Dans quel état sera le pays le 7 mai ?
Quel que soit le résultat de l’élection, il faudra bien dresser le bilan du pays, pas tant sur les aspects économiques, financiers, archi-connus, que sur ceux de la cohésion sociale et de l’unité nationale.
« Je serai le Président de tous les Français » et « Je veux m’adresser à tous les électeurs » : au-delà de ces déclarations, il faut bien constater que jamais une campagne n’aura été aussi violente et ce n’est pas le fait de tous les candidats mais de certains, en premier lieu le sortant, qui se sont évertués à cliver, et à stigmatiser l’autre uniquement par intérêt électoral, pour le pouvoir, pour le garder.
« La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. » : voilà l’article 1 de notre constitution et il y aurait sans doute beaucoup à dire sur son application et son interprétation au cours des dernières années en particuliers ces derniers mois.
Si les discours sur la race ont été heureusement rares, ce n’est pas le cas de la xénophobie qui aura justifié bon nombre de votes au motif que l’étranger vient profiter de notre système social et qu’il est le plus souvent responsable de l’insécurité. On sait ce qu’il faut penser de ces affirmations qui auront été toutefois largement brandies au cours de cette campagne dans le droit fil des discours de Grenoble et de Dakar et des prises de paroles officielles régulières (du Ministre de l’intérieur en particulier).
S’agissant de la laïcité, le discours de Latran – l’instituteur ne remplacera jamais le curé - aura également laissé des traces.
Mais c’est au cours de la campagne que se sont déchaînées les passions et les invectives. Tout y est passé : les chômeurs que l’on soupçonne de profiter du système, les bénéficiaires du R.S.A. accusés de se complaire dans le système, les immigrés, responsables bien sûr de la situation de notre pays et accusés de profiter des allocations et bien entendu les « menteurs » accusés des pires « folies ».
Une forme d’apothéose a été atteinte lorsqu’on a entendu parler du vrai travail, comme s’il y en avait un faux, celui des fonctionnaires par exemple.
A côté de cela les attaques contre les corps intermédiaires se sont multipliées, les journalistes, les syndicats, les commentateurs et les sondeurs se sont joints à la cohorte de ceux qui avaient déjà été mis à l’index pendant ces cinq dernières années, comme les juges par exemple.
Le pire, dans tout cela, c’est que ces discours ont été intégrés par une partie de ceux là même à qui ils s’adressaient : les chômeurs et bénéficiaires des minimas sociaux qui ont voté pour l’extrême droite au premier tour et qui s’apprêtent peut-être à voter Sarkozy au second tour.
Même chose pour le vote frontiste en zone rurale exprimés par ceux qui ne disposent plus des services publics de proximité : ils ont oublié que cette situation de délaissement est la conséquence de la politique du candidat sortant qui promet de nouvelles coupes dans les budgets des collectivités locales qui n’amélioreront certainement pas le sentiment d’abandon du milieu rural.
Voilà l’état dans lequel se trouve notre pays, toutes les peurs qui se sont manifestées et ont fait l’objet d’une récupération éhontée.
Ces discours de haine, ces invectives, ces récupérations, ces instrumentalisations ne s’effaceront pas après le 6 mai. Elles sont entrées durablement dans les esprits et elles produiront encore longtemps des effets. L’unité nationale et la cohésion sociale ont été atteintes en profondeur et notre société est devenue celle du soupçon.
Il faudra beaucoup de temps, de pédagogie, pour retrouver un apaisement sans lequel le notre pays ne pourra pas avancer.
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