Comptes d’apothicaires chez Sanofi
1500 ? 2500 ? 900 ? 1371 ? Les spéculations sur le nombre de futurs licenciés du laboratoire pharmaceutique Sanofi vont bon train. De son côté, Arnaud Montebourg s'est félicité "d'avoir sauvé 400 postes", mais ne tient plus compte du plan social qui ne manquera pas de toucher le site de Toulouse (650 salariés). Sacrés politiciens !

Avec tous ces chiffres lâchés dans la nature, le quidam ne sait plus à quels saints se vouer.
Allez ! Un chiffre fiable : 5,7 milliards d'euros. Celui-ci, c'est du solide ! C'est le profit dégagé par Sanofi en 2011. Il permet d'apprécier à sa juste valeur la charrette qui se prépare.
La déontologie à dose homéopathique
Christian Lajoux, actuel patron de Sanofi France préside également le LEEM (Les Entreprises du Médicament) qui regroupe en France tous les laboratoires pharmaceutiques. Chacun pourra apprécier dans le silence complice des représentants de la profession une certaine forme de solidarité vis-à-vis de son président. Qui a dit que les vautours étaient cannibales ?
L'essentiel, c'est de montrer que l'on travaille à devenir plus éthique. Je vous invite à lire la partie "Responsabilité Sociétale des Entreprises du Médicament".
Sur le plan de la politique sociale, le Leem a multiplié les actions pour développer les compétences et la mobilité professionnelles des salariés dans un contexte de forte mutation du secteur. Il s’est particulièrement impliqué dans le recrutement et le maintien dans l’emploi des seniors, des personnes atteintes d’un handicap et dans des projets d’anticipation des besoins en compétences. (...) Enfin, le Leem a créée des modules de sensibilisation à la RSE à destination des plus de 100 000 collaborateurs des entreprises afin de renforcer la "culture RSE du secteur".
Dans Libération, la Direction de Sanofi nous a même offert une nouvelle leçon de déontologie :
S’estimant maltraité, le laboratoire entame une opération de lobbying. "Ils sont allés pleurnicher au Medef et chez le Premier ministre" , sourit un connaisseur du dossier. Selon nos informations, Sanofi pense alors pouvoir vendre sa restructuration grâce à un généreux dispositif de volontariat, qui éviterait les départs contraints.
Ce lobbying au plus haut niveau n'a pas manqué d'efficacité si l'on considère le peu d'acteurs politiques qui se sont mouillés en faveur des salariés de Sanofi... Combien de politiciens Sanofi est-il allé voir pour s'assurer de leur silence ?
Quels recours pour les salariés de Sanofi ?
Les salariés de Sanofi ne peuvent pas facilement appuyer leur combat par des interventions chocs au Mondial de l'Automobile comme l'ont fait ceux de PSA. Pour gagner cette bataille politique, il ne leur reste que leurs élus. Tout du moins ceux qui prennent au sérieux le mandat que le peuple leur a confié.
Le premier à avoir ouvert les offensives, c'est Pierre Cohen, le maire PS de Toulouse en qualifiant Chris Viehbacher et Chistian Lajoux de "patrons voyoux". Plus récemment, Jean-Luc Mélenchon a plaidé pour que Sanofi soit "débarrassé des patrons voyous et des financiers qui l’assassinent". Les formules souvent extrêmes de l'ancien candidat aux élections présidentielles ne manquent pas de piquant mais sonnent cette fois-ci tellement juste dans ce contexte de licenciement boursier...
Une fois de plus, nous pouvons nous étonner du silence suspect du très médiatique député de Haute Garonne Gérard Bapt (PS) qui a décidé de s'enterrer dans son mutisme depuis le début de cette affaire. Il serait temps qu'il clarifie ses positions vis-à-vis des firmes pharmaceutiques.
Heureusement, les salariés de Sanofi viennent d'être rejoint par deux sénateurs PS : Robert Navarro, Sénateur (PS) de l'Hérault et Jean-Jacques Mirassou, Sénateur (PS) de la Haute-Garonne. Ces derniers ont publié une lettre dévastatrice dans le Monde du 01/10/2012 :
"Sanofi doit être au service des malades, non des actionnaires !".
En l'occurrence, ils dénoncent l'utilisation abusive du Crédit Impôt Recherche et le recours aux partenariats bon-marchés avec des universités sans-le-sou par Sanofi.
"Pour licencier sans perdre en capacité d'innovation, la stratégie de Sanofi est vieille comme le capitalisme : elle consiste à privatiser les bénéfices en s'octroyant le privilège commercial et à faire peser le coût des dépenses sur la société via les structures publiques tout en profitant des différentes niches fiscales."
Ces deux élus dénoncent ce que je rapportais dans mes billets précédents : la transformation des coûts fixes en coûts variables en externalisant la recherche au gré du vent dans des endroits où elle ne coûte rien.
Le beurre, l'argent du beurre et tant pis pour la casse sociale !
Au moins le message est clair : à moins qu'ils n'acceptent de se brader et d'apprendre le chinois, les cerveaux n'ont plus leur place en France.
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