Considérations macroniennes et bayrouistes
1. Macron avait voulu ré-injecter de la verticalité : il n'a vécu que sa réjection. Il a ignoré sa réjection en se réfugiant dans une posture en même temps de fraternité : il n'a fait qu'avilir la présidence si elle a encore un sens. (Comme quoi faut pas toujours croire ses services de comm ?)
2. Son nouveau premier ministre est enfin parvenu à ce poste – lui n'était qu'un parvenu. Contrairement à lui d'ailleurs Bayrou a connu le malheur d'être satirisé par les Guignols de l'info en leur temps. Et cette satire en faisait un ramolli. (Enfin si : le président fut satirisé un peu avant que les Guignols ne disparaissent. Un peu.) Le droitiste Chirac avait un vrai capital sympathie grâce à cette émission... de gauche (c'est que les scénaristes se lâchaient avec sa marionnette).
3. Longtemps on a rêvé que la France ait un chef d'entreprise à sa tête et l'on se disait que chaque ministre devrait ressortir du secteur qu'il administrerait. Ça ne manquait pas de bon sens étant donné que la France début XXe siècle était administrée par des hommes plus ancrés, professionnels, moins grands écoliers/énarques. Mais nous avons eu un grand écolier/énarque vrai amateur d'entreprise sur la base de sa formation à la French American Society – comme d'autres.
4. Aux USA le libéralisme est synonyme de capitalisme progressiste & mondialiste et affronte le conservatisme ou capitalisme... conservateur & souverainiste. En France le libéralisme est synonyme de capitalisme socialiste (gauche) comme étatiste (droite ordolibérale) et affronte un parangon républicain démocratique de fascisme communiste (« extrême »-gauche) ainsi qu'un parangon républicain démocratique de fascisme militariste (« extrême »-droite) sur la base d'un piètre complexe de Vichy, doublé du mythe résistant gaullien, triplé du focus mitterrandien sur le FN afin d'empêtrer la droite (et bientôt tout le champ politique) dans des considérations antisémites simili-nazies sans nom – à fin démagogique de faire passer l'Europe maastrichtienne pour... de gauche, avant qu'on nous l'impose illibéralement en 2007 après un référendum hostile en 2005 (le FN n'a jamais été que conservateur libéral avec des saillies que toute l'époque se permettait).
5. Notre premier ministre n'a pas fait l'ENA ni la French American Society et il est mal branché sur la « culture d'entreprise » qui nous domine relativement et dont le président est un chien de garde establish-entrepreneurist (au fond l'establish-entrepreneurism est l'idéologie américaine sous l'angle pratico-culturel – souvenez-vous tous ces films fin XXe siècle mettant en exergue le complexe militaro-industriel aujourd'hui pharmaceutisé). Souhaitons à notre premier ministre de ne pas finir comme Henri IV.
6. La vérité c'est qu'il sortira de son aventure plus establish-entrepreneurist qu'il ne l'était en entrant. L'exclusion des parangons républicains démocratiques de fascismes communiste et de militariste, est à ce titre un signal fort « aux marchés » qui ne désirent jamais que s'ouvrir encore et toujours plus. À ce titre le faux débat états-unien entre libéralisme et conservatisme n'est là que pour graisser la machine establish-entrepreneurist ce que l'on nomme bourgeoise (ressortirait-elle des « nouveaux riches », cette upper class plus ou moins mondialisée à laquelle sociologiquement se rallient les creative classes, le tout citadellisé|métropolisé comme dit Guilluy).
7. Et pourtant l'accession de notre premier ministre a des échos rétros vintage nostal- et solastal-giques rassurants de politique « comme elle se faisait » avant le président. Question de formation mais aussi de caractère. De cela je me réjouis après avoir été déçu par les compromissions chevènementistes sachant que notre premier ministre avait aussi été entubé pour commencer en 2017. Enfin après Castex et les racines bagnéraises mises en avant par le président, je ne peux culturellement m'empêcher de me réjouir pour la représentation du Sud-Ouest français français qui manquait à Paris. Le choc des cultures est grand depuis l'arrivisme présidentiel qui surfa sur le MEDEF, le CAC40 et autres Mégacorporations transnationales plus ou moins pilotées par les USA qui corrompent l'Eurocratie depuis longtemps chère à notre premier ministre ! In memoriam D'Artagnan !
8. Que les Bretons, les Chtis, les Auvergnats, les Alsaciens, les Savoyards, les Provençaux ou que sais-je soient secoués un peu – sans parler de ce qu'il reste de Titis s'ils existent encore – c'était inévitable. Ils feraient tous autant qu'ils sont mieux de gager que le premier ministre fasse enfin que la France applique le Traité Européen des Langues Régionales afin que cesse le jacobinisme. Michel Onfray se réjouirait de ce girondisme qui ne nous viendra jamais de Jean-Luc Mélenchon ni de Fabien Roussel, de Marine Le Pen pas plus que d'Eric Zemmour. Vive la République, et vive la France !
9. La présence de notre premier ministre à la tête du gouvernement est sociétalement, intellectuellement, caractériellement une meilleure chose que ce qui se faisait depuis Hollande au moins. On peut toujours ratiociner partisanement ensuite derrière à tort et à raison, je n'ai rien contre les mises en perspectives au contraire avec mes considérations : la mienne n'était pour ainsi dire que régionaliste... et humaniste.
10. L'humanisme est né à la Renaissance à l'époque d'Henri IV d'ailleurs qui mit fin aux guerres de religion. Gageons que les polémiques de France se verront apaisées au souvenir de ce Grand Ancêtre. Mais gageons aussi que cet humanisme soit bien celui de la Renaissance pré-libérale, c'est-à-dire qu'il continuera la Renaissance en convoquant d'innombrables antiques souvenirs en dehors des Gréco-Romains : le succès des séries Britannia, Barbaren et Vikings est là pour le suggérer (bien qu'elles ne soient pas bien historiques dans leurs genres esthétiques voire délibérément atroces pour le cinéma) car ce fut à partir de la Renaissance qu'émergea par accointance le souvenir des peuples péri-gréco-romains.
11. Si François Bayrou et Emmanuel Macron voulaient faire Europe après la victoire sur le nazisme ce serait une occasion rêvée de réconciliation mémorielle... voire mémoriale.
12. Notre premier ministre : un guerrier ibère qui s'ignore ? Zorro ?!?
Lire aussi :
- Considérations existentielles 2 – au-delà de l’espérance ;
- Considérations existentielles 1 ;
- Considérations (anti)humanitaires ;
- Considérations consignatrices de votes ;
- Considérations militantes (Manifeste pour la Nouvelle Gauche) ;
- Considérations gauchistes, et droitardes aussi (gauche-droite 3) ;
- Considérations rigoristes, ou « néo-morales » ;
- Considérations sexuelles 2 – sur le « Philosophie » Magazine de ce mois ;
- Considérations gauche-droite 2, ou plutôt woke-braque... ;
- Considérations inclusives (« Décluez-vous ! ») ;
- Considérations féminines ;
- Considérations économiques ;
- Considérations hiérarchiques et bonne année ;
- Considérations musulmanes ;
- Considérations informatives ;
- Considérations narcissiques, ou "animeuses" ;
- Considérations gauche-droite 1 ;
- Considérations françaises – pour l’étranger européen, oxydantal* et autre ;
- Considérations émeutières ;
- Considérations sexuelles 1 ;
- Condisérations entrepreneuriales et administratives ;
- Considérations territoriales ;
- Considérations bourgeoises ;
- Considérations décoloniales.
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