Delanoë : questions pour un champion
« Tiens », Bertrand Delanoë souhaite être maire de Paris. Ou plutôt, être le « nouveau » maire après sept années d’exercice du pouvoir...
Bertrand Delanoë l’a bien compris. Ce n’est pas en s’appuyant sur son parti déconfit ou en jouant les simples prolongations qu’il remportera ce pari-là.
C’est sa conviction. Les électeurs ont besoin de changement et Sarkozy a déjà montré la voie. Inédite sous la Ve République : incarner la rupture dans le prolongement de son ancienne majorité.
Le prolongement seulement. Car la nouvelle majorité marginaliserait les « alliés encombrants » en les flanquant d’une aile centriste. Préfiguration locale d’un prochain schéma présidentiel ?
De rupture sur la politique parisienne, il n’y aura pas. Le bilan est trop avantageux. Car les alliés encombrants ont aussi bien ramé. Même s’ils ouvrent souvent la gueule. Le tramway, Vélib et autres couloirs de bus n’auraient pas forcément été aussi vite ou aussi loin sans ceux qui ne partagent pas les « manières » et le souci de « gestion ».
Les Verts sont dans la ligne de mire. Or, il faut faire du « neuf », « amplifier la dynamique ».
Elle ne reposera pas sur les appareils actuels mais sur une vision. Personnelle.
Il l’affirme. Sur le mode du tutoiement et du « je » qui fait écho au « me ». Le candidat a bien compris tout l’avantage qu’il peut tirer de la relation quasi intime avec les électeurs pour se dégager de face à face un peu gênants. « Candidat de la gauche, soutenu par le PC, le PS, les Verts », de cet affichage, de ces seuls logos, il n’en veut plus.
Le maire de Paris sait qu’il n’a pas le temps d’attendre la « refondation » de ces partis. De fait, il accélère le cours de l’histoire et lui trouve un moteur personnel.
C’est un pari risqué.
Nicolas Sarkozy a accédé au pouvoir avec un appareil reconstruit, un travail idéologique qui a pris près d’une décennie. Cela ne s’est pas fait sans difficultés. L’émergence d’un centre a même créé la surprise de la séquence présidentielle et a probablement atténué l’ampleur de sa victoire.
Bertrand Delanoë, lui, a dans ses mains un jeu dont il ne maîtrise pas plusieurs variables. La dépolitisation du débat qu’il entame s’assoit sur le morcellement possible de ses futurs soutiens potentiels dont il souhaite choisir les morceaux.
En même temps, sa démarche questionne la réalisation de « sa » vision personnelle. Elle est de fait soumise à un jeu plus important d’acteurs. Là où la confrontation avec les Verts lui a assuré, jusqu’à maintenant, une identité de rassembleur dont il a tiré sa force.
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