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Accueil du site > Actualités > Politique > Départementales 2015 : la déroute historique de la gauche

Départementales 2015 : la déroute historique de la gauche

Un mauvais moment à passer pour le PS, et ça repart pour le gouvernement Manuel Valls, comme si rien ne s’était passé !

L’Allier perdu, l’Essonne perdue, la Seine-et-Marne perdue, le Nord perdu, la Corrèze perdue, les Bouches-du-Rhône perdues, l’Isère perdue… il n’y a pas beaucoup de motifs de satisfaction pour la gauche au soir du second tour des élections départementales du 29 mars 2015. Si, un seul, la Lozère qui a basculé à gauche. La Meurthe-et-Moselle et l’Ille-et-Vilaine ont bien résisté aussi et ne basculent pas. En tout, la gauche perd 25 départements au profit de l’alliance du centre et de la droite. Cette dernière peut espérer gérer 66 départements contre 34 pour la gauche, soit deux tiers/un tiers. Le FN, lui, parce qu’il a été incapable d’avoir des alliances, ne pourra gérer aucun département.

L’abstention a été de 50,02%, soit un peu plus forte qu’au premier tour du 22 mars 2015 (49,83%) mais nettement inférieure au second tour des élections cantonales du 27 mars 2011 (55,23%).

Les chaînes de télévision ont peu relayé les résultats pendant la soirée électorale, les films, documentaires et même matchs sportifs s’entrechoquaient et passaient largement devant cette consultation électorale. Et lorsqu’elles traitaient de ces élections, les mêmes clichés verbeux journalistiques, injustifiés, comme, par exemple, parler du département de l’Essonne comme le "fief du Premier Ministre" ce qui est faux, la ville d’Évry, oui, c'est son fief, mais certainement pas le département car Manuel Valls n’y a jamais été implanté puisque c’était la tendance "gauche de la gauche" ou "frondeuse" qui avait la pouvoir sous la présidence de Jérôme Guedj (ancien député remplaçant François Lamy lorsqu’il fut ministre entre 2012 et 2014).


L’UMP, l’UDI et le MoDem

L’alliance de la droite et du centre a été la grande gagnante du scrutin. On aurait pu déjà l’imaginer dès le premier tour mais le second fut encore plus démonstratif dans la victoire électorale. En nombre de voix, la coalition a remporté 44,98% et 66 départements.

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Le président de l’UMP Nicolas Sarkozy a évidemment des raisons de s’en réjouir personnellement puisqu’il avait fait campagne sur le terrain pendant plusieurs semaines pour aboutir à ce résultat : « Nos candidats ont montré que nos idées pouvaient l’emporter partout, y compris dans les départements dirigés par la gauche depuis des décennies. (…) Du gouvernement aux exécutifs des départements, c’est le déni, l’impuissance qui a été sanctionnée. Le Président de la République a décidé d’ignorer le message des Français. Ils se souviendront de cette marque de mépris pour les régionales. (…) Dans les départements dirigés par notre majorité, nous mettrons en place la fin des dépenses publiques inutiles, maîtrise des impôts, fin de l’assistanat, priorité au développement économique. (…) Nous allons accélérer la préparation d’un projet républicain d’alternance, condition absolue pour redresser notre pays et enrayer le déclin dans lequel l’ont plongé trois années du socialisme le plus archaïque d’Europe. L’espoir renaît pour la France. La route sera longue, difficile, mais l’alternance est en marche. Rien ne l’arrêtera ! » (29 mars 2015).

Par fin de l’assistanat, il faut comprendre notamment les procédures d’attribution du RSA (même si ces procédures ne dépendent en fait pas des départements). Le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy, a expliqué par exemple le 29 mars 2015 que dans sa ville de Seine-Saint-Denis, le nombre d’allocataires du RSA est passé de 3 000 en 2012 à 4 000 en 2015 et seulement cinq personnes ont été affectées par le conseil départemental pour gérer, suivre et accompagner autant d’allocataires, ce qui n’est pas sérieux.

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Si Nicolas Sarkozy peut s’estimer avoir gagné une longueur d’avance sur ses rivaux de la future primaire de 2016, c’est quand même bien la stratégie de l’ancien Premier Ministre Alain Juppé et de François Bayrou qui a été plébiscitée au cours de ce scrutin, à savoir de réaliser dès le premier tour l’alliance entre la droite et le centre sans laquelle le FN pèserait bien plus lourd.


Le PS et ses alliés à gauche

Le désastre électoral annoncé a bien eu lieu. Perdant la majorité dans plus de la moitié des départements où elle était majoritaire avant 2015, la gauche connaît l’une de ses défaites historiques sous la Ve République. En nombre de voix, l’ensemble de la gauche n’a rassemblé que 32,12%, ce qui reste très faible et même inférieur au premier tour (le PS était éliminé dès le premier tour dans 524 cantons).

Très habile en communication, le Premier Ministre Manuel Valls a pris la parole seulement quelques minutes après 20 heures, avant d’avoir des résultats précis de ce scrutin. C’est un véritable aveuglément qui a caractérisé ses propos puisqu’il a surtout insisté sur le fait qu’il resterait à Matignon et a même développé son agenda futur en prononçant quasiment un discours de politique générale assez hors sujet pour des élections départementales et complètement décalé par rapport à la vie réelle : « Notre économie va bien. (...) Les premiers signes de la reprise sont là ! ».

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Il peut même bénéficier d’une relative indulgence de la part de l’électorat comme l’a expliqué Jean-Daniel Lévy, de Harris Interactive, le 29 mars 2015 sur BFM-TV : à l’issue du second tour des élections municipales du 30 mars 2014, 78% des sondés auraient réclamé la démission du Premier Ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault, tandis qu’aujourd’hui, 57% des sondés seraient favorables au maintien de Manuel Valls à Matignon.

De toute façon, on imagine mal quel successeur pourrait nommer François Hollande alors que Manuel Valls, sans doute futur concurrent, lui est aujourd’hui indispensable pour suppléer la mollesse de sa gouvernance.

De plus, Manuel Valls peut également goûter au fait qu’aucune option à sa gauche est aujourd’hui électoralement possible puisque le désaveu électoral a atteint également les "frondeurs" du PS, le Front de gauche, les communistes (qui perdent l’Allier) et des départements gérés par des sceptiques du vallsime, comme Arnaud Montebourg (Saône-et-Loire) et Laurent Baumel (Indre-et-Loire) ont basculé au centre et à la droite.

On peut évidemment imaginer la colère d’un Jérôme Guedj qui a tout perdu en un an, mais qui se trompe sans doute de cible en se focalisant sur Manuel Valls alors que son camarade Julien Dray, qui a pourtant contribué à le faire "roi" il y a quelques années, ne l’a pas ménagé en disant qu’on ne le voyait pas assez s’occuper du terrain dans l’Essonne et aller un peu trop souvent parader à la télévision…

Ce qui est assez curieux, c’est que de cette gifle monumentale, les militants de la gauche du PS concluent que le gouvernement devrait faire une politique plus à gauche alors que le scrutin montre au contraire que la France se décale beaucoup plus vers la droite (qu’on le regrette ou pas, c’est un fait électoral) et toutes les offres "alternatives" à gauche (Front de gauche, écologistes, etc.) ont été sévèrement désavouées par les électeurs, soit qu’elles n’ont pas convaincues, soient qu’elles n’ont pas suscitées l’envie des abstentionnistes.


Le FN

Le Front national tablait entre les deux tours à l’élection de plus d’une centaine de conseillers départementaux et même à l’obtention d’une majorité (relative) dans deux départements, l’Aisne et le Vaucluse. Finalement, il n’en a rien été. Le FN a remporté en tout (avec le premier tour) seulement 31 cantons (soit 62 élus) sur les 2 054 cantons que compte la France. En voix, le FN n’a recueilli que 22,23% au second tour, mais les scores du second tour ne sont évidemment pas comparables à l’influence réelle puisqu’il y a beaucoup de candidats éliminés dès le premier tour.

Marine Le Pen a donc de quoi être très déçue et cela s’est beaucoup ressenti dans son allocution beaucoup moins (faussement) souriante qu’au soir du premier tour. D’ailleurs, elle a même renoncé à demander la démission de Manuel Valls, tout en cherchant à rappeler qu’il y a eu une collusion UMPS pourtant peu crédible après cette déroute du PS (l’UMP ayant prouvé qu’elle était la première force capable efficacement de s’opposer au PS).

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Dans 4 départements (Vaucluse, Aisne, Pas-de-Calais et Gard), aucune majorité absolue ne s’est dégagée à gauche ni au centre et à droite au conseil départemental et les élus FN pourraient faire l’arbitre. Mais la situation pour le 2 avril 2015 (élection des exécutifs) semble moins évidente pour le FN : en effet, Laurent Wauquiez a rappelé dès le 30 avril 2015 sur BFM-TV que l’UMP proposerait que la règle démocratique joue, à savoir que ce soit la coalition qui a la majorité relative qui remporte la présidence du conseil départemental. Et en cas d’ex-aequo (par exemple, le Vaucluse), ce sera le candidat à la présidence qui sera le plus âgé qui devrait l’emporter. Une telle règle devrait satisfaire le PS qui en bénéficierait. Ainsi, aucun des deux grands partis ne ferait alliance avec l’autre, mais sans non plus tomber dans le piège d’une collusion avec le FN. Toutefois, sans majorité absolue et avec un pouvoir de nuisance fort des élus FN, certains départements seront difficilement gérables, notamment lorsqu’il s’agira de voter le budget. La réunion du bureau politique de l’UMP ce lundi 30 avril 2015 donnera une indication sur la position officielle de ce parti.


Les enjeux futurs

Tous les opposants au PS lui ont déjà donné rendez-vous aux élections régionales de décembre 2015. Là encore, la déroute risque d’être nette d’autant plus que la gauche gère actuellement la quasi-totalité des régions et que la réforme territoriale a engendré bien des crispations.

Si le FN a de quoi être déçu à l’issue du second tour, il est incontestable qu’il a montré sa capacité d’implantation sur tout le territoire national, ce qui peut donc être considéré comme une victoire, pas pour les départementales, mais dans l’objectif de 2017, celui de s’imposer à ce que Le Pen père qualifie d’etablishment, (le FN faisant partie cependant de cet etablishment depuis au moins trente ans).

Pour l’UMP, l’UDI et le MoDem, au-delà de cette victoire dans 66 départements, c’est aussi une nouvelle génération (forcément plus féminine) qui arrive dans la vie politique et qui sera amenée, sans doute, à se retrouver aux avant-postes des élections législatives de juin 2017. Le renouvellement de la classe politique est donc en cours, et pour paraphraser l’un des gagnants, rien ne pourra l’arrêter !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 mars 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Les départementales au second tour.
Les départementales avant le second tour.
Résultats du premier tour des départementales du 22 mars 2015.
Départementales 2015 : le pire n'est jamais sûr.
Les 4 enjeux nationaux des élections départementales de mars 2015.
La réforme territoriale.
La réforme des scrutins locaux du 17 mai 2013.
Le référendum alsacien.
Élections municipales des 23 et 30 mars 2014.
Élections européennes du 25 mai 2014.
Élections sénatoriales du 28 septembre 2014.
Les dernières élections cantonales des 20 et 27 mars 2011.
Se désister au second tour ?
Le FN au Sénat.
L’auto-enfermement de Manuel Valls.
Changement de paradigme.
Le ni-ni Doubs.
Tout est possible en 2017.
Mathématiques militantes.

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17 réactions à cet article    


  • Baasiste 2 30 mars 2015 19:04

    il en a pas un peu marre de faire articles qui récoltent systématiquement entre 95 % et 100 % de votes négatifs ? 


    • Berboral 31 mars 2015 12:32

      @Baasiste 2
      Si cela ne plait pas, il suffit de ne pas lire. De 95 à 100 % des gens comprennent ça


    • sophie 30 mars 2015 19:31

      cela me rappelle la vague rose.


      • Lediazec Lediazec 30 mars 2015 20:12

        @sophie
        Rose, bleue turquoise, ou « marine », c’est toujours des vagues scélérates !


      • Lediazec Lediazec 30 mars 2015 19:35

        Bonsoir. Aux régionales, en décembre qui plus est, je bourre la dinde, pas le temps de perdre mon temps !


        • César Castique César Castique 31 mars 2015 08:28

          « Marine Le Pen donc de quoi être très déçue... »


          Ça, c’est certain : quarante pour cent des voix dans les cantons où le FN était présent ; des dizaines d’élus à l’issue de duels dans lesquels la barre des 50 % a souvent été explosée ; des maires, vilipendés par la caste médiatico-politique depuis un an, plébiscités dans leurs cantons respectifs ; une vingtaine de départements où le FN arrrive en tête des formations politiques, il y a vraiment de quoi désespérer.

          Il manque, certes, la conquête, hautement symbolique, d’un département, mais l’avenir n’appartient pas aux has been qui, au cours des quinze dernières années ont démontré leur incapacité à trouver des solutions aux problèmes de la France et des Français, en s’en remettant à la gestion technocratique bruxelloise, indépendamment de leur couleur politique, puisque, de toute manière, l’UE est dirigée par la version européenne de l’UMPS.

          • Yvance77 Yvance77 31 mars 2015 10:48

            Comment Avox peut-il systématiquement donner le crachoir à ce demeuré ! Pour diffuser ses idées d’une droite qui a plus que trahi le peuple ! Oui trahi 2005 c’est encore et toujours cela.

            Que les salauds qu’il soutient puisse venir se pavaner dans les médias en criant victoire - laquelle - alors qu’ils sont responsables tout autant que les fumiers du Ps (de Cambadeals, à Valls pour finir sur le Mou sauf de la queue) du désarroi des français, me sidère et révolte.

            Putain réveillez-vous passer la pommade aux empaffés qui nous la mettent profond cela va 5 minutes !!!


            • Fergus Fergus 31 mars 2015 11:32

              Bonjour, Sylvain.

              La réalité de ce vote :

              1) Une déroute du PS qui paie là ses propres turpitudes et celles qui ont précédé durant 10 ans de droite.

              2) Une victoire par défaut de l’UMP-UDI. A cet égard, montrer Sarkozy comme le « grand vainqueur » est une absurdité : n’importe quel âne habillé en bleu aurait obtenu les mêmes résultats à la tête de la coalition.

              3) Un plafonnement des voix du FN. Mais le scrutin ne lui était pas favorable ; il le sera infiniment plus aux Régionales où ce parti peut espérer gagner une ou deux des nouvelles grandes régions.

              Cela dessine-t-il clairement l’avenir de ces partis ? Non, car de multiples facteurs peuvent jouer dans un centre ou dans l’autre.

              Quant à parler de « renouvellement », on en rediscutera si l’on retrouve en 2017 un Hollande, un Sarkozy ou même un Juppé à la présidence. En l’état actuel des mentalités et de la couleur des votes, c’est plutôt la sclérose - pour ne pas dire la nécrose ! - libérale qui menace plus que jamais !


              • Fergus Fergus 31 mars 2015 17:01

                Erratum : lire... dans un sens ou dans l’autre. Toutes mes excuses.


              • jef88 jef88 31 mars 2015 11:46

                Quand on regarde la carte des résultats, c’est le retour au moyen age. les pays de langue d’oc en rose et les autres en bleu .......
                tremblez seigneurs dans vos fiefs !
                La révolution approche et des Robespierre vont éclore !


                • Laulau Laulau 31 mars 2015 18:25

                  alors que le scrutin montre au contraire que la France se décale beaucoup plus vers la droite

                  Encore une c..ie de solférinoarison ! La France se décale surtout vers la pêche à la ligne. La France ne se décale pas vers la droite, ce sont les électeurs de gauche qui ne vote plus parce que le PS fait une politique de droite.


                  • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 31 mars 2015 19:43

                    Parler de l’UMPS dans ces termes... c’est de la vielle pensée.


                    • antyreac 31 mars 2015 19:44

                      Les sociallos ont eu la baffe qu’ils méritaient 

                      Les gens ont eu marre 3 années d’incuries et des mauvaise gouvernance 
                      Pour la droite l’apothéose sera en 2017

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