Délit de campagne
Adolescent, il a commis quelques erreurs de jeunesse. Il s’en est expliqué. Dont acte !
Mais certains délits qui lui sont reprochés par des candidats de la liste UMP -dont le maire de Franconville- n’existent que dans l’imagination de ces politiques, notamment celle qui a été perpétrée par un homonyme.
Il y a plus d’un âne qui s’appelle Martin.
Demandez à n’importe quel enseignant dont la classe compte un fort pourcentage de jeunes Africains. Il lui est difficile, les premiers semaines, de se faire à la consonance de noms parfois très proches, voire identiques.
Comme il doit être difficile pour nos amis africains de saisir la différence entre Dupont et Dupond, Lefevre, Lefebvre, et Le Faivre.
Il est demandé aux nouveaux arrivants d’acquérir des connaissances de la société française. Les politiques français seraient eux aussi bien avisés de travailler sur les cultures étrangères, et pas seulement dans de dispendieux groupes d’amitiés au sein du Parlement.
Que des élus se précipitent sur les fautes supposées, du fait d’une simple homonymie, ou même réelles de leurs adversaires donne une image glauque de la politique. Bref !
Qui est justiciable ?
D’autant que, et c’est peut-être le plus agaçant dans cette histoire, les rangs de la droite sont également composés de personnes, élus locaux ou nationaux, qui ont eu maille à partir avec la justice.
Les sommes en jeu sont autrement plus importantes, les détournements de fonds aussi.
Pour entrer en politique et y « faire carrière », il faudrait rester irréprochable. Un proverbe africain stipule que “pour monter à l’arbre, il faut avoir le cul propre”.
On ne saurait trop engager nos élus à tourner sept fois le papier autour du leur avant de proférer des accusations contre autrui...
Ainsi les accointances de certains d’entre eux avec les lobbies pharmaceutiques, vinicoles, nucléaires, agricoles, agroalimentaires n’ont jusqu’à présent pas été sanctionnés.
La fourniture de passeports pour permettre l’évasion de quelques privilégiés en délicatesse avec la justice n’a pas encore entraîné l’inéligibilité immédiate du complice de la fuite.
L’utilisation de biens publics (voiture, appartement, frais de bouche) n’a pas encore été sévèrement réprimée, comme ne sont pas encore encadrées les places juteuses au sein de conseils d’administrations trop accueillants pour certains politiques et hauts fonctionnaires.
Tarifs préférentiels, renvois d’ascenseurs, pistons, pantouflages et autres joyeusetés de la République sont encore monnaie courante.
Soumaré se serait rendu coupable de vol aggravé en 1999. Certes, cela est très mal. Ali Soumaré avait 18 ans, l’âge qu’avaient les tortionnaires de l’OAS. Pour certains, ils ont fait une belle carrière dans le milieu politique français. Mais lequel d’entre eux a commis le délit le plus grave ?
Harcèlement contre Soumaré ?
Ali Soumaré est militant associatif. Il est surtout connu pour avoir pris la tête du comité de défense des deux jeunes tués sur une mini-moto à Villiers-Le Bel.
Il s’est forgé sur ce drame ses propres convictions. Le fait qu’elles soient contraires à l’évidence ne remet pas en cause son droit à solliciter le suffrage des citoyens.
Les deux jeunes en question sont morts alors qu’ils pilotaient une mini-moto, (engin connu pour sa dangerosité, a fortiori celui-ci qui ne possédait pas de frein, un engin de toute façon non homologué et interdit sur la voie publique). Ils y étaient à trois, aucun ne portant de casque.
Ils ne savaient pas conduire l’engin, ils ont commis toutes les imprudences, ils n’ont pas tenu compte des règles les plus basiques du code de la route, comme la priorité, par exemple. Bref, ils ont joué les “trompe-la-mort”, à l’instar des rodéos nocturnes de leurs aînés au volant de voitures et de motos surpuissantes.
Leur mort est un drame familial et leurs parents en porteront le deuil jusqu’à leur dernier jour. La mort d’un enfant est une douleur contre nature et sans nom.
Il appartient aux familles de gérer, depuis l’accident, la culpabilité qui, certainement, étreint chaque parent lors de la mort de son enfant.
« Aurais-je du le laisser sortir ? J’aurais du leur dire... si seulement... » et toute la litanie de reproches qu’en de telles circonstances, la famille peut s’adresser. Cette situation est vécue par des centaines de foyers chaque année, ceux qui ont perdu un enfant tué sur la route.
Mushin et Lakamy, 15 et 16 ans, ont été tués parce qu’une voiture de police les a percutés. Une nouvelle expertise ferait apparaître qu’elle roulait à 64 km/h et non à 59, comme cela avait été indiqué lors du premier procès.
Cela ne donne pas aux jeunes une meilleure maîtrise de leur engin sans frein, cela ne protège pas mieux leur tête sans casque. Si la voiture qui a percuté la mini-moto avait été conduite par un “jeune”, les noms de Mushin et Lakamy n’auraient jamais atteint la notoriété qui est la leur aujourd’hui.
Probablement celui d’Ali Soumaré non plus. Mais l’histoire est autre : il s’est fait connaître lors de cette affaire et un parti l’a investi, a choisi de lui faire confiance et l’a inscrit sur sa liste. Peu importe ses motivations ou son opportunisme. Il ne faudrait pas qu’il paye principalement pour cet engagement.
Instrumentalisation
Fadela Amara parle d’une « campagne puante ». Elle a raison, comme souvent.
"On est dans des dérives et des dérapages qui ne sont pas bons pour la vie politique (...) Cette campagne est un peu puante. Ça ne fait pas honneur à la vie politique", a-t-elle dit sur France 5.
De là, comme le PS le fait, à réclamer des sanctions contre l’élu UMP, il y a peut-être une marge. Des excuses, oui, certainement, mais des sanctions…
Cela fait partie des coups bas habituels des campagnes électorales depuis l’avènement de la V° République, coups montés avec approximation par de sournoises officines de gauche et de droite.
Ali Soumaré devra se blinder s’il veut durer.
Dans le monde politique, seuls subsistent les "tueurs", ceux qui savent encaisser, rebondir et "tuer" (métaphoriquement parlant) leurs adversaires, que ce soit au sein de leur propre parti ou dans celui d’en face.
Bien des jeunes, lorsqu’ils militent dans des partis politiques, repartent désabusés, écoeurés et épanchent leur soif d’engagement dans le monde associatif ou humanitaire.
Tant mieux pour les associations, tant pis pour les politiques qui perdent 90 % de leurs temps et de leurs forces à lutter pour conserver leur siège plutôt qu’à inventer de nouveaux projets de société.
Mais il ne faudra plus venir se plaindre ensuite de l’abstention.
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