Cohérence
Il n’y a pas le feu au lac, tout le monde sait parfaitement que l’Assemblée Nationale « garde la main » dans l’éventualité d’un désaccord avec le Sénat. Pourtant l’épisode du premier budget de Jean-Marc Ayrault retoqué dans « la chambre haute » n’est pas neutre. Même si les conséquences immédiates ne seront que très peu perceptibles, l'épisode est plutôt rassurant en terme de cohérence de la représentation démocratique.
Il y a un an, le socialiste Jean-Pierre Bel était élu président du Sénat. Pour François Hollande, qui n’était encore à l’époque qu’un élu corrézien mais candidat à la candidature, ce basculement faisait figure d’événement majeur « Ce qui vient de se produire est d’une certaine façon historique parce que c’est la première fois qu’un président de la République de droite perd la majorité au Sénat ». « Et, pour le prochain président de la République, s’il est de gauche, ce sera la première fois qu’il y aura la possibilité de travailler avec une majorité de gauche au Sénat. Ni François Mitterrand pendant ses deux septennats, ni Lionel Jospin quand il était Premier ministre n’avaient eu cette configuration ».
On le sait, Hollande est un optimiste ; il a cette qualité de ne voir que la moitié pleine du verre et de « négliger » la vide. Sans doute également, est-t-il habité par un certain mépris pour la pluralité de cette gauche "plurielle". Nous sommes en plein psychodrame à droite, mais les diversités existent également à gauche, sans doute moins visibles lorsque l’on est au pouvoir. La gauche socialiste déjà mise en minorité sur plusieurs projets de loi stratégiques (énergie, Sécu, etc.) , vient d’assister, impuissante au rejet des rejets, celui du volet recettes de la loi de finance, donc du budget 2013. les communistes, estimant –à juste titre, en vérité- qu’on méprisait systématiquement leurs amendements, se sont abstenus au moment du vote, avec le résultat qu’on sait.
Cette attitude, ne devrait pas avoir de retentissement majeur sur la réalité finale de la Loi de finance qui sera finalement adopté en dernier ressort à l'Assemblée Nationale ou le PS n'a pas besoin des communistes. Mais elle n’en est pas moins significative et surtout porteuse d’une leçon : la politique c’est assez simple pour peu que l’on s’en tienne aux promesses et aux engagements publiquement pris. Une position d’allégeance complète des communistes sur un dossier budgétaire eut été un véritable « déni démocratique » En d'autres termes le Parti Communiste n'a fait que respecter ses engagements pris avec le Front de Gauche devant les électeurs.
Jean-Luc Mélenchon dans toute sa campagne présidentielle, depuis Pierre Laurent dans toutes ses interventions, ne cessent de répéter qu’il faut « ponctionner » le capital de manière plus importante, rééquilibrer les profits entre capital et travail. Ils ne pouvaient ainsi admettre que sous influence des "pigeons" le gouvernement diminue la pression fiscale sur ces pauvres « bêtes »
Il a fallu du courage aux élus communistes pour résister aux pressions qui furent sans doute très fortes sur un vote aussi symbolique, mais la crédibilité de cette « autre gauche » qui propose une toute autre organisation de l’Europe et des rapports capital-travail passe par cet effort de clarté n’en déplaise au social-libéral Jérôme Cahuzac, toujours aussi « méprisant » et hautin.
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