Crise de la gauche : sa reconstruction passe par un nouveau logiciel de pensée
Si le Parti Socialiste a accepté l'économie de marché et sa droitisation, les déçus du Bourget* sont nombreux. Le PS perd des adhérents (60% selon le Lab d'Europe 1 en 2014). Mais où vont-ils ? Que veulent-ils ? Que doit faire la Gauche ?
La redéfinition de l'échiquier politique est nécessaire. L'effet Hollande, Valls et Macron a positionné le Parti Socialiste au Centre. À sa gauche, il y a un vide béant laissé par le PS. Ainsi, aujourd'hui c'est le Front de Gauche, regroupant le Parti De Gauche de J-L. Mélenchon et le Parti Communiste de Pierre Laurent, qui tente de reconquérir les déçus du socialisme :
Pourtant les effectifs du Front de Gauche ne se sont pas étoffés au rythme de la chute historique des adhérents et hypothétiquement des sympathisants PS. Paradoxalement, le Front National revendique, quant à lui, une multiplication de près de 12 en 7 ans de ses adhérents ( de 7 000 en 2007 à plus de 83 000 membres en 2014, inscrits sur le collège électoral du FN).
I) Les déçus du Hollandisme sautent les barrières et vont directement au Front National ?
Une partie oui. Et cela traduit bien la crise politique dans laquelle la France est engluée depuis plusieurs années. Des citoyens qui en ont marre, qui ne comprennent plus, qui ne retrouvent plus leur convictions politiques dans l'offre du moment. Pourquoi Marine plutôt que Mélenchon, ce dernier censé représenté fièrement les valeurs de la Gauche ? Cet article ne vise pas à raconter une énième histoire de la dédiabolisation du parti frontiste. Mais l'apport d'une femme, Marine Le Pen et surtout de sa tête pensante, Florian Philippot ont été des atouts certains à la "sexysation" du parti. Florian Philippot, se revendiquant être un ancien chevènementiste, incarnant le renouvellement de la classe politique, est le point fort de cette conquête de partisans.
II) En est-ce pour autant fini pour la Gauche ?
Evidemment, non. Néanmoins, le sursaut de la Gauche passe aussi, par un nouveau logiciel de pensée. Tout d'abord, celui d'incarner la défense d'un Etat fort pour répondre aux besoins des citoyens. Et non, ce que fait actuellement la Gauche, vouloir la perte de l'Etat fort : d'un côté le PS assume un marché dominant sur le pouvoir de l'Etat. Le Front de Gauche, quant à lui, prônant une 6e république parlementariste qui menacerait la stabilité d'un gouvernement et du chef de l'Etat. Ensuite, dans ce nouveau logiciel, cet Etat fort soutiendrait le modèle social, n'accepterait pas les volontés d'ingérance poltiique de certaines élites non élues l'Union Européenne, etc. Pourtant, une petite formation politique continue de survivre et reprend l'essentiel des ces valeurs : le Mouvement Républicain et Citoyen. Mais ce parti, créé par J-P. Chevènement, manque cruellement de leaders charismatiques depuis le retrait progressif du "Che." Et certaines logiques électoralistes ont tué dans l'oeuf une éventuelle réussite du mouvement.
III) Que faut-il alors à la Gauche : Un nouveau pôle républicain ou un pôle de la Gauche ?
Celui qui a le moins de chances de réussite : le pôle de la Gauche.
Actuellement, il y a tout à construire à Gauche, dévastée par le quinquennat social-libéral de François Hollande. Une union entre les frondeurs socialistes, Arnaud Montebourg, le MRC, des radicaux de gauche, des écologistes et le Front de Gauche est séduisante sur le papier pour s'imposer sur l'échiquier politique. Mais les différences sont nombreuses sur certaines idées. Par exemple, le MRC, en règle générale, n'est pas favorable à la 6e république (contrairement à A. Montebourg, J-L. Mélenchon et les communistes), et défend le nucléaire comme la majorité des frondeurs socialistes (contrairement aux écologistes et au Front de Gauche) etc. L'union de cette gauche reste donc improbable.
Celui qui a le plus de chances de réussite : un nouveau Pôle Républicain.
Quant on parle de Pôle Républicain, on pense évidemment à l'échec du 1er du nom. Celui créé par Jean-Pierre Chevènement en 2001 pour la présidentielle de 2002. Alors que ce dernier était pressenti pour être le 3e homme de l'élection, il ne réussira à rassembler que 5,33% des électeurs. De plus, il n'obtient aucun député aux législatives, de la même année. L'affront de trop : cette fédérations de mouvements s'éteint donc en 2004. Son successeur naturel, le MRC va souffrir de certaines logiques électoralistes le liant avec le Parti Socialiste, et J-P. Chevènement va se mettre petit à petit en retrait de la vie politique et médiatique. La situation est donc toujours morose pour le mouvement.
Sauf qu'avec les déçus du socialisme, qui ont trouvé au Front National, à travers F. Philippot, un discours rassembleur sur la forme, le MRC a encore un réservoir de désenchantés qui refusent leur attachement à l'extrême droite. D'autres aussi ont rejoint les républicains de droite de Nicolas Dupont-Aignan. Ses coups de communication, sa réussite locale à Yerres, lui ont permis de progresser petit à petit avec Debout La France (anciennement Debout La République). Si "NDA" est aujourd'hui classé à droite, il est vrai que les différences idéologiques avec le MRC ne sont pas flagrantes. Un rassemblement entre les deux formations est donc possible. Pour autant, nul doute que les scores électoraux ne flamberont pas sur le court terme (le MRC étant pratiquement inexistant sur la scène médiatique.) En revanche, l'UMP compte aussi des gaullistes sociaux qui sont frustrés par le totalitarisme de ses élites. Le PS, a, aussi, parmi ses membres et sympathisants, des citoyens keynésianistes qui sont également frustrés par le despotisme des éléphants.
La réussite passe donc par un nouveau cadre de pensée. Celui d'accepter le rassemblement de tous bords sur un tronc commun et une idéologie qui est totalement alternative à la pensée politique commune.
Jonas
*Discours "très à gauche" prononcé par le candidat François Hollande le 22 janvier 2012 critiquant notamment, avec fermeté, le monde de la finance
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