afin de reprendre le contrôle du débat et colère enfin lorsqu’elle affiche un mépris ostentatoire du peuple français. Pour en revenir à ses techniques de manipulation oratoire, j’aurai noté pas moins de 5 techniques : l’attaque personnelle (2 fois), l’argument circulaire, le procès d’intention, la technique de l’homme de paille et l’outrage.
- Olivier Berruyer : il incarne une certaine dissidence économique dans cette émission et se retrouve souvent face à 2 contradicteurs et cela sans y inclure l’ « animateur » Nicolas Doze. Ce doit être pour cette raison qu’il perd ses nerfs assez vite face à la mauvaise foi de ses opposants comme lorsque Nicolas Doze se plaint du climat antilibéral en France et prend une position ridicule de victime par la même. Malgré quelques chutes dans les pièges à loups rhétoriques posés par Goulard, il s’en sort plutôt bien. D’autre part, je constate une évolution du personnage qui rompt enfin avec la consensualité malgré l’infériorité numérique à laquelle il doit tout le temps faire face pour rentrer dans un débat conflictuel comme il n’y en a malheureusement que rarement à la télévision.
Première phase : le travail du dimanche
Dès la première question, Doze nous assomme par sa partialité avec cette interruption qui tente de compléter la phrase de Berruyer afin de le rallier subtilement à sa position :
« Symboliquement très fort sur la capacité de notre pays à bouger et à se moderniser ».
Une phrase qui pourrait concourir pour la palme d’or de la novlangue ultralibéral tant le mot a été associé (avec son synonyme la réforme) à toujours plus de régressions sociales. On sent d’ailleurs Berruyer gêné aux entourloupes dès cette première tentative de manipulation, il recule instinctivement, se penche à nouveau en croisant les bras et rentre dans le vif : « c’est là que je suis en désaccord ».
Notons au passage que l’on est surpris d’une telle phrase, et oui dans le débat télévisuel, on signale rarement de manière aussi « abrupt » son désaccord, peut-être parce que les polémistes sont souvent d’accord entre eux ?
Les arguments de Berruyer sont les suivants :
- Ouvrir le dimanche ne créera probablement pas d’emplois car il y a juste un allongement de la période de consommation mais les ménages auront toujours le même budget et surtout les mêmes besoins.
- Le dimanche est le seul jour de non-consommation et peut-être utilisé également par tout un chacun pour sa vie spirituelle, culturelle et sociale.
Première réponse de Goulard : « Bof », elle ne semble pas avoir d’argument à lui rétorquer sur le fond puisque son premier argument (outre le bof) consiste à dire qu’il y a un imbroglio juridique et qu’il faut simplifier et clarifier la loi, ah bon ? Mais pour aller vers quoi Madame ? Elle noie un premier poisson sans réaction lorsqu’elle énonce que c’est un choix de société mais que le problème n’est pas là. Ce ne serait donc qu’une affaire de réglementation ? Comment dépouiller le fond d’un débat en une phrase.
Elle avance enfin un argument lorsqu’elle prône la flexibilité « pour le petit salarié de base qui ne peut pas décider de faire ses courses parce qu’il en a envie le lundi »
On est touché par la commisération et l’altruisme de Mme Goulard qui connaît bien le monde des petites gens, elle qui est passée par la ZEP de l’ENA, et qui travaille dans la politique depuis 24 ans…
Immédiatement remise à sa place par le bon sens de Berruyer : « il ira le samedi madame Goulard », elle botte à nouveau en touche avec un « peu importe » qui en dit long sur sa capacité réelle à débattre.
Ce moment du débat est un tournant, Goulard comprend qu’elle n’est pas de taille pour ce débat et commence alors un véritable travail de sape visant à faire sortir Berruyer de ses gonds grâce des techniques de rhétorique perverse.
En voici la première :
« Vous avez (.. .) Démarré avec un débat théorique qui est très beau mais qui n’a strictement rien à voir avec la réalité »
La technique de l’attaque personnelle (ici santé mentale) consiste à prétendre de manière péremptoire et injustifiée qu’au fond Berruyer ne vit pas dans la réalité, que c’est un idéaliste qui vit dans le monde des bisounours et qu’il ne mérite pas de réponse sur ses arguments. La technique sera reproduite à la fin du débat quand la députée accusera Berruyer d’être passéiste : « votre logiciel est bloqué. »
Puis vient la deuxième :
« Quant au parti socialiste libéral (…), ca me fait doucement rigoler parce que ce pays a profondément besoin d’une autre approche de la liberté. »
La technique de l’argument circulaire utilisée ici est très insidieuse : elle consiste à substituer la relation d’effet à effet à la relation de cause à effet, en clair, lorsque Berruyer dit que le parti socialiste est libéral parce que le premier gouvernement à avoir dérégulé son secteur bancaire était le gouvernement socialiste français en 84, Goulard rétorque que le parti socialiste n’est pas libéral, eh bien… parce qu’il n’est pas libéral (il n’a pas la bonne approche de la liberté).
Puis vient enfin la troisième (le procès d’intention) :
Les loups hurlant toujours en meute, il n’est pas étonnant de voir Doze se rallier à Goulard dans cet argument de haut vol qui traîne dans un pathos crasse « le libéralisme est diabolisé » et qui évite grâce à un procédé de victimisation tout débat sur les méfaits du libéralisme. Il serait déjà intéressant de savoir de qui ils parlent et ce qu’ils entendent par diabolisation. Dans tous les cas la seule réponse possible à cette déclaration d’une nullité effrayante à ce niveau (rappelons que le titre de l’émission est les experts) n’appelait qu’une seule réaction possible l’ironie, d’ailleurs c’est ce que Berruyer a fait.
Le débat sur ce thème se termine, madame la députée n’ayant plus d’arguments et le perfide Nicolas Doze finissant par insinuer que les salariés veulent travailler le dimanche et que les syndicats se battent contre cette loi pour gagner de l’argent en remportant des procès…
Deuxième phase : la Lettonie dans l’euro
Le débat devient plus complexe et la tension monte rapidement d’un cran. Paradoxalement, la députée Goulard laisse éclater la vacuité de sa réflexion à ce moment là contrairement à Berruyer qui connaît bien son sujet.
Cette phase commence donc par un long poncif à la gloire du Dieu Euro et par une critique des autres devises. Le problème, comme pour tous les dogmes, c’est que lorsque celui-ci est invalidé par la réalité, il persiste chez ses croyants :
- « L’euro est un investissement sur des décennies ».
- « La monnaie est un projet extrêmement sérieux que les européens n’ont pas pris au sérieux ».
- « Votre histoire de prix Nobel d’économie, ça m’est complètement égal » (lorsque Berruyer lui dit que tous les prix Nobel d’économie critiquent l’euro). Il y a beaucoup de choses à reprocher aux gagnants du prix Nobel surtout en matière d’économie mais quand ce sont les mêmes personnes qui se servent des arguments du type « tous les économistes » ou « les économistes sérieux disent » et qui aujourd’hui rejettent la légitimité de ces économistes quand leur croyance est attaquée, là c’est le comble de la mauvaise foi.
Encore une fois, Berruyer est précis sur son argumentation :
- 62% des Lettons (selon un sondage) sont opposés à l’entrée dans l’euro, les peuples de la zone euro n’ont pas été consultés, cette décision est doublement illégitime.
- La Lettonie est un paradis fiscal et pas des moindres, puisque c’est celui qui a le plus dépôts de plus de 100000 euros dans la zone euro.
Sur la question du paradis fiscal, Goulard dévoile son incompétence. En effet, elle passe totalement à côté de la question en arguant que l’UE ne garantit que 100000€ en cas de défaillance des banques… ce qui n’était pas du tout l’objet de l’argument. En revanche, le fait que la Lettonie soit un paradis fiscal ne semble pas déranger la députée européenne, pas plus que l’illégitimité de la décision du gouvernement Letton d’adopter l’euro.
Arrive alors un petit aparté sur l’euro suite à l’argument de Berruyer sur les critiques des Nobels. Goulard accuse Berruyer de ne voir l’euro que comme un outil économique alors qu’elle le voit comme un instrument politique sans rien expliquer de son argument. Tout comme son attaque sur la monnaie commune dont elle ne voit pas ce « qu’elle ne nous assurerait au niveau mondial ». Mais que veut-elle donc dire ? Connaît-elle la différence entre monnaie unique et commune ? On se met à nouveau à douter de sa compétence sur ce sujet.
Le traditionnel argument (et le seul étant recevable) des risques de change est évoqué (que la monnaie commune peut justement éviter en partie). Le problème comme le souligne Berruyer est que tous les pays du monde fonctionnent avec leur propre monnaie sans qu’elles aient à subir en permanence des attaques spéculatives.
L’heure tourne et il faut asséner des arguments à la mitraillette sans risquer d’être interrompue, la députée s’exécute : « c’est sûr que si vous aimez la dévaluation et l’inflation, vous devriez être content qu’on revienne au Franc. »
Sans verser dans l’argumentation perverse, Goulard nous matraque encore une fois avec un supposé truisme sans aucune justification. Etant donné le niveau du débat, je me demande pourquoi je ne suis pas allé discuter avec Jean-Jacques au café des sports.
Une bonne réponse du même acabit eût été : « c’est sûr que si vous aimez le chômage et la misère, vous devriez être contente qu’on reste dans l’euro », malheureusement Berruyer n’a pas saisi la perche.
Les bonnes combines de la mère Goulard pour discréditer son opposant ne tardent pas à refaire surface avec ce bel exemple de la technique de l’homme de paille qui consiste à créer une caricature déformée de l’argument de l’adversaire pour le critiquer (et aussi, si c’est possible, le faire passer pour un imbécile) : « Et vous croyez que sans l’euro, les gens ne mentiraient plus » et ceci en réponse à l’incrimination par Berruyer des instances européennes dans le mensonge sur la solvabilité grecque. Sans commentaire.
Dernière phase : Europe, souveraineté…et mépris du peuple
Le sujet commence lorsque Berruyer évoque les vœux de Merkel. Très critique sur le fonctionnement de l’Europe empêchant les pays de prendre des décisions sur le marché intérieur ou la liberté de circulation des capitaux, la députée européenne se met à rire hors-champ provoquant l’indignation de Berruyer : « ça vous fait rire madame Goulard ? ».
C’est à ce moment là que Sylvie Goulard montre son arrogance de classe, vous savez cette classe politique installée à Bruxelles que les médias fuient, que les citoyens ne connaissent pas mais qui attirent les lobbys comme des mouches. Il y a quelque chose de pourri et de scabreux qui se joue là- bas, et Goulard nous en montre un aperçu écœurant :
- « Je suis incapable dire quelle est la vision française de l’avenir de l’Europe (…) ce qu’il y a d’intéressant dans la vision allemande, c’est sa rigueur ».
- « Quelle est la vision de la plupart des français à part leur côté schtroumpf grognon. »
- « (…) que la France arrête de ronchonner dans son coin. »
Lorsque Todd dénonce les traîtres à la Nation dans son intervention lors d’une récente émission de mots croisés, cette expression prend ici tout son sens. Goulard appartient à cette classe politique tellement hors-sol, qu’elle en vient à dénigrer ceux qui l’ont élue pour les représenter : les Français. Cela est visible dans sa façon de dire « quelle est la vision française ? » pourquoi ne dit-elle pas plutôt « quelle est notre vision ? ». Cette manière de prendre des distances par rapport à son propre pays est symptomatique des représentants européens dans les institutions de l’UE, exemple qui illustre le fait que cette structure travaille contre les intérêts des peuples.
En bonne prêcheuse de l’UE, Sylvie Goulard défend la légalité des traités puisque « nous avons signé des traités », encore un trait typique des européistes qui pensent que parce que la Commission ou le Conseil Européen (qui cumulent en partie pouvoir législatif et exécutif) décident de quelque chose, cela est légitime car légal. Berruyer évoque justement le problème de la constitution européenne rejetée par le peuple et dont la souveraineté a été bafouée lors d’un vote par le parlement en 2008.
En bonne manipulatrice, Goulard sort son dernier atout : l’outrage. Elle fulmine, tempête, tape du point sur la table, et monte sur ses grands chevaux : « Monsieur, je suis parlementaire (…) les traités (…) ne sont pas des paillassons sur lesquels vous pouvez vous essuyer les pieds. »
Et voilà, c’est ici que S.Goulard montre son véritable visage avec cette tirade dont l’ironie certaine et la fausse indignation pourraient prêter à sourire s’il ne s’agissait pas d’une de nos « représentantes » s’exprimant sur ce qu’elle pense du peuple et de la démocratie. Comment peut-elle parler de paillasson à l’égard des députés quand le peuple fut pris, à l’occasion de ce référendum, pour un véritable tapis de fumier ?
La double technique de l’inversion accusatoire et de l’indignation est souvent utilisée par les commerciaux pour calmer un client un peu trop confiant qui demande par exemple une réduction. Réfléchissez bien, cela vous est forcément arrivé, en général cela se fait devant témoin.
Malheureusement pour notre député sa misérable technique ne marche pas, Berruyer maintient sa position et s’offre même le luxe de lui lancer un avertissement (après un deuxième rire qui en dit long sur le mépris de Goulard sur la souveraineté du peuple français) : « écraser les nations c’est très dangereux, on voit ce que ça donne dans l’histoire ».
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