Debout la Patrie !
« En ces temps incertains où la sécurité des Français est en jeu, où la désindustrialisation continue à progresser, où l’immigration submerge la société, il était grand temps de rassembler les Français autour d’une idée simple, d’une certaine idée de la France, la Patrie. » (Nicolas Dupont-Aignan, Rambouillet le 31 mars 2018).
Étonnante initiative pourtant attendue depuis longtemps par un certain électorat. Cela s’est passé ce samedi 31 mars 2018 à 10 heures 30, à la Salle Napoléon du grand Hôtel Mercure de Rambouillet, entre Versailles et Chartres, le "Relays du Château" parce que situé à dix mètres du parc du château de Rambouillet, c’était un ancien relais postal au XVIe siècle. Deux cent trente-quatre journalistes ont fait le déplacement pour assister à cette conférence de presse presque surréaliste quelques heures avant une nuit de la pleine lune qui coïncide également avec la fête de Pâques, jour de la Résurrection du Christ pour les chrétiens. Or, des chrétiens, il y en a eu beaucoup ici à Rambouillet dans cette salle d’hôtel.
En effet, en face des journalistes, derrière une table sobre, modestement placée sur une petite estrade, présidait justement l’actuel président du PCD (depuis le 16 novembre 2013), le parti chrétien-démocrate fondé par Christine Boutin. Il s’agit de Jean-Frédéric Poisson (55 ans), ancien maire de Rambouillet (successeur du futur Président du Sénat Gérard Larcher nommé ministre) du 7 juillet 2004 au 17 juin 2007, et ancien député des Yvelines (battu le 18 juin 2017 par la jeune juppéo-macroniste Aurore Bergé). Ancien député très travailleur notamment sur les sujets de bioéthique, Jean-Frédéric Poisson avait connu son "heure de gloire" comme candidat à la primaire de Les Républicains le 20 novembre 2016, réunissant 1,45% des voix, avant-dernier devant Jean-François Copé. En tant que premier adjoint au maire de Rambouillet, il était, cette journée, la "puissance invitante" dans cette ville historique.
Jean-Frédéric Poisson, qui n’a pas hésité à rappeler que c’était pour lui un honneur de présider cette réunion en cette période pascale, était entouré de cinq autres responsables politiques d’envergure nationale. L’emplacement des six personnalités qui étaient venues parler aux journalistes était évidemment sans rapport avec leur éventuelle positionnement politique.
À sa droite, Nicolas Dupont-Aignan (57 ans), président du parti Debout la France qu’il a fondé le 23 novembre 2008 (appelé Debout la République avant le 12 octobre 2014), ancien membre du RPR puis de l’UMP, ancien maire d’Yerres (Essonne) du 25 juin 1995 au 23 juillet 2017, député de l’Essonne depuis le 1er juin 1997, a été deux fois candidat à l’élection présidentielle, le 22 avril 2012 avec 1,8% des suffrages (près de 650 00 voix) et le 23 avril 2017 avec 4,7% des suffrages (près de 1,7 million de voix). Il s’est politiquement beaucoup déconsidéré le 28 avril 2017 sur France 2 en appelant à soutenir Marine Le Pen au second tour face à Emmanuel Macron. Plusieurs cadres de son parti, dont son directeur de campagne et aussi le journaliste Dominique Jamet, son vice-président, ont claqué la porte pour dénoncer cette alliance "antirépublicaine".
À la gauche de Jean-Frédéric Poisson, il y avait Philippe de Villiers (69 ans), président du Mouvement pour la France (MPF) qu’il a fondé le 20 novembre 1994, ancien membre du PR (parti républicain), ancien Secrétaire d’État auprès du Ministre de la Culture et de la Communication François Léotard du 20 mars 1986 au 25 juin 1987, ancien député de la Vendée ou député européen alternativement du 2 juin 1987 au 30 juin 2014, ancien président du conseil général de la Vendée du 3 octobre 1988 au 31 octobre 2010 (auparavant, conseiller général à partir du 6 juillet 1987, reprenant la circonscription et le canton de l’ancien ministre Vincent Ansquer décédé le 31 mai 1987). Il a été deux fois candidat à l’élection présidentielle, le 23 avril 1995 avec 4,7% des suffrages (plus de 1,4 million de voix) et le 22 avril 2007 avec 2,2% des suffrages (près de 820 000 voix). Ce fut surtout lors des élections européennes qu’il a obtenu des scores importants comme tête de liste nationale, le 12 juin 1994 avec 12,3% (plus de 2,4 millions de voix), dépassant la liste de Bernard Tapie et talonnant celle de Michel Rocard, et, en binôme avec Charles Pasqua, le 13 juin 1999 avec 13,1% (plus de 2,3 millions de voix), dépassant celle de Nicolas Sarkozy.
À la droite de Nicolas Dupont-Aignan, se tenait le benjamin, Florian Philippot (36 ans), président du parti Les Patriotes qu’il a fondé le 16 mai 2017, ancien vice-président du Front national du 12 juillet 2012 au 21 septembre 2017, député européen depuis le 25 mai 2014 et conseiller régional du Grand-Est depuis le 13 décembre 2015. Il n’a encore jamais été candidat au niveau national (présidentielle ou européennes).
À la gauche de Philippe de Villiers, se tenait le doyen, Charles Millon (72 ans), vieux compère des Rénovateurs à l’époque de leur "jeunesse" (printemps 1989), président du parti Droite libérale-chrétienne (DLC) qu’il a fondé le 17 avril 1998 (appelé "La Droite" avant le 23 octobre 1999), ancien maire de Belley du 25 mars 1977 au 23 mars 2001, ancien député UDF de l’Ain de 19 mars 1978 au 18 avril 2001 (sauf pendant sa période ministérielle) et président du groupe UDF du 23 juin 1988 au 18 mai 1995, ancien président du conseil régional de Rhône-Alpes du 17 octobre 1988 au 3 janvier 1999, ancien Ministre de la Défense du 18 mai 1995 au 2 juin 1997. Il a été exclu de l’UDF le 8 avril 1998 parce qu’il a accepté sa réélection le 20 mars 1998 à la tête de la région Rhône-Alpes grâce aux 35 voix du groupe FN (dirigé par Bruno Gollnisch, à l’époque secrétaire général du FN). Seulement deux députés UDF de l’époque, Christine Boutin et Alain Griotteray, ont accepté de rejoindre Charles Millon mais ils furent battus aux élections législatives suivantes (Boutin et Millon, Griotteray ne s’étant pas représenté). Après avoir été candidat sans succès aux élections municipales à Lyon en mars 2001 pour la succession de Raymond Barre et battu par le ministre Jean-Jack Queyranne aux élections législatives du 16 juin 2002, Charles Millon fut nommé représentant permanent (ambassadeur) de la France à la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) à Rome du 3 septembre 2003 au 31 août 2007, par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Il a par ailleurs été battu aux élections sénatoriales du 21 septembre 2008 dans l’Ain.
Enfin, à la droite de Florian Philippot, le sixième homme était Christian Vanneste (70 ans), président du parti Rassemblement pour la France du le 22 mars 2012 au 20 mars 2016 (mouvement qui n’a rien à voir avec le RPF fondé le 14 avril 1947 par De Gaulle ni avec le RPF fondé le 21 novembre 1999 par Charles Pasqua, et qui a été fondé le 31 juillet 1992 par Nicolas Stoquer, mais ce parti s’est séparé en deux partis homonymes le 11 mai 2012, l’un présidé de nouveau par Nicolas Stoquer, l’autre par Christian Vanneste), président du think-tank La Droite libre depuis le 11 décembre 2015. Il fut élu député UMP du Nord du 28 mars 1993 au 21 avril 1997 et du 16 juin 2002 au 17 juin 2012, également élu adjoint au maire de Tourcoing de mars 1983 à mars 1989, puis conseiller municipal d’opposition jusqu’en mars 2008 (vice-président de la communauté urbaine de Lille de mars 2001 à mars 2008), et conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais de mars 1986 à juillet 2002. Parlant hors du politiquement correct, il avait suscité beaucoup de controverses et de polémiques au point d’avoir été exclu de l’investiture UMP aux élections législatives du 10 juin 2012, ce qui l’a fait battre dès le premier tour avec seulement 13,2% des voix (le candidat UMP et futur maire de Tourcoing Gérald Darmanin fut alors élu, également futur ministre d’Emmanuel Macron). Il avait été le candidat UMP à la mairie de Tourcoing mais a été battu dès le premier tour du 9 mars 2008 avec 31% des voix.
De ce casting, l’observateur remarquera tout de suite l’absence éloquente de femme. Christine Boutin, ancienne députée de Rambouillet, était néanmoins venue honorer de sa présence son successeur Jean-Frédéric Poisson, mais pas à la tribune et sans prendre la parole.
Ce n’était pas la première occasion politique que Christian Vanneste, Charles Millon et Jean-Frédéric Poisson étaient réunis puisqu’ils s’étaient déjà retrouvés ensemble les 10 et 11 novembre 2015 lors de la 1e université d’été à Saint-Lambert-des-Bois (dans les Yvelines) du mouvement "L’Avant-Garde" sur le thème (très juppéen) de "l’identité harmonieuse", en présence également, entre autres, du chef d’entreprise Charles Beigbeder (conseiller DVD du 8e arrondissement de Paris), Karim Ouchikh (président du SIEL), Hervé Mariton (à l’époque député LR) et Patrick Louis (secrétaire général du MPF). "L’Avant-Garde" est un mouvement fondé le 30 avril 2015 pour promouvoir « le personnalisme et la subsidiarité (…) au même titre que le redressement moral, économique, politique et social de la France » et présidé depuis sa création par Charles Millon pour tenter de récupérer la forte audience de "La Manif pour tous" créée le 5 septembre 2012 et présidée depuis le 17 février 2013 par Ludovine de La Rochère.
Les six hommes ont décidé à Rambouillet d’unifier leurs mouvements politiques pour former un seul parti politique qui serait capable d’être le véritable opposant à Emmanuel Macron. Ce nouveau parti politique s’appellera "Debout la Patrie". Ses idées sont principalement le souverainisme, l’euroscepticisme, le gaullisme, la lutte contre l’immigration, la primauté de la nation, le conservatisme social, la défense des petits commerçants et des agriculteurs, le maintien des administrations dans les zones rurales et le retour aux valeurs chrétiennes de la France.
L’objet du parti politique a été rédigé dans ses statuts ainsi : « Concourir à l’expression du suffrage universel dans le respect des valeurs de la République, liberté, égalité, fraternité, des principaux fondamentaux consacrés par la Constitution, de l’unité de la République et de l’indépendance de la Nation ; il agit pour le rayonnement de la France dans le monde, pour la pérennité de la Nation française, de son identité et de sa culture, pour le développement de la francophonie, pour la construction d’une Europe libre et démocratique et pour le progrès de la démocratie dans le monde. ».
Plusieurs raisons ont abouti à cette fusion de ce que Philippe de Villiers a appelé « les petites composantes du souverainisme chrétien ».
La première raison, c’était l’absolue certitude que Marine Le Pen serait incapable d’être élue par la majorité absolue du peuple français au second tour d’une élection présidentielle. Son incompétence et son incroyable flou programmatique ont définitivement dissuadé ses plus sincères partisans d’un espoir de victoire. C’était la raison pour laquelle Florian Philippot a quitté le Front national, même s’il était conscient que son seul mouvement Les Patriotes ne ferait pas seul le poids. Christian Vanneste, qui n’avait pas cessé de faire la promotion d’une alliance LR-FN, a été « abasourdi » par le débat du second tour entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron et a regretté d’avoir « misé sur un mauvais cheval ».
À cet égard, Florian Philippot a fait un gros mea culpa : « J’ai cru très naïvement que je pouvais avoir une influence déterminante au Front national. C’était sans compter avec la tradition familiale qui refuse tout apport extérieur nouveau. Je me suis trompé et j’en ai tiré les conséquences. Marine Le Pen n’est assurément pas un Jean-Pierre Chevènement. Elle n’est qu’une boutiquière qui ne cherche qu’à vendre ses tapis au meilleur prix. ». Il a également reconnu avoir été l’initiateur du rapprochement entre Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2017.
La deuxième raison, "l’autre droite", la droite plus respectable et plus républicaine, à savoir Les Républicains, ont définitivement perdu toute crédibilité avec la mise en examen de leur fondateur Nicolas Sarkozy le 21 mars 2018 pour un supposé financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Par ailleurs, la désignation de Laurent Wauquiez le 10 décembre 2017 à la tête de LR a vidé ce parti de sa diversité, qui était pourtant une condition indispensable pour la victoire. Les propos tenus à des étudiants en commerce diffusés publiquement le 10 février 2018 ont aussi montré l’absence totale de sincérité de Laurent Wauquiez « qui n’est souverainiste que quand ça l’arrange », selon Christian Vanneste.
Par conséquent, il manquait à la droite d’Emmanuel Macron un grand parti populaire à la fois souverainiste et républicain, qui soit absolument irréprochable sur les valeurs républicaines et qui puisse avoir les moyens de l’emporter à un second tour de l’élection présidentielle.
L’objectif affiché par Nicolas Dupont-Aignan était donc très clair : « Il s’agit de rassembler à la fois les électeurs du Front national désorientés par la pauvreté intellectuelle de sa direction et les électeurs de LR épouvantés par les divisions et les dislocations consécutives au chant des sirènes macroniennes. ».
Charles Millon a résumé la démarche de manière plus politique : « L’élan patriotique est majoritaire en France. Il faut donc avoir l’habileté de traduire cet élan majoritaire en mouvement politique populaire. C’est tout le programme de Debout la Patrie ! ». Et Christian Vanneste d’insister : « Le politiquement correct et la chape de plomb imposée par la doxa empêchent cet élan patriotique de s’exprimer. C’est donc le but de Debout la Patrie de pouvoir parler librement dans l’agora médiatique française. ».
Cette fusion intervient alors que l’émotion du sacrifice du colonel Arnaud Beltrame à Trèbes est encore vive. Charles Millon, ancien Ministre de la Défense, lui a rendu un vibrant hommage en louant « le grand amour de la patrie et la force de l’origine chrétienne de la nation française incarnés par Arnaud Beltrame qui doit être un exemple pour tous les Français ». Refusant une « union nationale de façade », Nicolas Dupont-Aignan n’a pas pu s’empêcher de surjouer la polémique comme il l’avait écrit dans sa tribune publiée dans "Valeurs Actuelles" le 29 mars 2018 : « En vérité, les gouvernements français ont choisi de sacrifier la vie des Français sur l’autel des pseudo-droits individuels des islamistes ! ». Et Philippe de Villiers de proposer carrément de ficher tous les musulmans de France pour surveiller leur éventuelle radicalisation.
Interrogé sur la tendance très catholique de ce nouveau mouvement, Florian Philippot, qui n’était pas opposé au "mariage pour tous", a expliqué un peu gêné : « C’est un point de désaccord sur lequel nous avons décidé de ne pas discuter pour nous concentrer sur ce qui compte pour l’avenir des Français, à savoir leur sécurité et leur pouvoir d’achat. ». Et il a ajouté : « Il y a un grand besoin de rassemblement au-delà des différences et des particularités de chacun. ». Il a refusé par ailleurs de répondre sur la question de l’Europe dans le projet du nouveau parti : « Nous verrons à partir de l’automne lors de la tenue de notre congrès fondateur et des conventions thématiques pour préparer les prochaines élections européennes. ».
Ancien professeur de philosophie dans un lycée de Tourcoing, Christian Vanneste est intervenu dans la conférence de presse pour proposer une analyse politique approfondie. Comme il l’avait écrit déjà le 27 mai 2017 dans une tribune, il a considéré que la droite républicaine avait trahi ses idéaux en se gauchisant depuis une trentaine d’années, mais le FN n’a pas réalisé le travail pour devenir un grand parti fréquentable : « D’abord, il devait élargir sa base en rassemblant. Il lui fallait à la fois réunir la France périphérique hostile à une immigration excessive et inquiète d’un déclassement, la France conservatrice bousculée par l’inversion des valeurs, attachée à la famille et exigeante quant au sérieux des gouvernants, notamment en économie, et la France populaire victime du chômage, menacée dans son mode de vie, appauvrie et dépossédée de son identité. ».
Puis, de poursuivre sur le FN à l’issue des élections régionales de décembre 2015 : « Le Front national devait faire un effort prodigieux de respectabilité et de sérieux. il a cultivé, non sans succès, la France populaire, un électorat souvent de gauche à l’origine. Sa victoire dans le Pas-de-Calais est un événement, mais il l’a obtenue avec une démagogie qui l’a décrédibilisé aux yeux de beaucoup de conservateurs : ce sont les électeurs de François Fillon qui n’ont pas franchi le pas. (…) Quant à la question migratoire, elle a été délaissée au profit d’une obsession anti-européenne qui a fait peur à beaucoup. L’hostilité manifeste des catégories supérieures urbaines dans les grandes métropoles a traduit ce manque de crédit. ».
Enfin, il a évoqué le problème du leadership : « Chacun a compris que Marine Le Pen n’avait pas le niveau face à M. Macron. En raison de l’aspect décisif de l’élection présidentielle, il faut un candidat qui jouisse d’un véritable charisme dans le style, l’intelligence et la solidité. (…) Il est désormais indispensable que la droite se trouve un patron charismatique. (…) Pour le FN, il serait préférable qu’il ne s’appelle pas Le Pen, et qu’il soit davantage conservateur que populiste. Une maîtrise des questions économiques lui sera indispensable pour expliquer que les réformes structurelles sont nécessaires à la compétitivité et pour faire comprendre que l’euro est, pour les pays du sud de l’Europe habitués aux dévaluations, un boulet mortel. Florian Philippot, ici présent, a tout misé sur le second point, et François Fillon sur le premier. Marine Le Pen est apparue incapable de justifier rationnellement une démagogie dépensière fondée sur le retour au franc. Son maintien à la tête du FN cette année stérilise ses chances de succès. La droite va donc être confrontée à une compétition pour déterminer son ou ses leaders. C’est vrai pour le FN comme pour LR. Le risque d’explosion n’est pas mince. Pour Les Républicains, c’est en bonne voie puisque certains, beaucoup peut-être, vont rejoindre Emmanuel Macron. Au FN, souverainistes et identitaires vont se déchirer en s’accusant de l’échec. Les deux "droites" sont donc condamnées à se tendre la main. Telle est la raison de ce nouveau rassemblement Debout la Patrie. ».
Christian Vanneste, qui avait organisé une université d’hiver de La Droite libre, son club de réflexion, le 10 mars 2018 à la Salle Montesquieu à Maisons-Laffitte, accueilli par le maire Jacques Myard, ancien député UMP, et avec la participation notamment de Philippe Bilger, Yvan Blot et Christine Tasin, avait alors affiché son objectif : « aboutir à la constitution d’un gouvernement qui mènera une politique conservatrice et libérale, seule à même d’assurer la pérennité de la nation française en même temps que le bien-être et la prospérité de son peuple ».
Concrètement, seulement quatre mouvements étaient encore réellement actifs à ce jour pour cette fusion : Debout la France, qui revendique 22 000 adhérents, Les Patriotes, qui revendique 6 500 adhérents, le Mouvement pour la France, qui revendiquait 12 000 membres en 2007, et enfin, le Parti chrétien-démocrate, qui revendiquait 10 000 membres en 2015. Ils ont donc décidé de créer un seul mouvement politique dénommé "Debout la Patrie". Son bureau provisoire a déjà été constitué. Son président est Nicolas Dupont-Aignan, son premier vice-président est Florian Philippot, son secrétaire général est Jean-Frédéric Poisson, et les trois autres responsables politiques, Philippe de Villiers, Charles Millon et Christian Vanneste sont vice-présidents.
Il a été dit qu’ils n’ont pas réussi à faire venir le CNIP (Centre national des indépendants et paysans), mythique parti créé le 6 janvier 1949 notamment par René Coty, dont furent membres Antoine Pinay, Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Marcellin, Jean de Broglie, Denis Baudoin, Philippe Malaud, Édouard Frédéric-Dupont, Florence d’Harcourt, Olivier d’Ormesson, Léon Jozeau-Marigné, Yvon Briant, Michel de Rostolan, Jean Kiffer, Jacques Hersant, Jeannou Lacaze, Jacques Féron, Jean-François Touzé, etc. Cependant, Christian Vanneste, qui a été brièvement membre du CNIP entre le 17 juin 2006 et le 22 octobre 2009 (tout en étant membre de l’UMP), a indiqué que la porte lui restait ouverte. L’une des raisons de son adhésion au CNIP (expliquée par Patrick Devedjian, alors secrétaire général de l’UMP, le 30 mai 2007 sur France Info) était que Christian Vanneste n’avait pas obtenu l’investiture de l’UMP pour sa réélection en 2007 mais sa circonscription faisait partie du quota CNIP que l’UMP s’était engagée à soutenir, si bien que Christian Vanneste a pu être réélu en juin 2007 sans l’investiture UMP mais sans non plus de candidat UMP contre lui (contrairement à juin 2012).
Les motivations des uns et des autres n’étaient pas forcément les mêmes. Ainsi, il est clair pour les septuagénaires ou presque que sont Philippe de Villiers, Charles Millon et Christian Vanneste, très isolés malgré leur notoriété publique, il était d’abord question de continuer à exister médiatiquement en servant leurs convictions, sans ambitions personnelles. Jean-Frédéric Poisson, lui non plus, n’a pas d’ambition personnelle dans la mesure où il est conscient que son parti restera ultraminoritaire en France mais comme dans la bataille de la primaire LR de novembre 2016, il veut toujours être présent dans le combat politique pour porter sa parole.
Les deux vrais leaders du nouveau parti sont évidemment Nicolas Dupont-Aignan et Florian Philippot. Les deux nourrissent une ambition présidentielle et sont convaincus que celle-ci n’est pas irréalisable. Si Florian Philippot a laissé à Nicolas Dupont-Aignan la présidence, c’est qu’il considérait qu’il était encore trop "novice" dans la vie politique pour avoir une réelle crédibilité et stature présidentielles. De plus, il jugeait totalement irréaliste la possibilité de gagner l’élection présidentielle de 2022, considérant en off que la réélection d’Emmanuel Macron est « très probable vu le champ de ruines du paysage politique en déconfiture ». Il a donc préféré se réserver pour l’élection présidentielle de 2027 (il aura alors seulement 45 ans). Pour Nicolas Dupont-Aignan (qui aura 61 ans en 2022), son objectif est de structurer en quatre ans une véritable opposition de droite au macronisme pour la traduire dès la prochaine élection présidentielle de 2022 : « Jamais dans l’histoire de la République la France n’avait eu besoin d’un tel mouvement de renaissance. ».
Le nom même du nouveau parti, Debout la Patrie, reprend à la fois la syntaxe purement dupont-aignanienne (à chaque nouvelle élection présidentielle, un nouveau "Debout" : la République en 2012, la France en 2017 et la Patrie probablement en 2022) et le terme philippotien des patriotes (à noter que le logo de Les Patriotes fleure bon le vintage des années 1950 !). Le logo du nouveau parti est aussi une reprise de l’ancien logo de Debout la France. L’objet a été la reproduction d’un objet rédigé par Christian Vanneste pour son Rassemblement pour la France déclaré le 22 février 2013. Philippe de Villiers et Charles Millon ont, quant à eux, apporté leur expérience d’anciens ministres pour faire de Debout la Patrie un parti gouvernemental de première importance, à l’instar de la Ligue de Matteo Salvini en Italie.
De fait, c’est Nicolas Dupont-Aignan qui a apporté le plus dans la balance : une expérience de deux candidatures présidentielles tout en étant encore suffisamment jeune pour dessiner un avenir politique, et surtout, une structure militante bien organisée et opérationnelle, capable de faire campagne à toutes les élections (présidentielle, législatives, européennes, régionales).
Malgré les ambitions présidentielles de Nicolas Dupont-Aignan et Florian Philippot, Debout la Patrie pourrait bien être le porteur d’une autre ambition présidentielle. En effet, s’exprimant en son nom seul, mais approuvé par Philippe de Villiers et Jean-Frédéric Poisson, Christian Vanneste a confié : « Personnellement, j’ai une petite lueur d’espoir que cette initiative inédite puisse séduire Marion Maréchal-Le Pen et la faire revenir dans la vie politique. Car elle représente exactement les idées auxquelles les Français sont attachés, celles de la tradition couplée à la modernité. L’avenir de Debout la Patrie sera nul doute associé à celui de Marion Maréchal-Le Pen d’une manière ou d’une autre. ». Une réflexion que n’a pas appréciée Florian Philippot, rival de Marion Maréchal-Le Pen au FN, qui a rappelé que « l’heure [était] d’abord aux idées et aux valeurs, et [viendrait] ensuite le temps du choix des hommes et des femmes pour les incarner aux échéances nationales ».
Pour la première étape, le nouveau parti va s’atteler à la préparation des élections européennes : programme politique et constitution de la liste. Son objectif est en effet de présenter une liste nationale pour mai 2019. La nature du scrutin est favorable à cette démarche de construction d’un nouveau parti souverainiste, même si le passé a montré que la plupart des succès électoraux aux élections européennes étaient sans lendemain. Nicolas Dupont-Aignan a d’ailleurs précisé que Florian Philippot, député européen sortant, serait probablement la tête de liste nationale de Debout la Patrie.
Un congrès fondateur a été convoqué pour réunir tous les adhérents des mouvements concernés le week-end emblématique des 10 et 11 novembre 2018 à Forbach, ville dont Florian Philippot a tenté de conquérir la mairie en mars 2014. Florent Philippot a justifié cette date ainsi : « Ce congrès, qui fêtera aussi le centenaire de la fin de la Première guerre mondiale, sera donc l’occasion d’une renaissance de la nation française et sera associé aux vraies préoccupations populaires : l’identité, la sécurité, l’emploi, l’éducation et le logement. ».
L’ensemble du dossier de presse de cette conférence avec les journalistes à Rambouillet (notamment les déclarations introductives de chaque orateur) est téléchargeable à ce lien. En outre, le site Internet de Debout la Patrie vient d’être ouvert ce samedi 31 mars 2018 et est accessible à l’adresse suivante : http://www.debout-la-patrie.fr/ et des sites parodiques ont même déjà vu le jour avec "Debout la Partie"…
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (31 mars 2018)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
http://www.debout-la-patrie.fr/
Dossier de presse de Debout la Patrie (fichier .pdf à télécharger).
La création de Debout la Patrie.
Nicolas Dupont-Aignan.
Florian Philippot.
Marion Maréchal-Le Pen.
Jean-Frédéric Poisson.
Marine Le Pen.
Laurent Wauquiez.
Vous avez dit Patrie ?
Les valeurs chrétiennes de la République.
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