De Morano à la passion identitaire
Mme Morano, élue et représentante de la république au sein du parlement européen a tenu des propos lors d’une émission TV de grande écoute, qui en disent long sur les dérives identitaires que traverse notre pays.
Je cite : « Pour qu’il y ait une cohésion nationale, il faut garder un équilibre dans le pays, c’est-à-dire sa majorité culturelle. Nous sommes un pays judéo-chrétien – le général de Gaulle le disait –, de race blanche, qui accueille des personnes étrangères. J’ai envie que la France reste la France. Je n’ai pas envie que la France devienne musulmane. »
Des propos de stigmatisations d’une population composante de notre nation qui sont malheureusement banalisés et se généralisent dans notre société.
Je prends en exemple ce rassemblement du 7 juin qui a eu lieu à Jaunay-Clan, les 1ères Rencontres Charles Martel, présidé par Jacques Soulis et animé par le co-fondateur de « Riposte Laïque », Pierre Cassen.
"Au programme : une rétrospective de la présence musulmane dans le sud de la France du VIIIème siècle par Richard Roudier, président de la « Ligue du Midi ». Lui succédant au pupitre, Pierre Vial (« Terre Et Peuple ») a dressé un tableau exhaustif de la bataille de 732 proprement dite, insistant sur les ravages et les pillages provoqués par l’armée des sarrasins d’Abd Al rahman lors de son avancée vers Poitiers….Au delà de ces considérations purement historiques, c’est à un véritable plaidoyer en faveur de la défense de l’identité nationale menacée par une islamisation de plus en plus développée auquel a eu droit le public qui était présent." (Dixit les organisateurs)
Comme nous pouvons le voir, tout un programme où les nostalgiques du maréchal Pétain et de l’Algérie Française, les amoureux de Jeanne D’Arc et preuxs chevaliers en mal de paraître, peuvent se retrouver et débattre à cœur joie de la vermine qui contaminent, selon eux, notre beau pays….
Le refuge identitaire !
En psychanalyse ce refuge ou démonstration de la peur de l’autre est analysé comme un « défaut du sentiment de soi », issu d’un mauvais accueil dans la petite enfance, qui provoque un malaise identitaire douloureux qui peut s’améliorer par la projection d’une identité fictive (et j’essaye de faire simple…), il est vrai qu’en observant de plus près tout ce beau monde et leurs patronymes…non ! N’allons pas jusque-là, nous serions jugés nous-mêmes…
Toute culture résulte d'un mélange de plusieurs traditions culturelles en perpétuelle recomposition. Toute culture est métissée, partage avec les cultures voisines des caractéristiques communes (la langue, la religion, des modes de vie, une partie de son histoire) et c’est justement ce brassage qui fait les différences culturelles. Près de 40 % des nouveau-nés en France entre 2006 et 2008 ont au moins un grands-parents né étranger à l’étranger (11 % au moins un grands-parents né dans l'Union Européenne, 16 % au moins un grand parent né au Maghreb et 12 % au moins un grand parents né dans une autre région du monde). 15 % des nouveau-nés ont quatre grands-parents nés étrangers à l’étranger et 25 % ont à la fois des grands-parents nés étrangers à l’étranger et des grands-parents qui ne le sont pas (source INSEE)….Là déjà nos identitaires en mal de personnalités sont bien ennuyés.
Quel temps de malheurs nous vivons en Europe !
Après avoir perdu St Jean D’Acre nos amis chevaliers modernes se trouvent dépourvus de leurs acquis raciaux !
Dans les temps où la misère est de rigueur et où l’on ne trouve de débouché intellectuel que dans le refus du prochain, il est de bon ton de se trouver des coupables !
Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
- Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens.
Nous interpelle Lafontaine dans une de ces célèbres fables.
Le besoin du coupable se fait sentir,
Le besoin du coupable est palpable dans les regards et dans les discours.
Décliner son identité, ce n'est pas simplement revendiquer une appartenance nationale, ethnique, communautaire, c'est aujourd’hui et surtout affirmer une position dans la société. « Le peu à partager, partageons le entre ceux de notre clan » !
Ce repli communautariste a conduit le pays par le passé dans ces pires turpitudes et fait ressortir ce qu'il y a de plus malsain en l’homme, son instinct d’animal social prêt à tuer pour défendre se qu’il croit être son territoire.
Et les loups, dans un instinct guerrier ne déposent jamais les armes et préféreront l’affrontement à la reddition, ne fussent qu’intellectuelle.
Notre continent en souffrance sociale et vivant misérablement dans la première moitié du 20ème siècle a vu surgir les bataillons SS qui déferlèrent sur l’Europe et plus particulièrement en France le 33e Waffen-Grenadier-Division de la SS Charlemagne, tristement célèbre sous l'appelation Division Charlemagne. Elle était constituée majoritairement de Français engagés volontaires sous l'uniforme des Waffen SS.. Jusqu'au 2 mai, alors qu'Adolf Hitler s'est déjà suicidé, ils résistent à l'avancée des troupes soviétiques. Les derniers hommes sont faits prisonniers à cette date. Les SS français auraient été les « derniers défenseurs » du bunker, le Bataillon Charlemagne ayant été la seule unité encore présente jusqu'au 2 mai, afin d'empêcher les Soviétiques de le prendre pour la fête du 1er Mai. ( de Robert Forbes, For Europe. The French Volunteers of the Waffen-SS).
Curieux que nos templiers modernes de l’extrême droite catholique, reprennent encore pour symbolique celle de Charlemagne, dernier rempart face aux Sarrazin ?
Comment dans notre pays peut-on se réunir pour débattre aux yeux de tous (et donc avec accord de la préfecture du département…) de la disparition du bon sang français à cause de métissage vécu par eux comme une guerre contre notre identité ? Comment accepter que des élus de notre république, comme MM Morano, sévissent sur les antennes, déversant leurs propos haineux qui sont un appel à la division et à l’éclatement de notre république ? Peut-on simplement condamner sans agir quand l’intérêt même de notre nation est mis en péril par la banalisation de tels propos ?
« Divide ut regnes » !
En politique et en sociologie, diviser pour régner est une stratégie visant à semer la discorde et à opposer les éléments d'un tout (en l’occurrence notre république) pour les affaiblir et à user de son pouvoir pour les influencer. Cela permet de réduire des concentrations de pouvoir en éléments qui ont moins de puissance que celui qui met en œuvre la stratégie, et permet de régner sur une population alors que cette dernière, si elle était unie, aurait les moyens de faire tomber le pouvoir en question... et voila le premier pas vers l’établissement d’un Etat fasciste.
Non, on ne peut plus se contenter de regarder et d’émettre des protestations, mais dans le même temps continuer à laisser agir les ennemis de la république. Le pouvoir en place a le droit et l’obligation d’intervenir, car l’existence même de notre pays est mise en danger par ce terrorisme intellectuel auquel nous faisons face…et n’en doutons pas, il se montrera tout aussi meurtrier que son pendant oriental duquel il prétend se poser en protecteur.
Stéphane Leroy.
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