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Défendre et préserver le pouvoir d’achat des salariés et retraités, la solution existe mais...

 Payer ses dépenses de logement, nourriture, habillement, transports, assurances obligatoires, impôts, forfaits Sécurité sociale, etc. , l’addition est de plus en plus lourde et 25% des Français sont à découvert bancaire chaque fin de mois. 

Si la mondialisation et la concurrence effrénée à l‘intérieur même de l’Europe tirent sans cesse les salaires vers le bas, une autre cause de la baisse du pouvoir d’achat est la suppression du dispositif indexant les salaires et les retraites sur le taux d’inflation… 

Près de 9 millions de personnes vivent aujourd’hui au-dessous du seuil de pauvreté (1 026 € par mois pour une personne seule) selon l’INSEE. Cela représente près d’un ménage sur sept, les familles monoparentales étant les plus touchées. 2 millions de salariés sont payées au SMIC (1 521 € bruts au 1er janvier 2019, ce qui correspond en moyenne à 1 201 € nets, soit à peine un peu plus que le seuil de pauvreté). Loin d’être bien lotis, 30 % des salariés à temps plein (hors intérim) touchent un salaire inférieur à 1,3 SMIC (1 977 € bruts, soit 1 561 € nets).

Ce bas niveau des salaires est naturellement aggravé par l'inflation, même si celle-ci est plus faible aujourd'hui que dans les années 80. Les produits de première nécessité (dont on ne peut se passer) augmentent régulièrement, ce qui grignote sans cesse le pouvoir d'achat des ménages.

Le tournant de 1982 et la suppression de l’échelle mobile 

Les pouvoirs publics et le patronat ont pris l’habitude de proposer, dans leurs secteurs respectifs public et privé, un pourcentage d’augmentation des salaires, retraites, allocations familiales, etc. presque toujours inférieur à l’indice des prix Insee qui est lui-même déjà sous-évalué. 

Ce scénario se reproduit cahin-caha, depuis qu’en 1982, sous la présidence de François Mitterrand, la gauche a opéré un tournant historique. Dans la Fonction Publique, l’Etat bloqua les salaires qui avaient suivi l’évolution des prix les années précédentes. Il incita ensuite les employeurs du secteur privé à faire de même en faisant évoluer les salaires en fonction non de la hausse réelle des prix, mais du taux d’inflation « prévu » par le gouvernement. 

Les clauses d’indexation des salaires sur les prix furent une à une retirées des conventions collectives dans les années qui suivirent. Les lois Auroux réaffirmèrent leur interdiction dans le Code du Travail, article L.141-9 : « sont interdites, dans les conventions ou accords collectifs de travail, les clauses comportant des indexations sur le salaire minimum de croissance ou des références à ce dernier en vue de la fixation et de la révision des salaires prévus par ces conventions ou accords ». 

Autre conséquence de l’interdiction de la réévaluation automatique des salaires en fonction de l'inflation, le salaire d’embauche est de plus en plus souvent inférieur au SMIC dans les branches professionnelles. Une prime dite « résorbable » est alors versée aux salariés concernés mais sans toucher aux salaires supérieurs au SMIC, cette pratique est responsable d’un tassement continue des salaires vers le bas de l’échelle depuis le début des années 80.

Enfin, les montants des pensions, prestations ou allocations versées par divers organismes (caisses de retraite ou d'invalidité, CAF, Assurance chômage, etc.) n'augmentent plus en fonction du taux d'inflation, à l'image des salaires de la Fonction publique dont le point d’indice est purement et simplement bloqué ou des retraites complémentaires ARRCO et AGIRC dont la valeur du point est également gelé depuis plusieurs années. 

Cette non indexation générale sur le taux d'inflation a aussi des effets catastrophiques sur les épargnants qui possèdent un livret A. Son taux d'intérêt est de 0,75% quand l'inflation se monte à 1,8% en 2018. Le livret A ne représente que 5,2 % du patrimoine financier des ménages, mais c’est là où se trouve placée presque toute l’épargne de ceux qui, dans les milieux populaires, parviennent à mettre un peu d’argent de côté : 4 375 euros en moyenne. Rogner sur les taux d’intérêt du livret A signifie que ces petites économies chèrement acquises sont encore moins protégées de l’inflation (perte de 1,05% par an).

Pourtant, une réintroduction de l’indexation automatique des salaires et de tous les autres avantages, datant de juillet 1952 sous la présidence de Vincent Auriol (SFIO), protégerait efficacement le pouvoir d’achat des Français. L'échelle mobile des salaires existe dans plusieurs pays d’Europe comme la Belgique et le Luxembourg. Elle peut revêtir différentes formes (ajustement automatique des salaires à chaque variation de l'indice des prix, ajustement dès que l'indice choisi dépasse un certain seuil ou ajustement à périodes fixes en fonction des variations enregistrées). Elle existe également mais sans caractère automatique en Allemagne ou aux Pays-Bas : les syndicats doivent alors négocier pour compenser la perte de pouvoir d’achat subie depuis les négociations précédentes à la suite de l’inflation constatée. 

De plus, l'échelle mobile des salaires favorise une solidarité entre les travailleurs des secteurs forts et ceux des secteurs faibles ainsi qu’entre les travailleurs actifs et inactifs. Elle est un facteur de stabilité sociale : les négociations salariales peuvent alors se concentrer sur l’augmentation réelle des salaires, puisque l’indexation automatique garantit uniquement la compensation de la baisse du pouvoir d’achat. C’est également un facteur de stabilité économique car le maintien du pouvoir d’achat favorise aussi la consommation et donc la croissance économique. Contrairement à ce que pensent tous ces pseudo-consultants qui professent à longueur d’année sur les plateaux radio-télé ou les grands organismes économiques comme l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) et le Fonds Monétaire International (FMI), une réintroduction de l’échelle mobile des salaires en France ne nuirait pas au développement économique et ne favoriserait pas non plus l’inflation basée sur l’évolution réelle des prix qui s’est déjà produite au cours des mois précédents. Ces " experts économiques " ont tendance à confondre les notions de réelle augmentation des salaires (supérieure au taux d’inflation) et de simple ajustement des salaires suite au mécanisme d’indexation (égal au taux d’inflation). 

Aujourd’hui suite au grand débat national, si Emmanuel Macron voulait au moins préserver le pouvoir d'achat des couches modestes et moyennes, à défaut de l'augmenter, il lui suffirait simplement de rétablir le principe de l'indexation annuelle automatique des salaires par rapport à l'inflation…

 

Photo Creative Commons 

 

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11 réactions à cet article    


  • Rantanplan super ranger 9 avril 2019 08:13

    « ...rétablir le principe de l’indexation annuelle automatique des salaires par rapport à l’inflation…  »

    c’est ce qu’avait fait Carlos Ghosn, mais uniquement pour son salaire et en mieux


    • vimuse 9 avril 2019 08:50

      Tout ca c’est des conneries !

      Il faut netoyer les écuries d’augias.

      Il faut purger un bon 75% du haut du panier.

      Vous verrez sans corruption, on fera 2 fois plus avec 2 fois moins.


      • Pierre 9 avril 2019 12:50

        Pour être complet, il faudrait tenir compte des allocations en tous genres, spécialité nationale et aussi rappeler que les salaires ont fortement augmenté de 68, majoration très rapidement absorbée par l’inflation.


        • zygzornifle zygzornifle 9 avril 2019 14:07

          Le social pour ceux qui cotisent , indexer salaires et refaites sur le cout réel de la vie , faire le grand ménage dans la fonction publique et territoriale, liquider la moitié des députés et des sénateurs , leur faire payer leurs dépenses comme dans les pays nordique et les rembourser sous présentation et contrôles des factures , limiter les déplacements inutiles etc.....


          • waymel bernard waymel bernard 9 avril 2019 22:15

            @zygzornifle
            Supprimer le Sénat !


          • Et hop ! Et hop ! 11 avril 2019 12:58

            @waymel bernard

            Supprimer l’Assemblée nationale qui est inefficace et conserver le Sénat.


          • ETTORE ETTORE 9 avril 2019 20:47

            On attend toujours l’exemple venu d’en haut !

            Et on attendras encore longtemps.


            • Luniterre Luniterre 11 avril 2019 10:43

              POUR MÉMOIRE, LES 10 PRINCIPAUX POINTS REVISITÉS A LA LUMIÈRE DES ANALYSES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES DEPUIS LE 17/11/2018 .

              Une plate-forme revue après débats pourrait reformuler cela autrement, voir en plus court, encore, mais quoi qu’il en soit, ne devrait pas être très différente des données des base qui ont été prises en compte pour ces propositions :

              __1_Le SMIC sera porté à 1400€ net, permettant ainsi à une famille monoparentale de dépasser le stade de pauvreté « Eurostat ».

              __2_Tous les salaires actuellement jusqu’à 2000€ net seront réévalués d’autant. (+229€ net)

              Tous les salaires compris entre 2000€ et le salaire moyen seront réévalués en net de 150€.

              Tous les salaires, retraites, allocations et minima sociaux seront indexés sur l’inflation.

              __3_Fixation d’un minimum retraite unique, toutes catégories, à 1200€ net/mois.

              __4_L’ARGENT DE NOS IMPÔTS ET DES TAXES NE DOIT PLUS SERVIR A PAYER LES CHARGES SOCIALES DES ENTREPRISES >>> Abrogation totale et définitive du CICE et de tous les financements publics des charges d’entreprises.

              __5_NOUVELLE RÉPARTITION DES CHARGES ET COTISATIONS SOCIALES : La valeur créée par les entreprises est essentiellement le fruit du travail des salariés. Elle doit donc répondre à leurs besoins sociaux, et notamment sous forme de financement du budget de la Sécurité Sociale. Le financement global de ce budget sera donc principalement réparti entre les entreprises à la fois en fonction du nombre de salariés par entreprises et de la valeur qu’elles génèrent, selon un quotient approprié. >>> Le salaire net devient le salaire de référence de base, et non plus le salaire brut.

              __6_ABOLITION DE LA CSG et établissement des COTISATIONS SOCIALES SPÉCIFIQUES DES NON-SALARIÉS : Tous les bénéficiaires de prestations de la sécurité sociale ne sont pas des salariés. Il est donc normal qu’ils contribuent néanmoins à son financement par un mode de cotisation approprié. C’était officiellement l’idée originelle de la CSG , aujourd’hui complètement dévoyée. Elle est devenue un impôt inégalitaire de plus et doit donc être abolie en tant que telle. Les catégories de bénéficiaires non salariés doivent contribuer socialement selon leurs cas spécifiques, au prorata de leurs revenus, et non plus de manière faussement « généralisée ».

              __7_L’ISF supprimée sera remplacée par une CONTRIBUTION SOCIALE SPÉCIFIQUE SUR LES REVENUS DU CAPITAL, à hauteur de 20%, entièrement reversée au budget de la Sécurité Sociale, et qui remplacera donc également l’ensemble de la « flat tax » actuelle. L’IFI sera maintenu.

              __8_Dans le cadre du remplacement de la CSG par un ensemble de Contributions sociales spécifiques, la CSG sur les revenus du patrimoine immobilier sera également remplacée par une Contribution spécifique pouvant être modulée en faveur de l’investissement privé dans le logement social locatif, sous condition d’une limitation des loyers, dans un rapport loyer/surface à définir, devenant, dans ce cas, une « Contribution au Logement Social ».

              __9_PRIX DES CARBURANTS : A l’origine de la crise actuelle, la solution avancée en Décembre 2018 reste inefficace. De France, le cours du brut ne peut pas être maîtrisé, mais le coût des taxes, oui. Au lieu de varier en fonction du cours, elle seront fixes en rapport du volume, au tant par litre, se résumant ainsi en une taxe unique. De plus, les fournisseurs qui ne répercutent pas suffisamment vite les baisses de cours doivent se voir pénaliser au prorata.

              __10_GAZ- ÉLECTRICITÉ – FIOUL DOMESTIQUE : Le même principe de base d’une taxe unique sur chacune de ces formes d’énergie sera donc appliqué. De plus, en remplacement du dérisoire « chèque énergie », elle seront modulées, dans leur application, en fonction d’un quotient familial approprié, revenus/nombre de personnes par foyer.

              **************

              https://gjles42revendications.wordpress.com/2019/04/03/mouvement-social-10-objectifs-revendicatifs-pour-le-1er-mai-et-ensuite/

              https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/04/07/10-objectifs-revendicatifs-pour-le-1er-mai-et-ensuite/

              https://solydairinfo.wordpress.com/2019/04/10/10-objectifs-revendicatifs-pour-le-1er-mai-et-ensuite/

              https://nousnesommesriensoyonstout.wordpress.com/2019/04/09/10-objectifs-revendicatifs-pour-le-1er-mai-et-ensuite/

              https://frontdeslaics.wordpress.com/2019/04/10/10-objectifs-revendicatifs-pour-le-1er-mai-et-ensuite/

              **********************


              • HELIOS HELIOS 11 avril 2019 10:51

                @Luniterre

                Merci pour ces propositions inintéressantes, pour un premier jet, il y a de quoi discuter.


              • gerard JOURDAIN 14 avril 2019 14:35

                article interressant ; mais la chute est irresponsable...

                assurer les salaires et retraites sur l’inflation ? oui ; mais comment on finance sans sortir du marché pour les salaires, et comment payer les retraites sans endettements ?

                solution ?

                baisser drastiquement les services assuré par d’état....ahhh.. ;mais là, ça coince....

                on veut le beurre et l’ argent du beurre....


                • Cyril22 14 avril 2019 23:49

                  En effet, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures et multiplier les particularités, le principe général d’indexation des revenus « au moins » sur l’inflation doit être rétabli (salaires, retraites, point de la fonction publique, livret A, etc.).

                  Concernant le « seuil de pauvreté », sa définition étant « moins de 50% du revenu médian » il existe par définition -y compris à Monaco-, la question est d’assurer un revenu plancher garanti. Il y a en France une faible différence entre le salaire minimum et le salaire médian, du fait d’un certain tassement des revenus au fil des ans, hormis les tout derniers centiles en haut de l’échelle.

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