Crise économique : Sarkozy change de cap et imite Bayrou
Nicolas Sarkozy a présenté un plan qui prévoit notamment une exonération de charges sur les embauches dans les PME et 10,5 milliards d’euros d’investissements publics supplémentaires. Mais d’où viennent ces idées ?
Une belle histoire. C’était il y a un an et demi, la campagne présidentielle battait son plein, un duel se dessinait entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ; mais... un élément perturbateur commençait à décoller dans les sondages, il s’agit évidement de François Bayrou. Ce dernier va atteindre son apogée courant mars, en dépassant Royal dans les sondages à 24% et en étant largement donné vainqueur face à Nicolas Sarkozy au second tour. Malheureusement, comprenant le danger, le PS et l’UMP organisent une coalition contre le leader de l’UDF pour le faire plonger. Débauchage, diffamation... rien n’est épargné au Béarnais et il plonge dans les sondages jusqu’à stagner autour de 16% deux semaines avant le permier-tour. Le danger est écarté.
De la diffamation... voilà bien le souci qu’à rencontré le leader centriste durant la campagne. Souvent taxé d’absence d’idées, de programme économique défaillant. Après l’élection de Nicolas Sarkozy, il fut régulièrement victime de la fameuse question "Que feriez vous à la place du chef de l’Etat ?". Eh bien c’est paradoxalement son ennemi de toujours, le libéral-conservateur de Neuilly-sur-Seine qui répond à la question. Nicolas Sarkozy change de cap, et avec un an de retard, se met à appliquer le brillant programme économique du Mouvement Démocrate. Il était temps !
C’est donc un virage à 360° auquel on assiste. Fini la sacro-sainte relance économique par le tout croissance et le tout pouvoir d’achat, hautement démagogique. En pleine période de crise, le gouvernement change de cap et choisit d’imiter François Bayrou, avec certes beaucoup de retard. En effet, dès la fin 2006, pour répondre à la crise qui se profilait (bulle immobilière et hausse des matières premières), le président de l’UDF proposait :
La possibilité pour chaque entreprise de créer deux emplois sans charges. A moyen terme, il propose de réfléchir au transfert des charges sociales vers d’autres bases que le travail.
Il expliquait que, quand il s’agit de définir des priorités en matière économique, tout le monde parle de croissance, d’emploi, et, évidemment, à juste titre. Mais la croissance et l’emploi sont des résultantes : ce qui fait l’emploi, c’est l’entreprise. L’esprit d’entreprise et l’entrepreneur. Or, si une entreprise, à production de richesse semblable, crée des emplois, elle paye le maximum de charges ; si elle n’en crée pas, elle paye très peu. Formidable injustice. Rien ne justifie que l’ensemble du financement de la protection sociale repose sur le travail, sur l’emploi.
Nicolas Sarkozy, dans son plan de relance suggère que les entreprises de moins de 10 salariés seront exonérées de la totalité des charges patronales pour les embauches réalisées en 2009 de salariés.
Un copier coller en somme.
A propos de la politique publique, dès 2007, et relayé dimanche dernier au Grand Journal de Michel Denisot sur Canal +, François Bayrou proposait de faire investir l’Etat parce-que, dit-il "quand on relance par la consommation, on enrichit les pays comme la Chine mais pas la France". En effet, lorsque le gouvernement agit sur le pouvoir d’achat des ménages, ceux-ci achètent en général des produits qui ne sont pas fabriqués en France. Pour palier à ce problème, le président du MoDem proposait de faire investir l’Etat directement, en France, pour créer de l’emploi et de la richesse. Un investissement direct en somme. En outre, le leader centriste avait lourdement insisté sur la nécessité pour l’Etat d’investir là où les moyens manque. Ainsi, il déclarait pendant la campagne présidentielle :
La fonction publique, c’est l’Etat. L’Etat doit être présent là où ça va mal, dans les banlieues sensibles et dans les zones rurales abandonnées, au plus près des populations en difficulté. Il faut inverser notre politique et réimplanter l’Etat au cœur de ces territoires, pour y incarner le service public et la sécurité.
Bien plus tard, le chef de l’Etat propose désormais :
10,5 milliards d’euros d’investissements supplémentaires de l’Etat, des grandes entreprises publiques et des collectivités locales pour accélérer divers programmes d’équipement. Le plan prévoit 4 milliards d’euros d’investissements publics, 4 milliards pour les entreprises publiques (EDF, La Poste, etc.) et 2,5 milliards pour les collectivités locales.
Le chef de l’Etat a cité notamment les contrats de plan Etat-région, qui "ont pris un retard considérable", la loi de programmation militaire, "l’entretien et la mise en valeur du patrimoine", les hôpitaux, la rénovation des tribunaux, les moyens de la gendarmerie et de la police, et les infrastructures routières, ferroviaires et fluviales.
La réalisation du canal Seine Nord Europe et l’avance "en parallèle" de quatre lignes de TGV font partie de ces investissements.
Il s’agit, a dit Nicolas Sarkozy, de "réaliser les investissement qui dormaient dans les cartons" et "profiteront à "la compétitivité de la France".
Là encore, Nicolas Sarkozy s’inspire grandement du programme économique de François Bayrou.
Globalement, le plan du chef de l’Etat s’appuie sur les entreprises pour relancer l’économie. Il espère notament que les entreprises profitent de ce plan pour se relancer et faire repartir la croissance. Une piste intéressante, que seul François Bayrou avait proposé en 2007, face à deux candidats qui proposaient une relance par la consommation, voué d’avance à l’échec dans le contexte économique actuel et la mondialisation.
Reste à savoir si maintenant Nicolas Sarkozy appliquera ce plan comme il le faut. Mais après l’initiative européenne d’un plan de relance, elle aussi inspirée directement d’un François Bayrou qui la plébiscitait plusieurs semaines avant que Sarkozy se décide à lancer l’initiative, le chef de l’Etat calque sa politique sur celle qu’aurait mise en place le leader du MoDem s’il avait été élu, avec un large temps de retard qui aura couté cher au contribuable, avec la quasi-faillite de Dexia et de centaines de très petites et moyennes entreprises.
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