De la légalité au terrorisme social...
La France peut s’enorgueillir de prévoir dans sa Constitution le libre exercice du droit de grève. S’enorgueillir, car il s’agit là d’une liberté individuelle et collective fondamentales, réunies sous la même bannière de l’opposition ouverte à des idées, des décisions et des enjeux de société.
Mais, en démocratie le droit impose des obligations, même en période de grève. Celles, notamment, de respecter le droit au travail, la libre circulation des personnes et des marchandises, le maintien du droit à l’accès des équipements publics et la préservation de la salubrité publique. Sur ce dernier point, précisément, quand les poubelles restent des semaines joncher les trottoirs, répandues sur la chaussée du fait de sacs entassés, crevés par des chiens et qui dégagent des odeurs nauséabondes, ne serait-il pas nécessaire pour la salubrité publique de recourir à leur ramassage par la réquisition de demandeurs d’emploi inscrits sur les listes de Pôle Emploi de la commune, dans le cadre d’un contrat spécifique et exceptionnel de « service civique » ? .
L’exercice d’un service minimum dans les transports, les écoles et les hôpitaux, relèvent de cette nécessité d’assurer le service public.
Il ne peut y avoir d’acceptation massive et durable des mouvements sociaux, par la majorité de la population, sans le respect des obligations essentielles relatives au maintien de la vie économique du pays
Nous l’avons constaté dans le conflit sur les retraites. La population a soutenu majoritairement le mouvement d’opposition au gouvernement mais s’est repliée sous la barre des 50% dans les sondages d’opinion pour désapprouver le blocage de l’économie par la grève des raffineries et des dépôts de carburant, paralysant le pays…et les départs en vacances !
Cela aussi est une réalité sociale ! Si toute manifestation de masse traduit positivement la liberté d’expression politique, la légalité doit toutefois l’emporter sur le « terrorisme social » que représente toute forme de violence et de confiscation abusive des libertés privées et publiques, collectives ou/et individuelles.
Des milliers ou des centaines de milliers de personnes en grève ne peuvent pas s’exprimer ni prétendre représenter les millions de français, travailleurs du secteur public et privé ou retraités, qui ne sont pas dans des piquets de grève ou à manifester dans la rue. Cette absence ne signifie pas pour autant que la « majorité silencieuse » accepte tout ce que l’Etat veut lui imposer. Elle se réserve la faculté de s’exprimer à l’occasion d’un vote national pour traduire son mécontentement et ses attentes.
Aujourd’hui, dans un monde économiquement interdépendant où une concurrence acharnée s’exerce à l’échelle de la planète, la lutte sociale reste un moyen d’opposition nationale. Mais, elle ne doit pas avoir pour conséquence d’entraîner le pays dans une rupture commerciale avec ses partenaires internationaux, un marché sur lequel règne une communauté réduite...aux aguets.
La France occupait en 2008 la 37ème place mondiale en PIB/habitant (mesure du pouvoir d’achat). Cette place situe bien l’âpreté de la concurrence internationale entre les pays dont le PIB est l’indicateur de leur activité économique. Cette place est à rapprocher de la 5ème place de la France comme puissance mondiale. Faut-il travailler plus pour gagner moins ? Peut-être…
Raymond Barre, Premier ministre, déclarait en août 1976 que « La France vit au-dessus de ses moyens ». Des propos repris 30 ans après par Thierry Breton, ministre de l’économie et des finances, en juin 2005, précisant que la France s’offrait son modèle social à crédit. Une situation que ratifie François Fillon en 2008, déclarant que « la France est en état de faillite », et précise « les caisses sont vides depuis 33 ans », soit 1975, la date de la déclaration de Raymond Barre !
Ne faudrait-il pas envisager de manifester pour lutter contre la politique menée depuis tant de décennies par des hommes politiques qui prennent tous les risques pour conduire la France en état…d’ivresse du pouvoir ?
Gérard Bellec
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