Départementales : une victoire pour l’UMP ? A voir
Depuis ce dimanche, l'UMP proclame avoir remporté le premier tour des élections départementales. Et si on analysait les résultats en détail pour confirmer ces déclarations unanimes.
Le redécoupage électoral, ainsi que le changement de règles d'éligibilité pour le second tour, ont profondément modifié la configuration des ex-élections cantonales, devenues départementales cette année.
Pour se forger une opinion un tant soit peu objective, il convient de comparer le résultat de ce premier tour inédit avec le cumul des deux élections cantonales précédentes. La première constation est le recul de la participation des électeurs, déjà très mauvaise lors des cantonales précédentes.
- cantonales 2008 : 13,3 millions de votants, soit 62% des inscrits
- cantonales 2011 : 9,2 millions de votants, soit 43% des inscrits
- départementales 2015 : 20,4 millions de votants, soit 48% des inscrits
Par rapport au cumul des deux scrutins précédents, le recul représente une perte de 2,1 millions de voix, soit 5% des inscrits.
On note, malgré tout, une progression de la participation, ce qui constitue un modeste succès pour le gouvernement dans lequel on peut voir également, la montée d'une crainte vis-à-vis du Front National.
La gauche et la droite à égalité
Contrairement à l'ensemble des commentaires publiés depuis trois jours, les votes exprimés pour la droite et la gauche sont strictement identiques !
La gauche (hors extrême gauche) a recueilli 4,47 millions de voix, contre 4,46 millions pour la droite (hors extrême droite).
Le parti réellement vainqueur du scrutin est le Front National, en terme de poids électoral, bien qu'il ne soit pas réellement devenu "le 1er parti de France" ainsi qu'il l'espérait. La progression du parti de Marine Le Pen est particulièrement impressionnante, étant passé de 2 millions de voix cumulées sur les deux scrutins précédents à 5,1 millions de voix ce dimanche !
Qui perd le plus ?
Le bilan de ce premier tour est particulièrement amer pour le Parti Socialiste qui va voir bon nombre des départements qu'il dirigeait passer à droite, voire à l'extrême droite. Cette situation aurait pu être évitée si les dissensions n'avaient pas été aussi fortes à gauche. Mais les vrais perdants de ce combat à gauche sont définitivement les plus radicaux. Le Front de Gauche, PCF et Parti de Gauche confondus, ont perdu un tiers de leurs électeurs. Bilan encore plus dur pour les Verts, qui perdent deux tiers de leurs électeurs lorsqu'ils se présentent seuls, alors que le Parti Socialiste et ses alliés (PRG et divers gauche) limite la casse en ne perdant "que" 15% de son électorat.
A droite, l'unité semble demeurer le seul mot d'ordre possible. Ce que Nicolas Sarkozy a parfaitement compris. Le Centre, qui s'est présenté seul dans un certain nombre de cantons, soit sous la bannière UDI, soit au nom de l'Union du Centre, a vu son poids baisser aussi fortement que celui des écologistes.
Et le gagnant est...
Il ne fait aucun doute que le seul véritable gagnant est bien le Front National, et pas l'UMP. Le parti a augmenté de 180% son poids électoral avec des candidats presque toujours déconnectés de la vie locale et inconnus. Ceci ne préjuge en rien d'autres succès électoraux à venir. Rendez-vous est pris pour les élections régionales, anti-chambre de la Présidentielle, dans à peine un peu plus de deux ans.
Si la gauche veut éviter une bérézina supplémentaire, elle doit non seulement implorer un redressement économique clairement visible mais aussi reconstruire une stratégie d'union qui évite de répéter une nouvelle fois les erreurs accumulées au fil des trois dernières années.
Mélenchon, totalement absent des débats et des écrans, le Parti Communiste et les Ecologistes tendance Dufflot semblent bien mal partis dans ce schéma de recomposition de la Gauche.
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