le problème, c’est qu’il n’a jamais su habiter sa fonction : allez le voir sourire nerveusement à l’enterrement récent des deux soldats, vous comprendrez ce que je veux dire. En grand démagogue, ce jour-là, il appelé les deux défunts par leur prénom, en faisant ainsi des civils : dans l’assistance, il y a avait de quoi jeter son Famas par terre ou rendre son uniforme.
Je l’avais écrit le PREMIER JOUR de sa prise de fonction.
Pour ce qui est du jour de l’investiture, il y a plein de détails qui ne collaient pas : la robe de la dame, en priorité, plus déguisée en candidate au bal des débutantes qu’en femme de président. Le manque de retenue de toute la petite famille, le pauvre Louis y compris, un manque de savoir-vivre excusable pour cet âge, et qu’ont relevé immédiatement les journalistes à l’affût du sensationnel, comme peut l’être un David Pujadas. Pour lui, c’était à la Kennedy (« Il y a quelque chose de Kennedy dans cette image, me souffle dans l’oreillette Etienne Leinhardt » dit alors en direct Pujadas). Une étrange atmosphère, avec cette famille recomposée au grand complet venue célébrer autre chose semble-t-il que la prise de pouvoir d’un homme politique. Un manque de retenue qui atteint son paroxysme quelques minutes plus tard, dans la salle des fêtes de l’Elysée. Une salle devenue en quelques minutes à peine salle de mariage communale ou paroissiale, comme le relève le même ineffable Pujadas au micro de France2 (« tout cela est extrêmement détendu, on dirait presque une cérémonie de mariage »). Nous avons assisté ce jour-là à la mise en scène de ce que Guy Debord appelait la « Société du spectacle » Pas moins. On aurait mis au plafond de la salle des fêtes de l’Elysée une boule à facettes, et diffusé un air disco, l’illusion aurait été totale. La famille du président, ce jour-là, a furieusement rappelé celle du rocher de Monaco avec des filles blondes et des garçons au look de surfers corses. Bernés donc par un chef d’Etat venu célébrer un second mariage, ou des retrouvailles avec une « ex », davantage qu’effectuer une prise de fonction véritable, qui exige davantage de retenue. Le baiser sur la bouche échangé devant les caméras, ce jour-là, prenait un air d’indécence marqué, et de scène à couper au montage, car ne cadrant pas du tout avec le sujet (plutôt sérieux) du film. Hélas, c’était du direct. D’ailleurs il y avait Pujadas, le nouveau Léon Zitrone national.
Bref, un grand cirque médiatique qui a commencé le jour du retour en pirogue de Cécilia Sarkozy devant les caméras, et qui se termine aujourd’hui avec l’annonce de sa rupture avec son époux. Mais au final, n’est-ce-pas ce qu’il NOUS avait annoncé, cette fameuse rupture ?
Y a des jeudi comme ça, où on se lève avec une tête de cocu. C’en est un semble-t-il. Pour les français, s’entend bien.
PS : tout ceci ne serait pas trop grave si l’homme concerné n’avait pas déjà montré une certaine propension au pathos, comme l’a clairement montré la scène de la lecture de la lettre de Guy Môquet, censée faire pleurer tous les lycéens sur décision présidentielle. Le matin, notre homme visite les abris anti-nucléaires, l’après-midi il reçoit les codes d’accès aux missiles balistiques, le soir même il pleure en entendant la lecture d’une lettre de condamné. Ou notre homme est bon comédien, ou sa fragilité émotionnelle est patente : chez le Dr Folamour, les symtômes étaient les mêmes. Les journalistes qui ont vécu la période Attias (ou la période Fulda qui a suivi) savent que notre homme a bien du mal à cacher ses émotions. A espérer maintenant qu’un départ conjugal n’exercera aucune influence sur la politique française. A voir un président qui se promène au Conseil des ministres avec un mot doux au-dessus de sa pile de décrets, j’en doute fortement. Aujourd’hui où l’on parle divorce, plus personne ne peut plus croire à la version énoncée par une vieille amie de Nicolas Sarkozy, envoyée en renfort de pompier médiatique. C’était bien un homme qui était visé par ce mot doux, et cet homme c’est bel et bien le porteur de la feuille sur la photo. Reste à savoir maintenant quelle est la future première dame de France, à savoir l’auteur véritable de ce billet, qui n’a pas dû franchement plaire à l’actuelle.