« Soyez résolus de ne servir plus et vous serez libres. Je ne veux pas que vous le* poussiez ou l*’ébranliez, mais seulement ne le* soutenez plus et vous le* verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même, fondre en bas et se rompre. »
Etienne de La Boëtie (1530-1563)
(* le tyran)
Comme on le voit avec la forme ubuesque qu’a pris le "débat parlementaire" sur les retraites, le régime sarkoziste ne tient plus aucun compte (s’il ne l’a jamais fait) ni de la "représentation nationale" dont la légitimité est désormais si proche de zéro (abstentions + votes blancs près de deux fois supérieurs à l’ensemble de tous les votes exprimés), ni des demandes de réouverture de négociation présentées par les organisations syndicales, par ailleurs reconnues comme représentatives par la loi.
Ce déni de prise en compte de la réalité de la société civile est une marque de fabrique de ce régime, dont la communication n’a jamais été basée que sur le mépris du débat et, dans l’épreuve, la stigmatisation de telle ou telle classe sociétale défavorisée ("karcherisation" de la "racaille" de banlieue, expulsions racistes, aides aux entreprises pour leurs plans de licenciements, bouclier fiscal pour les plus riches, ...).
Aujourd’hui, nous ne pouvons que constater que nous avons à faire à un régime autiste, dont la capacité à s’aveugler va de paire avec des gesticulations ridicules, des déclarations vaseuses et hors de propos et une conduite provocatrice, porteuse en elle-même de risques de dégénérécence des manifestations civiles et civiques, aujourd’hui encore (à peu près) pacifiques.
En gros, que pouvons-nous retenir des déclarations de nos "dirigeants" ?
Deux choses :
1) - "Cette réforme est nécessaire". Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Les aveugles sont les thuriféraires du régime. Et nous sommes les borgnes. Personne, en France, ne doute de la nécessité de réformer les retraites. Mais personne, non plus, n’est dupe quand aux arrières pensées de la réforme actuelle (transfert à des intérêts privés de la responsabilité de la gestion des futures pensions de retraite). L’exemple de l’Angleterre et des Etats-Unis, où de nombreux fonds de pension n’ont pas résisté à la crise financière de 2008 et ont donc obligé nombre de retraités à devoir retravailler pour vivre, ne sert à rien rue du Faubourg Saint-Honoré. La rue a, face à elle, une pensée dogmatique (type paternalisme ?) remontant à la deuxième moitié du XIX° siècle, totalement incapable de se remettre en question.
2) - "Le mouvement s’essouffle. Il suffit de regarder les chiffres de la police". Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Monsieur Péchenard, le prévaricateur en chef de la police nationale et grand ami de Son Eminence Nain de Jardin 1°, a des techniques de décomptage du nombre de manifestants qui me rappellent les "glorieuses réalisations" des plans quinquénaux de la grande époque du socialisme soviétique triomphant. Là, quand un ouvrier produisait une tonne d’acier, son chef déclarait 1,1 tonne, son sur-chef, 1,25 tonne et ainsi de suite jusqu’au Kremlin où l’on pouvait arriver à une productivité "soviétique" avec des machines obsolètes double de ce qui se faisait de l’autre coté du rideau de fer avec des machines à la pointe de la technologie. Aucune relation avec la réalité ? Qu’importe ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes !!! Ici, 1.000 manifestants recensés par les "compteurs" sur le terrain, se transforme en 950 au commissariat, 900 à la direction régionale, 850 à la préfecture, etc, jusqu’à la Place Beauvau (cf. les déclarations du syndicat des policiers de Marseille).
Face à cette incapacité gouvernementale à appréhender la réalité profonde de ce mouvement social, les manifestations commencent à se radicaliser d’autant plus que la "France profonde" reste massivement (+/- 70%) opposée à ce qui lui apparaît de plus en plus comme le diktat d’une catégorie socio-professionnelle (le "monde de la finance" avec tous les fantasmes qui lui sont attachés) sur le politique ; diktat entaché de relents pestilentiels de népotisme (Guillaume Sarkozy, frère du Cher Leader et PDG de Malakoff-Méderic prévoit de prendre rapidement près de 17% de cette manne inespérée). Relents pestilentiels, s’il en ait, comparables à la tentative heureusement avortée de nomination du Prince Jean à la tête de l’Epad.
Comment faire bouger un pouvoir coupé de la réalité sociale ?
Cette phrase d’Etienne de La Boëtie, tirée du "Discours de la servitude volontaire" (1548, La Boëtie a alors 18 ans), est la première à appeler à la désobéissance civile.
Celle-ci peut prendre des formes très diverses mais force est de constater qu’elle a permis des avancées sociales parfois insoupçonnées. Rien qu’au XX° siècle, deux grands mouvements de désobéissance civile le prouvent. L’un, en Inde avec Gandhi, l’autre, aux Etats-Unis avec Martin Luther King.
Quelles formes doit-elle et peut-elle prendre ? Là est la difficulté à se prononcer car elles peuvent être multiples et variées. Mais nombre d’ouvrages ont étudié ce phénomène et les possibilités sont incroyablement nombreuses.
Tapez "Désobéissance civile" sur Google et vous n’aurez que l’embaras du choix.
Je ne peux m’empécher de conclure en vous conseillant l’écoute du morceau de Keny ARKANA. On aime ou on n’aime pas, évidemment. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. N’est-ce pas Mrs Guaino, Soubie et consorts (complices) ?