Courbevoie, le nouvel eldorado du système Sarkozy ?
Il faut se méfier de l’eau qui dort. Les municipales à Courbevoie recèlent bien des secrets. Histoire d’un parachuté bien caché.
Toute l’attention des médias s’est focalisée sur le feuilleton élyséen de Neuilly-sur-Seine. Encore hier, nous assistions au dernier coup de théâtre en apprenant que Balkany, le maire de Levallois soutenait le dissident Theullé.
De l’autre côté de la Seine, une ville de plus de 85 000 habitants, Courbevoie semble bien endormie. La campagne municipale ne fait pas l’objet de grands articles et les journaux, y compris Le Parisien Hauts-de-Seine, semblent à peine savoir qu’une liste du Mouvement Démocrate intitulée « Courbevoie j’y vis, avec le MoDem j’y crois » s’y bat de façon originale, avec un tandem de choc : Patrick Bolli et Martine Volard (1).
Et pourtant... pourtant... sur la liste du maire sortant M. Kossowski, qu’il présente lui-même comme étant « renouvelée » et « le reflet de la population de la ville dans toute sa diversité », une personnalité très intéressante, placée discrètement en 21e position s’est engagée : Eric Cesari. (2 )
Qui est Eric Cesari ?
D’après le maire, « Eric Cesari, cadre supérieur, quartier de l’Hôtel de ville ».
En fait, Eric Cesari est actuellement adjoint au maire... de Rouen et vice-président de la Communauté d’agglomération de Rouen, comme en témoigne sa vidéo de soutien à Bruno Devaux (3). Ancien chargé de mission de Charles Pasqua au ministère de l’Intérieur, il a été aussi directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy quand ce dernier était président du Conseil général des Hauts-de-Seine.
L’Express, de son côté, dans son dossier du 8/02/2007 intitulé « les hommes-clés » du « système Sarkozy » le mentionne en bonne position. (4). A l’évidence, c’est un proche.
Alors, pourquoi un parachutage aussi discret ? Plantons un peu le décor. D’un côté, Courbevoie, une ville tranquille, UMP depuis des lustres, avec un maire vieillissant (68 ans) se présentant pour son 3e et dernier mandat. Mais aussi une ville stratégique car placée en partie sur la Défense.
Or, à la Défense, il y a un gros scandale financier, appelé l’EPAD (Etablissement public de l’aménagement de la Défense), pointé du doigt par la Cour des comptes, repris dans son rapport en octobre 2007 par la Commission des finances du Sénat présidée par Jean Arthuis (5). Faut-il le souligner, le président actuel a côtoyé les plus hautes fonctions de cet établissement.
De plus, la Défense, c’est aussi
le grand projet du quinquennat, LE premier quartier d’affaires européen à
construire. D’ailleurs, justement, en pleine crise de logements sociaux en
France, les locataires du quartier des Damiers situé en plein cœur de la Défense 1, ont été priés de partir par leur bailleur : « Logis
Transports a envisagé la vente de votre résidence à un investisseur privé qui
souhaite libérer l’immeuble » (6). Le PS et le MoDem de Courbevoie ont réagi, mais le communiqué de presse du MoDem n’a pas semblé intéresser les journaux et il n’est donc paru que sur son blog.
Voilà pour Courbevoie. Examinons
maintenant la situation côté Rouen. Le maire sortant est Albertini, centriste
ayant soutenu Bayrou au premier tour des présidentielles de 2007, puis Nicolas
Sarkozy au second - d’ailleurs il semble bien le regretter si on regarde la
façon dont il essaye maintenant de se démarquer (7). Albertini, on peut l’imaginer, avait
sans doute reçu l’assurance d’être investi pour les municipales en échange de
son soutien. Donc, pas de possibilité d’ascension pour Cesari. Remarquez, si on
regarde les sondages actuels qui donnent Albertini vaincu, M. Cesari doit être
content d’être parti ! Fallait-il lui donner une ville à la hauteur de son ambition ?
Et c’est ainsi que l’on met en
place un coup double : la succession de Kossowski est assurée et un homme
« sûr » est mis en place au cœur du système Sarkozy. Il est peu
probable que M. Cesari se contente d’un strapontin dans la nouvelle équipe. Son parachutage très discret ne cadre pas avec ses compétences. Pourquoi M. Kossowski ne met-il pas en avant ses qualités d’adjoint acquises à Rouen ?
Tout cela, ce n’est pas de la politique fiction, c’est
aujourd’hui, c’est maintenant. Les médias ?... Silence
radio... Il ne se passe rien à Courbevoie !
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