Démocratie, disiez-vous ?
Je ne suis pas un adepte des chiffres, surtout lorsqu’ils sont utilisés dans le cadre des statistiques, outil de manipulation par excellence dans le domaine de la politique. Un exemple ?
Alors que la plupart des pays démocratiques englobent au sein du corps électoral tout individu en âge de voter, la France ne comptabilise que les électeurs inscrits, ignorant toutes celles et tous ceux qui, quelle qu’en soit la raison, ne figurent pas sur les listes électorales. Partant seulement des votes exprimés, les autorités se donnent la faculté d’annoncer d’emblée de belles victoires. Les dernières présidentielles n’ont pas échappé à la tradition : « le Président élu avec 66% ! », pouvait-on apprendre au lendemain du scrutin. Quelques journalistes et commentateurs politiques ont cependant mis en exergue le taux non négligeable d’abstentions faisant remarquer que sa prise en compte pouvait remettre en cause le blanc-seing supposé être donné au candidat vainqueur. En effet, les quelques 20,7 millions de voix obtenues par Emmanuel Macron ne représentent au final que 43,6% des inscrits, les votes « non exprimés » venant en seconde position avec 34%.
Les non-inscrits (volontairement) oubliés ?
Présenter ainsi, c’est oublier les non-inscrits alors que nous avons là une autre forme d’expression de l’abstention. Ces derniers, s’ils ne représentaient que 3 ou 4% de l’ensemble de l’électorat potentiel, n’auraient que peu d’influence sur le résultat final. Mais voilà, selon l’Insee, ils sont 11,4% en 2017 à ne pas figurer sur les listes électorales, plus de 6 millions de résidants de nationalité française. Je ne tiens pas à détailler ici les multiples raisons qui font que certains ne se (ré)inscrivent pas : mal-inscrit, rejet, désintérêt, ignorance, oubli, ras-le-bol, … peu importe puisque de toute manière, le résultat est le même : ils ne votent pas. Dans les pays où le vote est obligatoire, ils seraient considérés comme abstentionnistes. Alors imaginez les conséquences d’une réelle comptabilisation de l’ensemble du corps électoral : non seulement le Président ne serait élu qu’avec 38,6%, un peu plus d’un tiers des citoyens en droit de voter, mais de plus il serait battu de 0,1% par les abstentionnistes, véritables vainqueurs de cette élection.
Une première en France !
De mémoire d’Homme, on n’avait jamais vu un Président se faire élire avec un déficit de plus de 40.000 voix sur son challenger, « l’Abstention », majorité silencieuse que tout un arsenal juridico-légal et quelques orgueils démesurés envoient au plus vite aux oubliettes de l’Histoire. Raison de plus pour rappeler aux élus « majoritaires », face à l’arrogance de leurs chefs de file, leur légitimité toute relative !
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