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Déclarations stupéfiantes du ministre de l’agriculture, M. Le Maire, sur France Inter

Hier matin une centaine d’agriculteurs ont déversé du fumier devant l’Elysée, pour dénoncer la politique agricole de la France et de l’Union européenne, ainsi que la baisse de leurs revenus (en 2009, le revenu annuel moyen des agriculteurs s’est établi à 14.600 euros, en chute de 34% par rapport à 2008, année déjà marquée par un fort recul de 20%, selon les comptes publiés par le gouvernement), et on dérouler une banderole avec le slogan « travailler plus pour crever plus ».

L’Elysée s’était déjà occupé brillamment de ce dossier, en novembre dernier, lorsqu’à plusieurs reprises les conseillers spéciaux ont clairement conseillé aux agriculteurs de se mettre à la page en employant des salariés sous payés de l’Est. Autrement dit, soyez modernes, arrêtez de vous plaindre et profitez pleinement de ce que vous offre le Traité de Lisbonne, à savoir la directive Bolkenstein !

Invité de France Inter hier matin, le ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire, s’est livré à un surprenant exercice. Il a critiqué vertement la financiarisation des denrées agricoles en pointant du doigt la volatilité des cours et les risques de délocalisation de l’agriculture. C’est un ministre régulateur, antimondialiste qui entre en scène : « Il faut une meilleure répartition de la valeur ajoutée, ce n’est pas normal qu’en période de crise, les seuls à trinquer, ce soient les producteurs. Pas de coup de baguette magique, c’est une somme de décisions justes et équitables. On est allés beaucoup trop loin dans la libéralisation de ce marché-là ».
Etonnant que le ministre dénonce les effets de la politique que soutient le gouvernement et qui est le fondement de son idéologie ? Non, pas vraiment puisque c’est la stratégie de communication qu’adopte Sarkozy depuis le début, en usant et abusant de déclarations fracassantes, démagogues et populistes, puis en appliquant le contraire.

Je ne reprendrai que l’épisode de la crise financière, particulièrement symbolique puisque la France a été, contrairement à l’idée reçue qui circule, très avant-gardiste en la matière, puisque dès 1983 la frontière qui séparait les banque de dépôt des banques d’affaire a été gommée dans notre pays (et ce n’est que dans les années 90 que les pays anglo-saxons emboitent véritablement le pas). Super Sarko est intervenu très rapidement, dès octobre 2008 en dénonçant « les agissements irresponsables » des banques et promettant de réguler les marchés financiers. Un an après on peut constater concrètement les résultats des mesures qui ont été prises : les banques centrales ont récupéré une grande partie des actifs toxiques des banques, des milliards de fonds publics ont été injectés et les acteurs financiers se retrouvent à nouveau avec des liquidités énormes, qui alimentent la courses folles de la spéculation. On assiste à nouveau à la distribution de bonus scandaleux alors que le problème reste entier (les fameux actifs toxiques, pour la partie qui reste dans les actifs des banques, hypothèquent encore sérieusement leur avenir). La classe politique au pouvoir refuse de reconsidérer les dogmes du libéralisme et préfère appliquer des rustines, refusant obstinément de voir les voies d’eau, énormes, qui conduisent le paquebot vers le fond.

Le gouvernement, usant de la méthode Coué (qui a ses limites en économie) essaye de se (nous) persuader que la reprise est là. Mais la reprise pour qui ? Les banques certes, si l’on se contente de regarder le vernis tout neuf, mais si l’on gratte un tout petit peu, le bois est pourri. Quand à la reprise pour les entreprises, pour l’emploi, pour le social, c’est une catastrophe.

Et le langage de Monsieur Le Maire ce matin, au micro de France Inter, participe de cette méthode. Nous avons du souci à nous faire pour nos agriculteurs, car derrière ces propos à priori étonnants, j’entends clairement que la délocalisation de l’agriculture est en marche et va aller très vite (voir article sur Les vraies raisons de la crise du Lait).

Pour finir sur un sourire bien jaune, je vous engage à lire avec attention le texte ci-dessous. Une fois terminé, reprenez la lecture mais en commençant par la ligne du bas et en remontant.

Dans notre parti politique, nous accomplissons ce que nous promettons.
Seuls les imbéciles peuvent croire que
nous ne lutterons pas contre la corruption.
Parce que, il y a quelque chose de certain pour nous :
L’honnêteté et la transparence sont fondamentales pour atteindre nos idéaux.
Nous démontrons que c’est une grande stupidité de croire que
les mafias continueront à faire partie du gouvernement comme par le passé.
Nous assurons, sans l’ombre d’un doute, que
la justice sociale sera le but principal de notre mandat.
Malgré cela, il y a encore des gens stupides qui s’imaginent que
l’on puisse continuer à gouverner
avec les ruses de la vieille politique.
Quand nous assumerons le pouvoir, nous ferons tout pour que
soit mis fin aux situations privilégiées et au trafic d’influences
nous ne permettrons d’aucune façon que
nos enfants meurent de faim
nous accomplirons nos desseins même si
les réserves économiques se vident complètement
nous exercerons le pouvoir jusqu’à ce que
vous aurez compris qu’à partir de maintenant
Nous sommes avec saint Nicolas, la "nouvelle politique".

Etonnant non ? Voilà ce qui symbolise parfaitement ce que d’un côté ce gouvernement dit (et tous ceux des pays occidentaux aujourd’hui) et dans l’autre sens, ce qu’il fait. (Merci à Lionel de Cahors pour ce texte)

Interview du ministre : voir

 

 




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16 réactions à cet article    


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 18 décembre 2009 12:26

    Excellent le coup du texte à l’envers, l’enfer est bien pavé de bonnes intentions et de beaux discours.

    Les plans de relance bancaire ne sont que l’arme du pompier pour éteindre un incendie avec la distinction qu’elle détruit tout ce qui a été épargné par le feu et crée à la place une inondation encore plus grave que le mal primitif. Les plans de relance sont l’art de payer en « bonus » les amendes des chauffards de la finance et des pirates du monde moderne. Ces plans sont aussi douteux que les célèbres vaccins inoculés contre une fausse maladie.

    En fait, seule la neige blanchit ce paysage dégradé qui disparait quelques jours sous un voile vierge. La récession et la décroissance sont les meilleures pistes de skis du moment !


    • Inquiet 18 décembre 2009 14:58

      Des amis me disent qu’on ne peut pas mentir à ce point là, et que donc il est impossible d’accuser de tous les maux ce gouvernement.

      Pour eux, en filigrane, il s’agit d’une posture difficilement psychologiquement tenable : recherche de sudation importante, de regards fuyants trahissant un sentiment de culpabilité ou de honte volontairement caché.

      N’auraient-ils pas compris que de culpabilité ou de honte, ils n’ont n’en à aucun moment ?

      Ces « amis », c’est malheureusement, trop souvent le peuple.


      • PhilVite PhilVite 18 décembre 2009 15:17

        « la mise en concurrence des salariés entre eux » (<< tiré de lelotenaction.org)

        Le but suprême de la mondialisation pouvait-il épargner l’agriculture ? On commence à comprendre que non.
        La grande différence avec l’industrie, c’est que l’exploitation de la misère humaine aura lieu sous nos yeux par des multinationales agricoles dont le siège sera aux Iles Caïmans. Tout ça étant parfaitement légal, bien sûr.
         


        • fwed fwed 18 décembre 2009 15:21

          @ inquiet

          « Des amis me disent qu’on ne peut pas mentir à ce point là, et que donc il est impossible d’accuser de tous les maux ce gouvernement. »

          La seule limite du mensonge c’est la refutation par son destinataire.

          Dites à vos amis d’aller sur ce lien, ils comprendront à quel point on leur ment sur la démocratie.
          http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=Accueil


          • matou38 18 décembre 2009 16:06

            je me demande qui croie encore à leurs conneries. Petit exemple, j’ai un très bon amis qui travail à la reception des camions dans un géant casino. Il a acces aux prix a l’unité des produit qu’il réceptionne (prix d’achat de casino). Du coup pour avoir la marge il suffit d’aller voir le prix dans le magasin (et de rajouter la tva bien sur). En pleine polémique sur le lait il me raconte qu’il a jeter un coup d’œil pour le lait justement. Alors que ce ministre nous affirme sur tf1 que les marges des grandes surface sur le lait sont minimes, mon collègues me dit que chez lui, elles fluctuent entre 40 et 80 % selon le packaging !!!!!
            Personne ne vérifie jamais rien ils peuvent dire n’importe quoi !!!!


            • foufouille foufouille 18 décembre 2009 16:31

              si l’agriculture est delocalise ............
              deja le cas en partie, suffit de lire les code barres
              les francais pourront recuperer les terres pour les cultiver
              genre 4ha max par paysan en vente directe


              • Marc Bruxman 18 décembre 2009 19:31

                Vous plaignez pas trop l’état vous file plein de subventions et l’europe aussi. Lorsque cela cessera (et cela va cesser vu les déficits) il va y avoir une concentration énorme du secteur, une baisse temporaire de la production.

                Quand au salariè-s polonais et bien il y a des gens au chomage la bas et l’europe tend à devenir un seul et même pays donc il est logique de les employer.


                • kalon kalon 18 décembre 2009 19:56

                  Il n’a jamais été écrit que l’Europe deviendrait un pays, pour le mieux, une utopie, pour le moins, une illusion.
                  Mais, Un homme courageux vient de décréter qu’il n’autorisera pas la température à augmenté de plus de 2 degrés jusqu’au prochain sommet des G’fans club !.
                  Il faut reconnaitre à l’homme, une certaine autorité et un sens de l’ordre.
                  Avec tout cà, on a perdu la pandémie, partie, disparue !!!!!, plus de pandémie.
                  Comme Ben laden, disparu aussi !


                • foufouille foufouille 18 décembre 2009 20:23

                  brux man souhaite que les pauvres vivent dans un autre pays
                  comme ca ils les sentira moins


                • bluboux bluboux 18 décembre 2009 20:06

                  On peut effectivement voir les choses de cette façon, nivelons tout par le bas. La semaine de 7 jours de travail, avec des salaires de misère, plus de congés payés. Quant aux soins, ceux qui ne peuvent payer peuvent mourir, et dans la dignité SVP, sans faire de bruit.
                  Moi j’entends le bruit des bottes...


                  • Diva Diva 18 décembre 2009 20:18

                    Le problème c’est l’Europe, enfin cette Europe là, sortons de l’Europe, et cela ira déjà beaucoup mieux !


                    • elec 42 elec 42 18 décembre 2009 20:42

                      le probléme c’est tous le monde,il faut supprimer les intermédiaires ,des gens qui s’enrichissent sans rien faire,allez acheter directement au producteur,moi je le fais sur les marchés,dans des petits commerçes équitables,le producteur vent a un prix correct pour lui permettre de bien vivre de ça production et moi je paye 2 fois moin chère que dans une grande surface,ses gens qui nous martèles toute la journée a coup de pub qu’ils sont moin chères:prix d’1Kg de pommes acheté directement au producteur,0,70 euro,les memes en hypermarché,1,80euro,chercher l’erreur.


                      • Dudule 18 décembre 2009 20:51

                        L’application du libéralisme économique à l’agriculture, c’est plus qu’inquiétant, et c’est effectivement la politique européenne actuelle.

                        De façon plus générale, s’il s’agit de mettre tout et tout le monde en concurrence, autant rétablir l’esclavage tout de suite, on gagnera du temps, puisque c’est l’aboutissement logique de cette doctrine (sa « condition aux limites », pour parler scientifiquement...).


                        • Crevette Crevette 18 décembre 2009 21:16

                          J’aime bien cet article. Merci !

                          @inquiet, cela est vrai.
                          Beaucoup de gens n’ont pas eu encore leur « dépucelage » sociopolitique, d’où leur naïveté.
                          A nous de leur expliquer.
                          Beaucoup n’imaginent même pas qu’on puisse se fournir ailleurs qu’au supermarché, chez le paysan du coin ou au marché, et que c’est moins cher et plus sympa (et que les gosses aiment ça).

                          La plupart des agriculteurs ne sont plus des paysans, ils se sont fait enfler. Ils ne sont plus que des fournisseurs du système agroalimentaire. Hélas, ils en payent le prix fort aujourd’hui.

                          En lien avec cet article, il y en a un autre récent, écrit par un paysan, qui explique très bien la réalité et appuie là où ça fait mal !
                          http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-paysan-avec-un-grand-p-65856?debut_forums=0#forum2331079


                          • curieux curieux 18 décembre 2009 22:52

                            C’est vrai que les agriculteurs n’ont pas besoin de terre. Tout pousse à grands coups de flotte, d’engrais et de pesticides. Il suffit de faire plusieurs étages . Non, j’ai dit une connerie ; il leur faut beaucoup de surface car les primes européennes sont proportionnelles aux surfaces cultivées.


                            • iris 19 décembre 2009 10:24

                              si les gens smicard faisaient le quart de ce font les paysans ils seraient tous massacrés et poursuivis-

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