Contre l’abstention, comptabilisons le vote blanc
Car les citoyens sont capables de se rendre massivement aux urnes, il n’y a qu’à regarder certains taux de participation, comme celui du 29 mai 2005 : 70% ; 2ème tour de élections présidentielles Chirac/Le pen : 84%.
Tous ces hommes politiques qui font mine de défendre la démocratie en se soumettant à des règles électives viciées participent à un système que la majorité des européens conteste. Il n’y a en réalité que deux camps qui s’affrontaient à ces élections : ceux qui désirent continuer à faire tourner le système comme il est, et ceux qui le refusent. Ceux qui le refusent ont gagné, mais comme le système n’est pas démocratique, leur contestation n’est ni entendue, ni écoutée.
Pourtant, il existe une méthode simple et empirique pour juger des vraies causes de l’abstention : comptabiliser les votes blancs. A partir du moment où chaque homme ou femme de plus de 18 ans est considéré capable d’utiliser son vote de manière éclairée, c’est faire offense aux citoyens que de ne pas leur laisser cette possibilité. Le vote blanc, c’est exprimer son intérêt pour le scrutin, tout en marquant son désaccord avec les candidats en lice. C’est aussi revendiquer l’existence de ce droit, et refuser d’être contraint à choisir entre la peste et le choléra. Car ce n’est pas le droit de vote qui est contesté, mais les règles qui définissent le découpage électoral, ou les candidats eux-mêmes, avec leurs programmes. Nos médias et nos politiques, s’ils avaient le courage qu’ils disent, et s’ils faisaient réellement confiance à leurs électeurs, ne devraient pas pouvoir s’opposer à une telle proposition.
Mais pourquoi ne le font-ils pas ?
Si le taux d’abstention restait le même après ça, ils ne pourraient bien sûr plus prétendre que les élections n’intéressent pas. Mais si le taux d’abstention baissait au profit du blanc, c’est là que cela coincerait. Et il est bien évident que c’est la raison pour laquelle le vote blanc n’est pas comptabilisé, car le taux d’abstention baisserait, et celui du vote blanc s’envolerait.
Evidemment, il faut réfléchir aux conditions d’une telle réforme, pour ne pas tomber dans une éternelle répétition du « jamais content ». mais reconnaître qu’une majorité de votes blancs signifie la nullité d’une élection, pourquoi pas ? les citoyens n’ont ni envie d’une élection tous les quatre matins, ni d’un pays qui n’avance pas. Il faudrait par exemple, organiser et autoriser constitutionnellement la possibilité d’annuler une fois le premier tour, et déterminer qu’une majorité de votes blancs doit se rassembler au second « premier tour » sous une même bannière (ou plusieurs), sous peine de ne pas les comptabiliser au scrutin suivant.
on pourrait aussi imaginer qu’un "vote blanc" arrivé second soit l’occasion d’un retour aux urnes pour tous les partis sauf le premier arrivé, qui conserverait sa place au deuxième tour... de multiples possibilités sont envisageables pour ne pas bloquer l’Etat, mais qui les cherche ?
Cette méthode permettrait pourtant à la fois de marquer la défiance des citoyens envers les candidats présents, ainsi que de démocratiser la sélection qualitative de ces candidats. De plus, la perte de temps (et d’argent) occasionnée par une nouvelle campagne effraierait sans doute quelques soutiens, et favoriserait l’arrivée de nouvelles têtes plébiscitées par les contestataires.
Bien sûr, je ne crois ni au courage des hommes politiques ni à leur bonne volonté de se tirer une balle dans le pied, et une telle proposition n’est pas prête de voir le jour.
Mais un institut de sondage, ou un journal racoleur, pourrait sans doute être intéressé par ce genre de statistiques : « si le vote blanc était comptabilisé, vous abstiendriez-vous de vous rendre aux urnes ? »
Les résultats seraient peut-être évocateurs...
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