Coup d’état
Le 1er mai, le journal britannique The Guardian publiait un article sur les élections françaises. Extrait traduit :
"J’ai déjeuné dans un café parisien avec un journaliste qui a passé toute la campagne présidentielle française à dénigrer le candidat de gauche Jean-Luc Mélenchon, dans un journal hebdomadaire de centre-gauche respecté (même si déclinant), et à vanter les mérites du centriste Emmanuel Macron. (…) Je lui ai demandé s’il y avait eu un effort délibéré des intellectuels et des politiciens dominants pour créer un deuxième tour de l’élection présidentielle entre Macron et la candidate d’extrême droite Marine Le Pen. “Pourquoi cette question, bien évidemment ! », a-t-il rigolé. “Nous y avons travaillé pendant un an.” Compte tenu du côté manifeste de cette stratégie, je ne prétends pas avoir révélé un grand secret. Pour autant, il est agréable de savoir que je n’étais pas paranoïaque."
Je ne suis pas adepte des théories du complot, mais là c’est explicite : cette élection a été savamment orchestrée. A l’heure ou j’écris ces lignes on ne connaît pas encore l’issue du scrutin mais celle-ci est si prévisible que je ne cours pas grand risque à affirmer que le résultat sera conforme à ce que les organisateurs de cette mascarade ont prévu. Sarkollande sera président et on va en prendre plein la tronche.
Comment fabrique-t-on une élection ? La psycho-sociologie nous en apporte la réponse et je vous renvoi aux ouvrages de référence que sont « La fabrication du consentement » de Chomsky et Herman, « Propaganda » d’Edward Bernays ou « Les illusions libérales » de Jean-Leon Beauvois.
Tout d’abord, comme dans tout bon western, il faut un gentil et un (ou une) méchant. Comme le gentil précédent était usé jusqu’à la corde, on a choisi un personnage peu connu mais qui correspondait aux critères d’embauche : beau gosse, sourire de vendeur de voitures d’occasion, bon acteur, ambitieux et sans scrupules. Ca tombait bien, Jacques Attali et Alain Minc avaient ça en stock. Pour le méchant, en l’occurrence la méchante, c’était tout trouvé, un produit sûr et bien rôdé à qui au fil du temps on avait accroché tant d’étiquettes nauséabondes qu’il se suffisait à lui-même.
Restait à s’assurer que ces deux-là allait se retrouver en finale. Rien de plus simple, il existe une corrélation forte entre la surface d’exposition médiatique et le résultat du vote. Il suffisait donc de s’assurer de la collaboration des media. Facile puisque tous les grands média sont la propriété de personnes acquises à la cause. Emmanuel Macron et Marine le Pen ont donc tous deux bénéficiés d’une exposition record.
Mais ça ne suffit pas à s’assurer de l’issue du scrutin. On a donc eu recours à une des plus grosse ficelle de la publicité : le conditionnement évaluatif, qui consiste à associer de manière répétée un sentiment (positif pour l’un, négatif pour les autres) aux produits en rayon. C’est une technique qui paraît grossière mais dont toutes les études montrent qu’elle est redoutablement efficace et surtout durable : une fois que cette association sera gravée dans votre crâne, et ce de manière quasiment imperceptible, il sera très difficile de vous faire changer d’avis. Mieux, vous serez persuadé d’avoir eu cet avis par vous-même.
Vous n’y croyez pas ? Et pourtant vous avez été (et moi aussi) conditionné depuis votre enfance à penser certaines choses plutôt que d’autres. L’éducation, l’école, les média, la publicité vous ont vendu du prêt à penser sans même que vous en soyez conscient. Ca va de choses sans gravité comme d’être persuadé que le Coca n’a pas le même goût que le Pepsi (faites un test à l’aveugle si vous croyez ça), jusqu’à des choses plus surprenantes, voire dérangeantes.
Par exemple, si je vous dit « Verlaine a écrit des poèmes magnifiques », cela ne suscitera pas de réaction viscérale de votre part. Par contre, si je vous dit « Brasillach a écrit des poèmes magnifiques », vous allez probablement avoir un haut-le-cœur : Brasillach égale collabo, nazi, les heures les plus sombres de notre histoire, tout ça, alors que Verlaine, c’est un de nos grands hommes. Oui mais voilà, Verlaine était pédophile. Je ne sais pas ce qui est le plus grave entre être pédophile ou collabo, mais la réaction viscérale (ou la non-réaction) me paraît tout autant justifiée pour l’un que pour l’autre. Mais il se trouve que nous avons tous été conditionné à associer Brasillach avec un affect négatif et Verlaine avec un affect positif. Et même si vous vous bouchez le nez et lisez des poèmes de Brasillach (qui sont effectivement magnifiques, désolé), il vous faudra faire un très gros effort pour dépasser cet affect.
Pour détecter un conditionnement, il suffit d’évaluer la réaction affective à une affirmation. Si celle-ci est telle qu’elle coupe court à toute discussion, c’est un signe infaillible. Combien d’entre vous qui n’adhériez pas au programme de Mr. Macron, voire qui le détestiez, avez quand même voté pour lui pour « faire barrage au fascisme » ? Quel fascisme ? Ecoutons ce que disait Lionel Jospin à l’antenne de France Culture le 27 octobre 2007 : « Pendant toutes les années du Mitterandisme nous n’avons jamais été face à une menace fasciste et donc tout antifascisme n’était que du théâtre. Nous avons été face à un parti, le Front National qui était un parti d’extrême-droite, un parti populiste aussi à sa façon, mais nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste et même pas face à un parti fasciste. »
Et si vous pensez que Macron ne sera, tout compte fait, pas pire que Hollande, regardez cette vidéo qui décortique son programme. Parmi les commentaires, cette excellente blague :
- Entre nous monsieur Hollande, pourquoi souhaitez-vous que Macron vous succède à la présidence ?
- Je veux que les français me regrettent.
Il ne nous reste plus qu’à faire un gros stock de vaseline.
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