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Comprendre le divorce entre les Français et le président de la république

 Rarement la côte de popularité d'un président sortant n'aura été aussi faible. Il s'agit donc d'essayer de comprendre, comment après une élection triomphale cinq ans plus tôt, l'opinion des Français a pu se retourner aussi violemment.

 Le président de la république est l'aboutissement – la caricature – de la bourgeoisie capitaliste, dévouée au culte de l'économie de marché. Dans ce monde, où mêmes les rapports entre les personnes sont régis par l'économie de marché, toutes les actions réalisées dépendent du rapport de force entre les protagonistes. La moindre parole est calculée d'un point de vue marketing en fonction du gain qu'elle peut procurer sur le marché de l'électorat. On apprend en philosophie qu'un acte est moral quand il se suffit à lui même, ici il n'y a pas d'acte moral, rien est innocent, y compris dans la vie la plus intime. La sincérité, l'objectivité, l'idéologie n'existent pas, car le seul moteur demeure la recherche de l'intérêt privé, soit l'égocentrisme. Le concept de démocratie n'a pas non plus de sens, parfois elle semble apparaître, mais ce n'est qu'une résurgence d'un rapport de force assez équilibré. Ainsi, le président exprime à l'auditoire ce qu'il souhaite entendre, en usant de la rhétorique avec talent, et agit en fonction des désidérata des puissants. Il en résulte des discours et des actes contradictoires en fonction du public, des circonstances et du lieu. De plus, ses difficultés à anticiper l'avenir le précipite dans une terrible angoisse du futur qui se traduit par une sur-agitation quand les événements surviennent. C'est sous cet angle qu'il faut comprendre son manque d'aptitude à gouverner et sa mythomanie chronique.

 On peut donc être surpris qu'un tel personnage ait réussit à convaincre les français, son profile étant bien éloignée de la tradition humaniste de la république française. Pour comprendre il faut remonter au référendum sur la constitution où une grande partie des élites a été lassée par l'incompétence du peuple à choisir son destin. Face à la déception du quinquennat de Chirac, et à cet affront, ils ont décidé d'opérer un virage radical afin de raccrocher le vieux wagon français à la locomotive américaine en soutenant massivement le candidat de l'UMP et en brisant les clivages habituels. Et le peuple a fini par suivre. Mais ces élites n'étaient éclairées que par des bougies blafardes, et ils n'ont pas vu la lumière poindre avec l'arrivée de la crise des sub-primes. Le système américain s'est alors essoufflé et son attractivité s'est effondrée. Ironie de l'histoire, après soixante ans de résistance au modèle anglo-saxon, il aura fallu que la France finisse par s'engager dans cette voie pour que ce système s'effondre l'année suivante.

 Parmi les nombreuses décisions aberrantes prises pendant le quinquennat, on peut retenir trois fautes graves, symptomatique de l'aveuglement du gouvernement.

 La première concerne la dévalorisation du travail. Avec la stagnation des salaires et l'augmentation des prix, en particulier ceux de l'immobilier, on assiste au retour des travailleurs pauvres, ce que l'on appelait jadis le prolétariat. Certes, la précarité ne date pas du quinquennat, mais elle restait jusqu'à présent réservée aux personnes à temps partiel. Désormais, une famille avec un SMIC ne peut plus vivre sans assistance, en particulier pour le logement. Cette dévalorisation du travail par rapport au capital est une rupture profonde avec l'idéal républicain.

 La deuxième faute concerne le renforcement du communautarisme. Les citoyens sont désormais appréhendés en fonction de leur religion, de leur couleur de peau, de leur catégorie sociale (jeune, fonctionnaire, artisan, musulman, banlieusard, …) plutôt qu'en fonction de leurs individualités. L'individu s'efface devant la communauté. Il est en effet plus aisé de maîtriser le « marché électoral » en le divisant en quelques groupes simples, où les jalousies inter-corps demeurent faciles à attiser via des amalgames peu glorieux. Cette politique s'avère dramatique dans le domaine religieux où le sentiment d'appartenance est renforcé. Il en découle une baisse des mariages exogames et une augmentation des tensions inter-communautaires. C'est là aussi une rupture avec la laïcité à la française.

 Enfin, la dernière faute concerne le creusement considérable des déficits publics, via des baisses d'impôts dédiées aux plus riches et financées par de la dette. Le déficit de l'État atteint désormais une telle proportion que le spirale de la dette pourrait s'enclencher. Les marges de manœuvre se réduisent d'autant plus que le renflouement des banques, qui étaient à l'agonie il y a deux ans, a été réalisé sans aucune contrepartie. La souveraineté du pays pourrait s'en retrouver fortement menacée.

 La république française se retrouve désormais profondément blessée par ce quinquennat. Espérons que les français ne se laisseront pas duper une deuxième fois par des promesses alléchantes, qui couvrent l'ensemble du spectre électoral, et se tourneront majoritairement vers le candidat socialiste. Ce dernier, en plus de posséder les compétences requises, semble le plus à même de faire preuve de courage. Et avoir du courage en politique ce n'est pas agir contre l'avis du peuple pour les puissants, mais contre les puissants dans l'intérêt du peuple.


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23 réactions à cet article    


  • Tall 2 avril 2012 10:57

    Sarkozy n’a pas fait d’erreur. Il a roulé à fond pour ses seuls vrais clients de toujours : l’élite financière.

    C’est le peuple qui a fait une erreur en votant pour lui.
    Il ne faut jamais voter à droite si on n’est pas vraiment riche. C’est -à-dire au niveau des 10% les + riches, ce qui exclut d’office les classes moyennes.

    Et je dirais même qu’aujourd’hui, on ne peut plus voter PS non plus, tant cette gauche molle s’est mise, elle aussi, aux ordres de la finance internationale.

    • dawei dawei 2 avril 2012 11:13

      même quand on est riche , vaut mieux pas voter à droite, car vue les conneries que vont faire les politiques pour te lecher les bottes, le peuple finira pas te hair et considerer que tout est de ta faute .... même quand c’est pas le cas et que tu es honnête ( même si personnellement, je doute qu’amasser des millions puisse être justifié en toute honnêteté, sans spoliation, sans exploitation, sans escroqueries, sans sang versé, par l’unique mérite du talent, du travail, de l’intelligence et même de chance )


    • Tall 2 avril 2012 11:44

      bien vu ... sans oublier qu’une trop grande fracture sociale nuit aussi au PIB


    • dawei dawei 2 avril 2012 19:28

      c’est faux, les français ont envie de prendre eux meme en main leur destin, et donc de s’occuper de politique. Par contre, ils conchient les Politiques et leurs monopolisation du pouvoir décisionnel des débats. La démocratie représentative est peut être une étape obligatoire vers la démocratie, mais n’est certainement de la démocratie. Par contre, la monarchie élective est clairement une aberration qui, j’espère, vit ses derniers instants !


    • sdzdz 2 avril 2012 11:06

      Nos élites sont néo-impérialistes, Sarkozy a joué leur partition sans état d’âme.


      De plus il faut bien mesurer que quand il appelait la croissance de ses voeux, c’était uniquement pour qu’elle lui serve de paravent, à distribuer quelques miettes, pour mener strictement la même politique ! D’où les critiques contre les Etats-Unis qui lui ont fait sauter son système de propagande en initiant la crise sur les prêts hypothécaires.

      Sans plusieurs niveaux de grille de lecture, on ne comprend rien à sa politique...


      • devphil30 devphil30 2 avril 2012 11:08

        Au vue des non résultats , le conseil d’administration constitué de l’ensemble des Français ne reconduira pas ce président dont la gestion fut calamiteuse pour le Français , les finances publiques , le pouvoir d’achat , les relations internationales ( Turquie par exemple ) etc ...


        Je vais arrêter de dire ce qui ne va pas mais plutôt dire ce qui a été bien sous sa présidence 
         Points positifs :
         - Aucun 

        Un cauchemar ce président 

        Philippe

        • Parrison Parrison 3 avril 2012 09:18

          Eh bien, c’est exactement ça... et je le pense depuis longtemps.

          Sarkozy n’est pas « Français » dans le sens où il n’a pas la culture française, il n’a pas l’esprit français... Il n’a que la nationalité ce qui n’est pas suffisant pour ce à quoi il prétend : gouverner un peuple dont il est totalement étranger dans la façon de penser.

          Et j’ajouterai qu’il n’aime pas la France et exècre les Français... « pov’ con », c’est le cri du coeur et c’est l’enseigne à laquelle il met tous les Français...

          Un personnage qui roule pour lui, qui a cherché le pouvoir « avec les dents », une fonction dont ’il n’a pas mesuré l’importance, dont il ne s’est jamais imprégné parce qu’il n’a jamais été convaincu de la mériter, car, comparé à d’autre il n’a jamais eu l’envergure, il l’a vue comme un bon « job »en tablant sur l’improvisation et en s’entourant de brillants esprits pour l’aider, et pour ce faire il a utilisé toutes les ficelles, séduction, mensonges, théâtralité, mises en scène, bluff, feintes, alliances de circonstance vite écartées, volte-faces, provocations, exhibitionnisme, invasion médiatique... enfin, un personnage fantasque et au regard de tout ce qu’il a dit, fait, promis, résolument creux... FAKE.... ! fabriqué de toutes pièces et qui plus est antipathique....

          Dire que j’ai cru en lui explique le portrait que j’en brosse.... jamais plus je ne lui ferai confiance, il m’a trompée, il a trompé tous ceux qui lui ont fait confiance et il continue avec des discours mensongers, prometteurs dont les faibles d’esprits sont encore dupes.


        • jef88 jef88 2 avril 2012 14:18

          comment après une élection triomphale cinq ans plus tôt

          Ce n’était pas triomphal !!! 53%


          • si ce clown de bayrou....n’avait pas merdé...on aurait eu sègo ...5 ans et non ce BOUFFON DE

             SARKO 600 MILLIARDS PERDUS ET 1000 USINES FERMEES

            et les riches 2 fois plus riches...NICHES FISCALES ET .......TRAFICS D ARMES AVEC DES TYRANS AFRICAINS...hortefeux ...copé..mam.. gueant s’y connaissent

            DEGAGEONS LES MAFIEUX DE L UMP.....


          • Tall 2 avril 2012 16:34

            oncle archibald

            si le PS est devenu ambigu c’est parce qu’il est passé quasiment au centre
            là où Melenchon n’a pas voulu les suivre il y a 4 ans, après la défaite de Ségolène
            Melenchon ne rabat pour personne, le front de gauche est un parti indépendant

          • musashi 2 avril 2012 14:57

            Il faut aller voter au moins pour voter blanc....par respect.

            Espérons que le vote blanc soit un jour reconnu.
            Pour l’instant Bayrou l’a proposé mais je ne sais pas pour les autres.


            • Traroth Traroth 2 avril 2012 15:49

              Par respect pour quoi ?


            • musashi 2 avril 2012 16:08

              par respect pour ceux qui sont morts ou qui ont combattu toute leur vie pour obtenir le droit de vote...


            • musashi 2 avril 2012 16:08

              par respect aussi à tous ceux qui aimeraient avoir le droit de vote dans le monde...


            • Traroth Traroth 2 avril 2012 20:44

              Le droit de vote n’est pas une fin en soi. Les gens n’ont pas envie d’avoir le droit de vote, ils ont envie d’avoir une influence sur l’action politique. Un droit de vote-mascarade, ça mérite vraiment le respect ? Parce que ceux qui en sont au point de vouloir s’abstenir tellement ils ne se sentent pas représentés par les candidats, c’est à peu près ça qu’ils doivent ressentir !

              De la même manière, ceux qui ne comprennent rien à la politique et qui votent « par respect pour ceux qui sont morts pour le droit de vote » me font doucement marrer ! Les mecs, vous croyez qu’ils sont morts pour que vous ayez la liberté de voter au pif sans rien piger et en vous en foutant ? C’est ça, le respect ?

              Certains mots, comme respect, sont à manier avec précaution !


            • mrdawson 3 avril 2012 09:56

              Traroth, vous croyez sincèrement ce que vous écrivez ?
              "Le droit de vote n’est pas une fin en soi. Les gens n’ont pas envie d’avoir le droit de vote, ils ont envie d’avoir une influence sur l’action politique.« 

              Etes vous familier avec le paradoxe du vote ?
              Le droit de vote est justement une fin en soi et c’est ce qui permet aux citoyens d’aller voter en sachant que leur vote n’aura aucune influence sur l’action politique. Si, comme le précise musashi, les gens n’allaient pas voter par »respect« ou par »image", personne n’irait voter. Ceci est particulièrement bien illustré par les tentatives ratées de mettre en place les votes à distance : si on ne peut être vu en train de déposer son bulletin dans l’urne, quel intérêt à aller voter ?

              C’est très romantique, dans l’esprit de la campagne qui se joue à gauche actuellement, de sortir des mots très positifs et en mouvement sur la politique (action, agir, influence, révolution ect.), mais il faut savoir avoir un peu de recul sur ce qu’on raconte et ce que l’on fait.


            • Traroth Traroth 3 avril 2012 15:23

              @mrdawson : désolé, mais ce n’est pas parce qu’un obscur site dit le contraire que je vais changer d’avis. La démocratie, c’est bien chercher à avoir une influence sur la politique. Et ce n’est pas parce que les gens constatent que leur influence est faible que ça change quoi que ce soit. Un constat et une approbation, ce n’est pas du tout la même chose !


            • Paul ORIOL 2 avril 2012 15:57

              Il me semble qu’il faudrait se poser la question, quand on est de gauche, quand on est contre Sarkozy, pourquoi a-t-il encore des chances d’être réélu ?
              C’était la même question qu’on pouvait se poser à propos de Berlusconi en Italie. Comment se fait-il qu’il a été réélu plusieurs fois ?

              Il me semble que c’est la question de la « démocratie réellement existante ».


              • Richard Schneider Richard Schneider 2 avril 2012 17:22

                Bonjour l’auteur,

                S’il y a une phrase qui ressort de votre très bon article, c’est bien : « La république française se retrouve désormais profondément blessée par ce quinquennat. » 
                En effet, Sarkozy a sciemment étouffé, démantelé ce qui faisait l’originalité de la France au milieu de cet océan l’ultra-libéral qui gouverne le monde depuis les années 1980-90. Si jamais il devait être réélu dans quelques semaines, nous, républicains sincères (de gauche), nous pourrons alors dire que notre France, « celle de 36 à 68 », aura disparu ..

                • Traroth Traroth 2 avril 2012 20:47

                  En 68, l’alerte a été chaude : les gens ont commencé à massivement s’intéresser à la politique ! Heureusement, ça leur a passé aussi vite que ça leur était venu...


                • Richard Schneider Richard Schneider 2 avril 2012 18:04

                  Juste un ajout à mon précédent commentaire :

                  Je viens de lire sur la bande défilante de LCI que, d’après un sondage, 80% des Français souhaitent garder le système social à la française. Alors, juste une question : comment se fait-il que Sarkozy réussisse encore à capter près de 30% des intentions de vote au 1er tour et 46-47% au second ? Nos compatriote seraient-ils masos ? Car, ils savent pertinemment que si l’actuel président est réélu, cela serait la fin irrémédiable de ce même système social.

                  • Traroth Traroth 2 avril 2012 21:02

                    Sarkozy est massivement « redressé » par les instituts de sondage...


                  • soubise 3 avril 2012 18:45

                    Moi, je redoute les urnes électroniques, il y a là de quoi redresser quelques %...

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