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Accueil du site > Actualités > Politique > D’une élection imperdable à droite... à l’« impossible » (...)

D’une élection imperdable à droite... à l’« impossible » victoire du pragmatique Macron !

Cet article prolonge l'excellente émission spéciale (Fr5, 9 mai), sans apporter d'élément vraiment nouveau : raccourci utile pour comprendre l'incroyable élection de Macron, dans le contexte français, il liste surtout des 'évidences' non citées hier.

Une colère sourde...

Un élément clé est bien sûr la colère remontant de toute part, après le quinquennat calamiteux de F. Hollande, élu en 2012 surtout par anti-sarkozysme, et qui n'a pas su se hisser au niveau d'un Président normal, ni se défaire de son incapacité à trancher et à donner un cap. Il ne semble d'ailleurs toujours pas avoir compris qu'on ne gouverne pas un pays comme il a géré un parti, à la recherche permanente d'une pseudo synthèse 'politique' (en réalité politicienne, et du pire acabit).

... un système politique incitant à la guerre de tranchées gauche /droite

Les institutions de la 5e république n'ont pas non plus aidé la France et ses présidents, depuis des décennies : comme l'ont très bien écrit de nombreux auteurs comme Ghislaine Ottenheimer ("Poison présidentiel", 2015), l'élection présidentielle reine, et le caractère binaire du système électoral incitent en permanence chaque candidat à d'abord "rassembler son camp", c'est-à-dire à courir derrière ceux qui ont les positions les plus extrêmes dans son supposé camp, déchirré en fait entre des positions très différentes.

Nombreux sont ceux qui critiquent les primaires, accusées de tous les maux : aucun des 2 'finalistes' n'était issu de ces processus. Mais elles ont permis à 86% des Français d'éviter ce qu'ils redoutaient, et qui se profilait à grands pas : un duel Sarkozy - Hollande, remake et revanche de 2012.

Les primaires ont en fait prolongé ces tendances '5e république' qui incitent chaque candidat à être le plus démagogue, pour avoir le plus de chances de parvenir au 2e tour... sans pouvoir tenir les promesses irréalistes pour celui qui est finalement élu. Rappelons nous les confidences de Chirac à ses amis, juste avant les élections de 1995, du genre "vous allez être surpris de ma capacité à faire de la démagogie !"

Après être élu sur le thème de la "fracture sociale", il est amené à décider quelques semaines plus tard un programme très différent, et fait face en décembre 1995 au plus grand mouvement social depuis Mai 1968.

Dans la cohabitation qui a suivi, Jospin, malgré son 'devoir d'inventaire' par rapport à Mitterrand et à la gauche à l'épreuve du pouvoir, n' a pas su ou pu sortir de cette guerre de tranchées entre deux camps. Par exemple, par volonté de faire la différence avec la loi de Robien, Martine Aubry choisira finalement d'imposer les 35 heures à tous les secteurs de l'économie française, erreur majeure de cette prétention des dirigeants politiques français à vouloir absolument régenter toute l'économie.

Les illusions tenaces de la gauche française...

Il faut dire que le "tournant de la rigueur" de 1983 n'a toujours pas été digéré et accepté par une grande partie de la gauche, et le PS n'a toujours pas fait son fameux "Bad Godesberg", reconnaissance de l'incontournable économie de marché si essentielle en Allemagne et ailleurs, en Europe et dans le monde.

... mais aussi d'une grande part des dirigeants et électeurs français

Sarkozy de son côté a également déçu les très forts espoirs portés sur lui en 2007. La crise de 2008 ne l'a pas aidé, bien sûr, mais il avait déjà montré son incapacité à aller au bout de certaines réformes. La réforme des retraites, par exemple, a créé des coûts annuels encore plus forts qu'auparavant, du fait des régimes spéciaux finalement consolidés.

Il a su lancer et réussir certaines réformes importantes. Et il a très bien contribué à éviter en 2011 que la crise de l'euro ne devienne gigantesque et catastrophique, d'ampleur bien supérieure par ses conséquences à celle de 2008, en Europe et dans le monde, par contagion.

Mais force est de constater que les Français n'ont pas été satisfaits, ni les 750 000 chômeurs de plus en 5 ans. Jacques Attali insistait avec raison hier soir, sur le nécessaire engagement sur la durée, pour des effets économiques réels, alors que les dirigeants politiques français ont les yeux rivés sur leur propre réélection, et ne veulent pas prendre les décisions qui s'imposent.

Sans compter la présidence Bling Bling et le 'Casse toi pauvre con' si préjuciables à l'idée que se font les Français d'un Président de la République.

Bref, la situation économique qui s'était améliorée après 2005 (Villepin, Borloo, Breton) s'était fortement dégradée, et les espoirs déçus en 2007 se sont transformés en colère grandissante qui expliquent l'essentiel de la montée du FN, continue, jusqu'à ce niveau malheureusement historique de 34%, et 10.5 millions de suffrages pour Marine Le Pen.

Et contrairement à ce qu'essaie de faire croire F. Hollande, la situation est loin d'être meilleure que quand il est arrivé au pouvoir. D'ailleurs il a hérité du fameux 'alignement des planètes' (prix du baril, baisse de l'euro, diminution drastique des taux), ' qui ne se produit que très exceptionnellement ', sans obtenir les effets très positifs constatés par exemple dans les pays du Nord de l'Europe. Et tout en continuant à augmenter considérablement la dette publique française (L'Opinion) : malgré la fantastique (et non durable) baisse des taux, la dette publique française s'établit à la fin 2016 à 96% du PIB français.

Un 'incroyable enchaînement d'événements

Mais revenons à l'incroyable enchaînement des événements depuis un an, si bien présenté dans ce documentaire. Dont une partie était prévisible : l'élection de Hollande en 2012 avait bien été vue comme la dernière chance pour les dirigeants français de remettre la France sur les rails... Fallait-il s'étonner en mars 2017 d'un score d'environ 28% pour le FN ?

Les progrès des instituts français de sondage depuis 2002 ont permis aux Français de disposer en permanence d'éléments d'information essentiels, et d'éviter la fantastique surprise du 22 avril 2002 : la présence de MLP au 2e tour avait été perçue comme la situation la plus probable depuis des mois, et ceci a transformé le 1er tour en un second tour avant l'heure. La volonté de 'voter utile' a expliqué l'essentiel des évolutions du vote des Français dans les sondages depuis plus d'un an.

Les électeurs et dirigeants de droite se résignaient à cette percée de MLP, puisque cela ne devait pas empêcher l'élection du gagnant de leurs primaires, comme en 2002.

Et pour éviter les travers cités plus hauts, et que Sarkozy, toujours impopulaire auprès de la majorité des Français, ne puisse être élu au terme de ces primaires, les Juppéistes et autres non sarkozystes ont exigé, avec succès, des 'primaires ouvertes' (de la Droite et du Centre), qui ont effectivement éliminé Nicolas Sarkozy, et ce dès le premier tour.

De son côté la gauche est extrêmement divisée depuis 2014 (décisions en faveur d'une "politique de l'offre", CICE, etc.). Les dirigeants du PS, François Hollande au premier chef, n'avaient pas su tirer les conclusions de l'échec de 2002. Ils s'étaient contentés d'attendre le retour du balancier, et ils avaient laissé croire au "peuple de gauche" qu'il suffirait de revenir aux traditionnels slogans, mais bien creux et particulièrement inefficaces.

Il faut dire que l'embellie économique en 2007 avait fait illusion, puisqu'elle n'était pas due principalement aux décisions de la gauche, mais surtout à la croissance revenue en Europe et dans le monde, et aux mesures d'Alain Juppé (1995-1997), saines mais alors impopulaires.

La gauche, ses dirigeants et électeurs, ne voulaient pas voir ces éléments essentiels, et préféraient se réfugier derrière les "recettes" habituelles, ultra-keynésiennes et encore plus inadaptées à une économie ouverte et moderne qu'en 1981-1983.

François Hollande, aveuglé en 2011 par les affirmations péremptoires de Karine Berger, pseudo-économiste, sur les cycles économiques et leur supposée embellie 'automatique' [1] [2], pensait qu'il suffisait d'attendre ce retournement de conjoncture ! Victime de ses convictions sur les possibilités pseudo-keynésiennes de redresser la France, refusant de voir l'ampleur la crise économique, et faisant beaucoup trop confiance à Michel Sapin, il s'était engagé très imprudemment sur la fameuse promesse "d'inverser la courbe du chômage" en seulement un an !

La promesse intenable de François Hollande de trop...

L'engagement de François Hollande de ne pas se représenter dans le cas contraire, les nombreux errements de sa 'politique' (déchéance de nationalité par exemple, calculs politiciens bien vains) et le constat qu'il ne le laissait pas aller au bout des réformes que E. Macron proposait et portait, ont décidé le Ministre de l'Economie de se lancer dans l'élection présidentielle.

Malgré tous les "c'est impossible" et la certitude ambiante que la droite l'emporterait ("élection imperdable").

Cet engagement bien présomptueux de François Hollande sur le chômage, aura donc convaincu Macron, bien avant l'heure, de l'impossibilité du Président de se représenter. Et la probabilité que Sarkozy, également très impopulaire, soit aussi présent, lui ont permis de lancer toute une démarche, sur un an, pour résoudre toutes les difficultés et 'impossibilités' prédites par tous.

Comme la plupart des éditorialistes et sondeurs, Macron tire aussi les conclusions de ce que les Français sont prêts aux réformes que les dirigeants politiques n'ont pas voulu faire jusqu'à présent, depuis des décennies. Et de ce que les lignes de fracture actuelles (Union Européenne ou pseudo-souverainneté, politique de l'offre ou de la demande, rôle de l'Etat, diminution des dépenses publiques, etc.) traversent en réalité les deux 'camps', et de ce que les clivages gauche / droite habituels ne sont plus pertinents, en l'état.

Le "chamboule tout" qui s'en suit

Sa décision de se lancer aura donc empêché François Hollande de se représenter et d'essuyer un échec retentissant et une cuisante humiliation. Elle aura aussi permis aux déçus de François Fillon, du fait de ses 'affaires', de se reporter sur son nom, et de faire apparaître sa démarche comme particulièrement crédible.

Les péripéties à gauche, conséquences à la fois des très grandes divisions, de l'impréparation de Manuel Valls et des autres candidats de la primaire, et la volonté des électeurs de gauche de retrouver un candidat "vraiment à gauche" font finalement désigner Benoît Hamon, frondeur de la première heure, comme porte drapeau d'un PS, déchirré entre social-démocratie responsable et 'socialisme' illusoire et fournisseur officiel de grands succès au FN.

L'accord ultérieur avec les Verts n'empêchera pas Jean Luc Mélenchon de tirer son épingle du jeu. Il a en effet beaucoup appris de ses erreurs en 2012 et mène une bonne campagne grâce notamment à ses qualités de tribun. Hamon se retouve vite dans un étau entre Macron et Mélenchon, et quelques semaines suffiront à le précipiter vers ses 6% catastrophiques du 1er tour, plus bas historique depuis 48 ans.

Ce qui augmente encore les chances d'un Macron, devenu favori derrière MLP, puis devant elle dans les sondages. Entre temps, le vote FN perd de son pouvoir d'attraction, notamment au profit de Jean Luc Mélenchon, qui récupère une partie du vote populaire, mais aussi de N. Dupont-Aignan, et de Asselineau, héraut du Frexit. La colère et le vote extrême peuvent désormais s'exprimer par une autre voix (voie ?) que MLP.

Et dans sa gestion au jour le jour, Macron aura été aussi très fin tacticien, après avoir été à la fois visionnaire et excellent stratège. Ce qui lui aura permis de recueillir finalement le plus de suffrages au premier tour, et de créer ainsi une dynamique très favorable, face à une Marine Le Pen qui s'écroule complètement pendant son débat calamiteux avec lui. Et qui pâtit aussi de ses revirements de dernière minute (retour à la retraite à 60 ans repoussé à la fin du quinquennat, position sur l'euro monnaie commune complètement incompréhensible, y compris par ses électeurs).

Comme quoi la démagogie pure et simple, les simplifications à outrance (comme en faveur du Brexit et de Trump) et l'aveuglement idéologique ont aussi des limites !

Et c'est donc la candiature la moins probable il y a un an, et la seule responsable économiquement (après le décrochage de la candidature de François Fillon), qui l'emporte finalement ! Pour reprendre l'analogie donnée par F.Fillon sur les 24h du Mans en 1969 : Jacky Ickx est le dernier à partir lors de la course, mais passe finalement le premier la ligne d'arrivée.

 

[1] Parti Libéral Démocrate, Question de cycles, 21 mai 2014. La tête pensante (et secrétaire nationale) du Parti socialiste en matière économique explique doctement que l’économie fonctionne par cycles et que nous nous approchons du suivant. L’origine de la “crise” ? la faillite de Lehman Brothers. Or, les crises « durent six ou sept ans ». Donc, pour l’Europe, « c’est en 2014 que nous pouvons espérer la sortie du tunnel »  : la reprise française suivra mécaniquement « le prochain cycle d’expansion mondiale ». CQFD.

Cet éditorial n’est pas le résultat malencontreux d’une nuit blanche à l’Assemblée ou d’une soirée arrosée Rue de Solferino. C’est la petite musique que Karine Berger répète jour après jour à ses camarades. Dans son récent rapport sur l’épargne financière des ménages (coécrit avec Dominique Lefebvre et remis au gouvernement le mois dernier), Karine Berger prépare ainsi « le prochain cycle d’expansion français », considéré comme un acquis, en étudiant les meilleurs moyens d’allouer l’épargne au financement d’une économie en plein essor.

[2] Atlantico, Philippe Waechter, Novembre 2012


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9 réactions à cet article    


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 11 mai 2017 08:58

    Masquer les symptômes d’une infection généralisée n’a jamais conduit à la guérison. 


    Les ténors cités dans l’article d’aujourd’hui sur ce site « Moutons, pigeons, dindons... Le Cheptel de Macron ? » ont réussi un bon « coup » mais en politique, le « mat » n’est jamais acquis, à moins que l’on ne considère ce jeu que comme une longue suite de parties d’échecs. 

    Droite/gauche est peut-être un repère dépassé, mais possédant/exploité demeure une réalité, recouverte par un magma épais de propagande et de manipulations. Certains volcans sont éteints, définitivement. Mais d’autres se réveillent, et même les sismologues sont surpris...

    • BA 11 mai 2017 09:04

      Comment Macron m’a séduit, puis trahi.

      EN 2010, LE JOURNAL LE MONDE EST AU BORD DE LA FAILLITE ET EMMANUEL MACRON PROPOSE SON AIDE « BÉNÉVOLE » AUX JOURNALISTES. MAIS LE BANQUIER D’AFFAIRES ROULAIT EN FAIT POUR UN DES GROUPES QUI VOULAIT RACHETER LE JOURNAL…

      Je suis Adrien de Tricornot, je suis journaliste au Monde. En 2010, le groupe Le Monde avait de grosses difficultés financières et j’étais vice-président de la Société des Rédacteurs du Monde.
      Nous les journalistes, au travers de la Société des Rédacteurs du Monde, étions les principaux actionnaires du groupe *. Nous savions que nous allions devoir faire appel à de nouveaux investisseurs, et voir nos parts diminuer. Nous allions perdre le contrôle actionnarial du journal. Il fallait nous entourer de spécialistes : avocats, banquiers d’affaires.

      C’est à ce moment là qu’Emmanuel Macron, jeune banquier chez Rothschild, fait savoir à une journaliste, qu’il est prêt à nous aider « pro bono ».


      Emmanuel Macron se présente à nous comme un banquier d’affaires qui fait de l’argent, mais n’y trouve pas du sens, membre de la Fondation Jean Jaurès, voulant défendre la liberté de la presse, ancien assistant de Paul Ricoeur… Et donc prêt à nous aider bénévolement.


      Et Emmanuel, puisque c’est comme ça qu’on l’appelait à l’époque, devient vite un conseiller important pour nous. On allait le voir le soir chez Rothschild, quand tous ses collègues étaient sortis ou dans des cafés pour se tenir au courant discrètement. On le trouvait formidable, super brillant…

      Le 2 septembre 2010 après-midi, on se retrouve une nouvelle fois dans le bureau d’Emmanuel Macron. On lui rend compte de l’état de nos négociations. On s’apprête à conclure avec l’offre Bergé-Niel-Pigasse, qui n’était pas la direction vers laquelle il nous avait conseillé d’aller. Mais l’entretien reste très cordial.


      Le 3 septembre au matin, nous avions une réunion avec les conseillers de Pierre Bergé [un des futurs repreneurs du Monde], 10 avenue George V. La coïncidence, c’est qu’à la même adresse, il y a les bureaux… d’Alain Minc. Or Minc, ancien président du Conseil de Surveillance du Monde, conseille à l’époque le groupe Prisa qui est un des autres candidats au rachat de notre journal.

      Après notre rendez-vous, nous discutons quelques minutes entre nous avec Gilles Van Kote, président de la Société des rédacteurs du Monde, notre avocat et sa collaboratrice, en bas de l’immeuble. Je vois la porte de l’immeuble s’ouvrir. Un petit groupe sort autour d’Alain Minc, pour aller déjeuner ; le dernier à sortir est Emmanuel Macron. Je croise son regard, il me semble qu’il me voit également  ; il échange quelques mots avec Minc tout en restant sur le pas de la porte, puis Macron disparaît derrière la porte cochère et ne sort pas.


      Là je dis à mes collègues : «  vous n’allez pas me croire, mais avec Minc, il y avait Macron ». Mes amis me disent que je suis peut-être un peu fatigué, mais que ça n’est pas possible.

      Je décide d’aller voir si Macron est toujours derrière la porte. Je ne vois personne dans l’entrée, personne derrière la porte, personne dans la cour.
      Je reviens sans l’avoir trouvé. Mais avant que nous nous séparions, je décide de faire une autre tentative, et je demande aux autres de m’attendre.
      Je monte à l’étage et je sonne au bureau de Minc, mais tout le monde est parti manger. Et je me dis, tiens, si j’allais monter voir aux autres étages.
      J’avais une sorte de pressentiment. J’avais vu que Macron se cachait, or quelqu’un qui se cache doit continuer à se cacher.

      Je monte les marches. Mon téléphone sonne en appel masqué. Je n’ai pas su qui c’était, j’ai raccroché.

      Et puis j’arrive au dernier étage de l’immeuble. Je vois que la porte de l’ascenseur est bloquée – et effectivement quand j’avais essayé de prendre l’ascenseur, il n’était pas dispo. Et tout au bout de l’étage, sur le palier, il y avait Emmanuel Macron qui s’était bien « replié » au moment où il m’avait vu !


      Il avait bloqué la porte de l’ascenseur, et je ne sais pas si c’est lui qui m’avait appelé en masqué pour savoir si c’était moi qui montait les marches. On s’appelait beaucoup à l’époque, mais pas en appel caché ! Ceci dit, c’est peut-être juste un hasard.
      Surtout, étrangement, quand j’arrive sur le palier du dernier étage, Macron regarde ses pieds et a son portable à l’oreille et fait comme s’il ne me voyait pas. Et précisément au moment où j’arrive sur le seuil du dernier étage, j’entends « Oui allô c’est Emmanuel… » : Il se met à démarrer une conversation au téléphone. Pile au moment où j’arrive. Je ne sais pas s’il y avait vraiment quelqu’un à l’autre bout du téléphone…
      Et moi je vois ce type juste devant moi, qui fait comme si je n’étais pas là. Je suis totalement sidéré. Je pourrais être en colère de la trahison, car on voit bien qu’il a essayé de nous cacher quelque chose, mais je suis assez content de l’avoir trouvé !


      Je me rapproche à quelques centimètres de lui, mais toujours rien… il continue à « parler » au téléphone.


      Je lui tends la main et lui dis : «  Bonjour Emmanuel. Tu ne nous dis plus bonjour ? Mes autres collègues t’attendent en bas ».

      J’ai senti à ce moment l’angoisse en lui. Il avait du mal à respirer. Son cœur battait à 200 à l’heure.
      Je lui demande ce qu’il fait là. Il me répond :
      «  – J’attends des clients »
      « – Tu attends des clients, comme ça, sur le pas de la porte ? Pourquoi tu ne rentres pas ? »
      «  – Bah, parce qu’en fait on nous prête des locaux ici, mais j’ai pas encore la clé… »
      « – En tout cas mes collègues t’attendent en bas, ça serait bien que tu descendes leur dire bonjour »
      « – Non je ne peux pas, j’attends des clients…  »
      Finalement, je lui force la main pour qu’il descende dire bonjour à mes collègues. Macron retrouve petit à petit son aplomb, pendant qu’on redescend au rez-de-chaussée.

      Je repasse la porte d’entrée de l’immeuble, cette fois avec Macron. Là, mes amis, goguenards, s’attendaient à me voir revenir bredouille. Ils passent de l’état goguenard à celui de la sidération. Parce qu’effectivement Macron était bien là !


      Macron discute quelques instants avec notre petit groupe. Parmi mes collègues, notre avocat d’affaires, qui est assez rompu aux négociations d’affaires, sait que dans ce domaine tout est permis, mais était sidéré.


      Et Gilles Van Kote [à l’époque président de la société des rédacteurs du Monde, puis directeur du journal de 2014 à 2015], qui était aussi présent ce jour-là, m’avait dit un jour : 
      « On a été trahis par tellement de gens que si même Emmanuel nous trahit, c’est à désespérer de l’humanité. »
      Quelques minutes plus tard après être parti, Gilles Van Kote m’envoie ce texto :
      « Tant pis pour l’humanité.  »

      Je pense que Macron a été se cacher parce qu’il a été surpris. Le fait qu’il soit surpris avec Alain Minc est une sorte d’aveu qu’il a des relations qui ne sont pas connues de nous avec lui. Or Macron est notre conseiller. Il a le droit de rencontrer Minc, pour des dossiers qui ne nous concernent pas et où il ne parle pas de nous. Mais s’il parle de notre dossier, il doit nous en rendre compte.
      Cela signifie que, pendant la négociation, Macron avait déjà eu des relations avec Minc, sans nous le dire. Or Minc était le soutien d’une offre qui nous paraissait particulièrement dangereuse, celle de Prisa !

      https://www.streetpress.com/sujet/1486723160-macron-le-monde


      • devphil devphil 11 mai 2017 09:06

        Des faits intéressants et objectifs.

        Ce qui me gène en permanence dans les discours des politiques , c’est cette volonté de faire des réformes , il faut toujours réformer.

        Celui qui n’a pas réformé n’a rien fait , ceci ne s’applique pas à Hollande , c’est une réflexion générale.

        Ensuite les réformes vont toujours dans le sens du moins de protection , chômage , retraite ; logement , famille etc ....

        Est-ce que la réforme ne devrait pas commencer par le cœur de l’état ?
        Commencer par les privilèges dont bénéficie les politiques en terme de salaires , retraites , avantages  ?
        Si c’est certain mais ce ne sont pas eux qui vont s’appliquer des restrictions financières 

        Voyez le coût des anciens présidents ( sujet d’actualité ) qui ont une retraite de président qui se cumul avec des retraites de maires , de députés , de sénateurs , de président de conseils générales etc ...

        Ces retraites cumulatives sont valables pour toute la classe politique qui se gavent sur le dos des Français , voyez ce lien
        http://www.newstendances.fr/decouvrez-salaire-hommes-politiques-francais/

        Le cas de Ayrault est significatif des dérives absolues car il perçoit toujours un salaire de 1.800 € de l’éducation nationale quand il était en poste dans les années 70 comme professeur d’allemand
        Et le reste comme ancien maire etc ...
        http://www.lepoint.fr/economie/l-exorbitante-retraite-d-ayrault-14-01-2014-1780011_28.php

        Philippe


        • pallas 11 mai 2017 11:04

          Bonjour,

          Monsieur Macron est face aux réalités et ils les connais déjà, cela aurait n’importe être candidat qui était en lisse ça n’aurait rien changé à ce qui se déroule.

          Le groupe Lagardère, Une holding Qatari qui détenait la majorité des parts,, siège maintenant au conseil d’administration, donc le groupe est passé sous puissance étrangère.

          Les Entreprises, Carrefour, PSA, le Groupe LVMH se sont cassés les reins en Chine.

          Le groupe Airbus est en grave préoccupation financière pour des choix stratégiques hasardeux, et Boeing prend des parts de marché, de plus la concurrence Chinoise viens de rentrer dans le jeu.

          La Chine impose que le protectionnisme de La France s’arrête immédiatement, avec l’accord de l’UE, ça s’était hier. De choix il n’y en pas.

          La société Areva, EDF, GDF, SNCF, Air France, ainsi que la totalité des villes Françaises sont sur endettés. sont dans le rouge, ultra endetté, et les capitaux commencent déjà à être vendu envers des puissance étrangères.

          La Russie et les USA ont fait un traité de paix, et commence à redessiner le jeu de pouvoir, sans La France évidemment.

          etc etc etc etc. Sa ne fait que de commencer.

          La réalité est celle ci et quelque soit l’homme au pouvoir, la situation ne peut que s’aggraver.

          Faire croire l’existence d’un homme providentiel, d’une sorte de sauveur a été une énorme erreur de marketing, la désillusion qui en découlera n’en sera que plus grande et la colère aussi.

          Salut


          • pierrot pierrot 11 mai 2017 11:29

            @pallas
            Bonjour, la situation des grandes entreprises françaises demande une analyse plus fine que le seul critère de l’endettement (CA, ERBIDA, actif, passif, cash flow, bénéfice, nombre de brevets déposés, investissements, R&D, qualité du personnel, clientèle, fournisseurs, actionnaires familiaux, français, étrangers etc.) et donc conduit à des résultats plus nuancés.


          • pallas 11 mai 2017 11:42

            @pierrot

            Pas besoin de faire Science Po, avec une forme de Novlangue pour discourir d’une situation.La quasi totalité des entreprises du cac40 ne sont plus françaises.

            Exemples :

             Alcatel-Lucent, est devenu une entreprise Chinoise, elle n’est plus française, seul le nom de la marque été conservé.

            Areva va être dépecer et racheter, cette action est déjà commencer.

            La Poste (service public) va être aussi démanteler et la préfiguration est aussi en cours.

            Salut



            • Rincevent Rincevent 11 mai 2017 17:59

              Il ne semble d’ailleurs toujours pas avoir compris qu’on ne gouverne pas un pays comme il a géré un parti, C’est bien ça, une erreur de casting. Il aura été un excellent premier secrétaire du PS, réussissant l’exploit de maintenir ensemble ce panier de crabes cannibales. De là à en faire un président… Il aura quand même réussi à pousser un Macron au pouvoir, alors que cette élection était « imperdable » pour la droite. Redoutable bonhomme, finalement.


              • Laurent Simon 12 mai 2017 09:23

                Le documentaire d’Envoyé Spécial« du 11 mai complète l’émission (France5) signalée et cet article, et qui montre bien la démarche d’E.Macron avec son mouvement »En Marche« . Très bien fait, sur 6 mois, il met l’accent sur la dimension »terrain", qui a permis ce dynamisme et ce succès exceptionnels.

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