Démocratie et plaisir
La démocratie empêche théoriquement les débordements qu’ils soient individuels ou collectifs dans l’intérêt de la communauté au nom de choix issus en principe de la majorité du peuple. Il ne peut donc être question de cohabitation pacifique entre la démocratie et la liberté dans l’absolu. La démocratie limite et canalise la liberté individuelle dans l’intérêt de la collectivité. Elle s’appuie sur le truisme maintes fois ressassé par les démocrates pontifiants : « La liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres ». Ce qui est ridicule en soi, car il y aura toujours quelqu’un qui sera gêné, irrité ou simplement dérangé par la moindre initiative ou l’attitude, la parole la plus sibylline de son voisin. La liberté dans un respect total de l’autre est une autocensure permanente empêchant toute action. Elitisme et jouissance d’une part, morale et paix sociale de l’autre, ne font donc pas bon ménage. Etre libre, c’est obligatoirement gêner, déranger ou offusquer quelqu’un, éprouver du plaisir encore plus. Les démocraties modernes tolèrent le bonheur, car elles s’en servent comme d’un régulateur des tensions sociales. Le capitalisme accepte le plaisir à condition qu’il débouche sur de la consommation et alimente le marché. L’écologisme recherche la satisfaction dans le respect d’une nature déifiée qui interdit tout déviationnisme sous peine d’excommunication. L’écologie a fait basculer l’adoration de Yahvé, d’Allah ou d’un quelconque Tout Puissant vers celle de la planète et de ses Saints qui sont les thons rouges, les ours blancs et les baleines.
La démocratie limite incontestablement le plaisir. Elle en est l’ennemi déclaré tout autant que le totalitarisme et la théocratie islamiste, car elle est d’essence judéo-chrétienne débarrassée de la composante religieuse et se veut respectueuse de la loi et du citoyen. Elle avance donc masquée et il est bien plus difficile de lui résister en conscience que face à une dictature qui appelle à la révolte par exaspération. Poussée à l’extrême dans le domaine de la protection du citoyen et de la justice sociale, la démocratie occidentale est un frein à l’expression de la jouissance. Là où les dictatures et les théocraties imposent une rigueur au nom de l’intérêt de la nation ou de la morale religieuse, la démocratie pénalise les débordements au nom de l’intérêt public et de la justice sociale. Là où la dictature parait injuste, la démocratie impose ses diktats avec le consentement de la majorité et l’apparence du bon sens. De leur côté, les dictatures qui ne reposent pas sur la foi peuvent aussi se montrer moralistes quand elles se réclament du marxisme. Par contre, les dictatures « capitalistes », lâchent souvent la bride au niveau des mœurs à condition que les citoyens n’expriment aucune revendication politique et qu’elles puissent canaliser leurs désirs par le biais de la consommation. Les démocraties occidentales quant à elles, aspirent à un bonheur réglementé pour le plus grand nombre dans le but de maintenir la paix civile et de museler les revendications.
Mais quel que soit le régime politique, la classe aisée et dominante a toujours plus facilement accès aux distractions et aux plaisirs légaux ou non. Le communisme soviétique ou chinois n’a jamais autorisé l’expression du plaisir pour les masses, car un excès de liberté individuelle aurait pu aboutir à plus de recherche de libertés civiques. Seul l’alcool y est toléré, comme soupape de sécurité, mais au niveau de la sexualité et de l’originalité il a toujours fallu faire profil bas au risque d’être traité de déviationniste ou de parasite social. Il est évident que cela ne va pas mieux dans une théocratie. Ceux qui parlent au nom de Dieu ne tolèrent ni l’adultère, ni la consommation d’alcool ni l’homosexualité. Ce sont des crimes encore punis du fouet ou de mort en Arabie Saoudite. Et aux Etats-Unis, qui sont une théocratie protestante déguisée en démocratie, la fellation et la sodomie hétérosexuelle sont encore interdites dans la législation de certains états, même si ces lois sont tombées en désuétude et ne sont plus appliquées, elles restent sur le papier. Dans certains états, il n’est pas possible de consommer de l’alcool dans la rue en tenant une bouteille visible et il est de plus en plus difficile d’y fumer. Chaque mot à connotation sexuelle est censuré d’un bip à la télévision. Cet exaspérant bip américain sur les chaînes de télévision traduit une pudibonderie institutionnalisée comme le salut au drapeau ou la main sur le cœur lors de l’hymne national. Seules les dictatures africaines laissent une certaine liberté à des peuples qu’elles molestent et affament. Au Zaïre de Mobutu, s’il était impossible de critiquer le régime et encore moins le président sans s’exposer à de graves sanctions, il était par contre toléré de se saouler, de fumer n’importe où, et l’on pouvait même ouvrir un bar à côté d’une école ou d’un hôpital, si ce n’est à l’intérieur. Les « femmes libres » étaient légions et si elles se faisaient rafler par la police, ce n’était pas pour sauvegarder les mœurs, mais simplement pour pouvoir les rançonner. La dictature mobutiste a été aussi une période de fête, de démesure et de surréalisme tant au niveau des prédateurs du régime que du petit peuple de Kinshasa.
Revenons aux démocraties scandinaves et à la Suisse encensées par tant de laudateurs. Ces pays de liberté sont de fait des carcans pour les hommes libres et même pour ceux à qui il reste un brin d’imagination et d’individualisme. Le modèle scandinave est un mouroir de l’intelligence et de l’individualité. Les Nordiques ont inventé la société du consensus qui transforme le citoyen en un béni-oui-oui qui se castre lui-même par peur de gêner les autres par ses paroles et par ses actes. La Suède, qui fut il y a une éternité, les années 60, le laboratoire de la libération des mœurs et aussi de la pornographie est devenue un pays sinistre où absolument tout est réglementé si ce n’est interdit. Après l’éradication de la fessée ou de la simple gifle à un gosse insupportable, c’est la prostitution qui est passé à la trappe, le tabac y est à peine toléré et les Suédois ne boivent que le week-end. Il existe même désormais des écoles niant la différence de sexe des enfants et obligeant les petits garçons à pisser assis dans l’idée saugrenue de supprimer le machisme. La plainte pour viol contre le fondateur de Wikileaks tient de l’inquisition des alcôves comme au temps où les religieux traquaient rageusement les bougres et les sodomites. Le danger de cancer de la gorge d’origine virale, consécutif à la fellation, dans une optique sécuritaire et hygiéniste devrait logiquement aboutir à l’interdiction de celle-ci. Heureusement la mise en application d’une telle loi serait particulièrement hasardeuse, à moins de mettre tout le monde sous vidéosurveillance à domicile. Il se développerait alors certainement des lieux de fellation clandestine équivalents des anciennes fumeries d’opium fréquentées par les débauchés au XIXème siècle. Paradoxalement, les pays scandinaves peuvent être sauvés de la mort lente par l’arrivée d’émigrés venus de pays où la fête à encore un sens, où fumer, baiser et faire du bruit n’est pas encore devenu un crime contre l’humanité. Il est curieux de noter qu’un nouvel indice inventé par des technocrates néerlandais permet un classement mondial des pays par rapport à la notion de bonheur. Les cinq premiers classés sont le Danemark, la Suisse, l’Autriche, l’Islande et la Finlande pour la période 1995-2005, une statistique britannique similaire de 2009 donne grossièrement les mêmes résultats ajoutant curieusement le Costa-Rica à la liste. Etrange palmarès, sauf si l’on dissocie le bonheur du plaisir et qu’on le fait dépendre du pouvoir d’achat, de la sécurité et de la justice sociale. Le lien social et familial serait pour ces « scientifiques » le secret du bonheur. Une autre conception du plaisir voit cependant dans la société et la famille une aliénation. Dans ce genre de statistiques, c’est avant tout le choix des critères qui oriente les résultats.
Le monde occidental a déjà connu des dictatures morales comme la République de Cromwell et à un degré moindre les Provinces Unies Hollandaises qui s’en prirent à Rembrandt malgré leur tolérance relative pour Spinoza. Le monde occidental se dirige désormais vers une dictature écolo-féministe bienpensante où toute notion de plaisir sera soumise à des conditions préalables de compatibilité avec les nouveaux diktats sociaux et comportementaux d’une éthique politiquement correcte. Le but ultime de la démocratie occidentale actuelle est de tendre vers l’apatheia absolue des citoyens avec aucune prise ou exposition au risque. L’arsenal législatif, au nom du bien-être collectif aspire à supprimer toute menace qu’elle soit d’ordre sexuel, routier, consommateur ou polluant. Les lois et règlements concernant le tabac, l’alcool, les drogues, la circulation routière et l’alimentation s’accumulent et la répression du tapage nocturne s’acharne désormais sur les bistros ouverts la nuit. Et l’Espagne noctambule n’en a plus que pour quelques années avant de tomber sous le joug des règlements de Bruxelles. Quant à la tauromachie, elle est condamnée à terme, il n’y aura plus d’Hemingway pour en vanter les mérites.
Le « vivre ensemble » est devenu le synonyme de « vivre à l’abri des autres ». Tout ce qui peut devenir à un certain moment nuisible ou tout simplement gênant pour l’individu ou la collectivité doit être réglementé avant d’être totalement interdit. Nous assistons à une castration légale du citoyen, équivalente à la castration chimique des criminels sexuels, remplaçant la lobotomie frontale des psychopathes, comme au temps du vol au-dessus d’un nid de coucous, devenu désormais un nid de cocus des médias. L’arsenal juridique est devenu pléthorique au point de paralyser les sens et d’anesthésier les consciences. Il n’est qu’à simplement comparer l’épaisseur du code civil et du code pénal entre les éditions des années 50 et celles de nos jours. Le primum non nocere des Latins s’est drapé dans la mesquinerie et la frilosité et pourrait se traduire par d’abord ne pas faire la noce ! Cette approche vise à une augmentation de l’espérance de vie, à la diminution des accidents, des crimes et des délits, mais par conséquence, elle restreint d’autant la liberté et le plaisir et s’attaque au libre-arbitre et à la responsabilité individuelle. Un monde idéal, et d’ailleurs est-il souhaitable, ne doit pas se limiter à la sécurité absolue, ni au respect d’un consensus social et interculturel qui élimine tout ce qui peut faire débat. Une société protectrice à l’excès tue toute possibilité de création tant dans le domaine artistique que scientifique. Le principe de précaution récemment inscrit dans la constitution française est un obstacle au progrès car toute invention, même largement bénéfique à l’humanité possède ses effets secondaires dont certains sont imprévisibles lors de son élaboration. Le génie humain est de s’adapter aux contraintes, d’arriver à les contourner et les dépasser par l’expérimentation et cela ne peut se concevoir dans un environnement frileux et craintif. Le retour à la pensée magique faisant de l’industriel un sorcier malfaisant est un obstacle au progrès et ne peut se concevoir que dans une société autarcique incompatible avec la mondialisation et les échanges interplanétaires, qu’ils soient culturels, financiers, commerciaux ou scientifiques. Et puis à force de mettre la dangerosité d’un emballage (« qui n’est pas un jouet »), l’aspartame et les jouets chinois sur le même plan que la pédophilie, les viols collectifs et ce qu’on appelle génériquement « la drogue », on en arrive à banaliser le danger et paradoxalement à minimiser les risques par routine et habitude. A force de tout craindre et de combattre la moindre nuisance, on en arrive à un monde d’interdits. Les plus craintifs sont à la fois les possédants, de millions de dollars ou d’euros mais aussi ceux d’un simple pavillon de banlieue en meulière, car ils ont peur de perdre ce qu’ils ont acquis. En réalité, les plus exposés à la violence et à la perte de leurs pitoyables biens sont les pauvres qui vivent au milieu de la racaille, là où la police ne va en fanfare que les jours de propagande télévisée et cela est valable sous toutes les latitudes, des favelas aux « quartiers sensibles » de nos banlieues jusqu’aux bidonvilles africains. Le riche a développé une peur fantasmée, alors que le pauvre est nettement plus exposé à la violence du fait de la ghettoïsation de l’habitat et à la concentration des miséreux entre eux.
Peut-il y avoir un excès de démocratie ? L’affirmation sent l’oxymore, car en théorie la démocratie ne peut être excessive. De fait, tant qu’il existe une majorité consciente ou manipulée pour approuver une décision ou une loi liberticide, on peut parler de dictature par consentement mutuel. Une minorité est persécutée dans l’indifférence quand elle est présentée comme déviante et dangereuse à la communauté. Il suffit alors que la répression soit subtile pour se rendre acceptable aux yeux de la collectivité.
Le pouvoir et la puissance peuvent être plaisir en soi, le désir de dominer, de commander est une des formes d’expression de la libido. L’ivresse du pouvoir, même quand il n’est pas absolu, corrompt, rend dingue et grise de façon inconsidérée. Mais le pouvoir donne aussi plus de liberté d’assouvir ses désirs, par l’accès à l’argent, aux médias, par la possibilité relative d’être au-dessus des lois et surtout par la facilité d’être servi et obéi. La démocratie occidentale moderne limite malgré tout le pouvoir des puissants qui ne peuvent pas tout se permettre comme des Empereurs romains. Les abus de pouvoir de Berlusconi ne sont que des facéties de collégiens comparées à ceux de Néron ou de Caligula.
Les scandales sexuels et les croustillantes histoires d’alcôve politico-médiatiques, de Félix Faure à Nicolas Sarkozy ou Dominique Strauss-Kahn, en passant par Bill Clinton et Gary Hart, le téléspectateur et le lecteur de quotidien et d’hebdomadaire en raffolent et en redemandent. Il y a toujours eu matière à alimenter les gazettes pour des tempêtes dans un verre d’eau. Les hommes de pouvoir sont souvent des hommes à femmes, rares étant ceux capables de se satisfaire d’une épouse légitime. Mais leurs frasques sont des broutilles, comparées aux débordements sexuels des grands despotes de jadis. Obama est actuellement l’exception forcée emblématique. La fidélité apparente du président américain est probablement issue d’un choix personnel, mais le regain de puritanisme dans la société et les médias américains y est pour beaucoup. De plus étant à moitié noir, avec deux prénoms musulmans, Barack (diminutif de Moubarak) et Hussein, le moindre écart serait considéré par une population inculte aiguillonnée par les lobbies racistes comme une preuve de la lubricité atavique des niggers incapables de se contrôler sexuellement. Et comme islam et polygamie sont synonymes pour une majorité d’Américains, la consonance des deux prénoms ne pourrait qu’aggraver les choses s’il se laissait aller à ce qui s’apparente dans ce pays à de la luxure. Quand un politicien américain se fait prendre la main, plus dans la culotte de sa voisine de table que dans le sac de billets, il est de coutume qu’il fasse des excuses publiques à sa femme, à ses enfants, à ses électeurs et à la Nation. Cela peut paraître étrange vu de France, mais aux Etats-Unis, même les prédicateurs et les télévangélistes surpris avec des prostitué(e)s font des confessions publiques au micro dans un stade ou une salle comble digne du Zénith devant une foule en délire qui compatit à la repentance du pécheur qui tombe à genoux face à son épouse compatissante, le visage couvert de larmes qui sentent l’oignon à plein nez. Pour un Américain de base, un leader qui ment, qui dissimule, qui a une double vie ou tout simplement une maîtresse attitrée ne peut inspirer la confiance. En trompant sa femme, il trahit la Nation, pas moins que cela. Aux Etats-Unis, des personnalités comme Giscard d’Estaing, Chirac, Mitterrand, et encore moins Sarkozy ou Berlusconi n’auraient jamais pu atteindre en politique un niveau plus élevé que l’équivalent de Maire d’une petite commune ou de Conseiller Général, et encore en faisant profil bas sur leurs frasques. Dominique Strauss-Kahn est devenu une sorte de nouveau Dreyfus du braquemart du fait de ses origines, car il est pour les uns le coupable idéal, pour d’autres un bouc émissaire et une victime expiatoire. Décidément, sexe et politique auront toujours des rapports conflictuels.
Droits de l’homme et plaisir.
Curieusement, le plaisir ne semble pas être la préoccupation majeure des défenseurs des droits de l’homme. Les rédacteurs de chartres et de constitutions sont de trop éminentes personnes pour s’arrêter à ce genre de considérations subalternes. Leurs préoccupations se situent au niveau de la liberté citoyenne, de l’habeas corpus, des droits civiques, de la dignité et non de la jouissance. Mais sur quoi repose la dignité de l’individu ? Sur des principes universels et nobles d’équité, de respect des consciences, de conditions sociales, certes, personne ne peut le nier. Encore faut-il donner à ces individus la possibilité de s’exprimer. Pour cela il faut que des conditions préalables qui sont la suffisance alimentaire, la santé et l’éducation soient assurées. Mais cela suffit-il ? Qu’en est-il des libertés non essentielles qui rendent la vie agréable ? Il paraît naturellement concevable de se révolter parce que l’on crève de faim, parce que l’on n’a pas le droit d’émettre une opinion politique autre que celle du parti au pouvoir. On peut aussi se révolter pour défendre sa foi et sa culture. Mais vouloir manger du porc, désirer fumer dans la rue ou se mettre en maillot de bain, si ce n’est nager tout nu mérite-t-il des défenseurs acharnés ? Le plaisir est entravé au quotidien dans le monde entier à des degrés divers, car il ne concerne pas des causes respectables que l’on approuve chapeau bas, donc il ne peut fédérer. Certes, il faut se battre pour le droit de voter, (à condition que les élections ne soient pas truquées et aient un sens), mais on ne va pas aux urnes tous les jours, au plus trios ou quatre fois par an, les grandes années électorales. Par contre on peut vouloir manger des charcuteries, fumer, s’accoupler, boire du vin tous les jours et il est cependant bien difficile d’en faire une cause nationale capable de fédérer. On ne rassemble pas des masses de protestataires pour des luttes que la presse et les intellectuels trouveront futiles.
Le plaisir n’entre pas véritablement dans la volonté de puissance. La mégalomanie et l’ivresse du pouvoir peuvent entraîner un leader à se laisser aller à ses pulsions, mais aucun chef d’état n’érigera la jouissance en système démocratique ou dictatorial. L’obligation de jouir n’est au programme d’aucun despote ni d’aucun démocrate. Ainsi, quasiment aucun parti politique n’a osé tenter la jouissance comme programme en dehors du Parti Radical Italien de Marco Pannella avec le soutien de la Cicciolina comme figure emblématique pendant un bref intermède et si quelques strip-teaseuses ou anciennes actrices pornos comme Sylvia Bourdon ont eu un engagement politique çà et là en Europe, la revendication du plaisir reste minoritaire dans les parlements. Pourtant un parti socialiste qui oserait le slogan « le poing et la bite » à défaut de rose aurait fière allure et probablement pas mal de supporters parmi ceux qui aiment la vie. En dehors d’une timide demande de dépénalisation du cannabis, voire sa légalisation par quelques rares parlementaires, peu d’initiatives ont été prises politiquement dans le sens de la libéralisation du plaisir. La France en est encore au vieux débat sur la réouverture des maisons closes « ouvert » quasiment depuis leur fermeture sous la houlette de Marthe Richard. Prostitution, cannabis, jeux d’argent, le débat tourne en rond depuis des décennies. Seuls mariage et adoption homosexuelle semblent faire de timides progrès dans l’opinion publique, car l’homosexualité est sortie depuis peu des tabous médiatiques et il ne faut surtout pas émettre la moindre opinion nuancée sur l’homosexualité au risque d’être traité d’homophobe.
Notons enfin que la soif du pouvoir est un concept avant tout masculin pour ne pas dire machiste, peu de femmes aspirent à un destin similaire à celui de Golda Meir ou de Margaret Thatcher ! Seules quelques reines sont arrivées au pouvoir et l’ont gardé par la force, la ruse ou la compromission. Dans l’histoire universelle, il y eut peu de Catherine de Russie et d’Impératrice Irène. Le pouvoir au féminin se décline de façon plus subtile, nous y reviendrons. Disons déjà que Ségolène Royal avait tenté d’y accéder par la séduction, la sensualité, la victimisation et aussi par la mauvaise foi comme tout homme politique. Cependant, sans l’ivresse du pouvoir, le monde politique serait fade, il n’y aurait ni envolées lyriques, ni coups bas et les journalistes seraient les premiers à s’en plaindre. Les femmes présidentes ou assimilées sont toutefois plus nombreuses de nos jours que du temps d’Indira Gandhi. Mais elles essaient de déféminiser leur rôle en portant d’austères tailleurs équivalents des costumes croisés de leurs homologues masculin. Un côté trop glamour ternirait leur image et diminuerait leur crédibilité, Benazir Bhutto l’a payé de sa vie. Quant à se prendre un amant épisodique, c’est tout à fait hors de question pour une femme ayant des responsabilités politiques, l’opinion publique n’étant pas prête à ce genre de frasques. L’opinion tolère une divorcée, un compagnon officiellement déclaré et stable, guère plus, surtout pas un amant interchangeable au rythme des mandats électifs.
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